Session de la Chambre d’Agriculture
Dossiers d’actualité

A Jalogny, la dernière session de la chambre a été l’occasion d’accueillir André Accary, président du conseil départemental. L’occasion aussi de passer en revue l’actualité, en présence, notamment, de Jean-Pierre Fleury, président de la FNB. Retour.
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Si la session du 27 novembre était avant tout budgétaire et l’occasion de remettre sur les rails le projet de modernisation et d’évolution de la ferme de Jalogny, force est de constater que l’actualité s’est imposée…
« 2015 a été une année difficile pour l’Agriculture », campait d’emblée le président Christian Decerle, à destination des invités, et notamment d’André Accary, président du conseil départemental. « C’est quand les hommes, les organisations essayent de se parler, de se comprendre, qu’ils se rassemblent et qu’on dégage la meilleure efficacité », poursuivait-il, en illustrant les réflexions abouties autour de la ferme expérimentale de Jalogny, mais plus encore en soulignant l’état d’esprit qui guide au quotidien les actions de la chambre d’Agriculture, notamment dans la conjoncture particulière actuelle de crise que traverse la plupart des productions du département.

Un outil stratégique


Premier sujet abordé, la modernisation de la ferme de Jalogny, un projet qui a été mis à mal par l’incendie de cet été, « lequel nous a obligé à repenser le projet initial présenté en 2014 et à tout remettre à plat », rappelait Michel Duprès, responsable du service Elevage de la chambre, pour qui l’ambition demeure inchangée : « faire de Jalogny un outil innovant, performant, en lien avec son territoire ».
Il faut dire que, pour préciser et bien mesurer l’importance stratégique du site, Sylvie Brouard, ingénieure à l’Institut de l’Elevage, avait fait le point sur la recherche et le développement en élevage allaitant au sein de la filière Bovins viande en France. Et il en ressort la faiblesse de celle-ci… avec seulement huit sites expérimentaux, totalisant quelques huit cents vaches allaitantes et autant de places d’engraissement.
Qui plus est, Jalogny est la seule ferme expérimentale située au sein du bassin allaitant, les autres étant majoritairement situées sur la façade atlantique… « Jalogny a organisé son fonctionnement autour de partenariats, avec une autonomie d’arbitrage », poursuivait l’ingénieure de recherche qui rappelait les deux missions stratégiques que sont l’expérimentation d’une part, et la diffusion et la formation d’autre part. Après avoir illustré concrètement l’importance de cette recherche, Sylvie Brouard se félicitait des orientations prises alors que « le risque est grande de délaisser la recherche dans cette période de recherche d’économies ».

Prendre le bon tournant


En consacrant un budget d’investissement de 3,8 millions d’€ à ce projet, la chambre d’Agriculture de Saône-et-Loire donnera un nouveau souffle à un site qui avait pris du retard en matière d’investissements. Un site qui entend plus que jamais resté dans la course en matière de recherche et de développement, ce dont la filière a besoin. Pour illustrer ce besoin, certains faisaient remarquer qu’avec seulement 800 vaches allaitantes dans les fermes expérimentales sur un cheptel total de 4 millions, les moyens consacrés à la recherche n’avoisinaient que les 0,02 %, un chiffre à comparer aux 5 % souvent évoqués dans les secteurs qualifiés de stratégiques…
Reste que « c’est un important chantier sur un site qui cumule les handicaps, ce qui nécessite une assistance opérationnelle », mettait en avant Christian Decerle, alors que tant la chambre que la commune de Jalogny se sont alloués les services d’une entreprise spécialisée dans ce volet réglementaire.
Responsable de la ferme, Julien Renon présentait « la cadence constructive » qui, du fait de l’incendie de cet été, a débuté et se poursuivra jusqu’en 2018. Une façon de « prendre le bon tournant », comme s’en félicitait Sylvie Brouard.

Un maillage pour vulgariser


« Jalogny est un outil régional indispensable, dont nous avons besoin », réagissait Didier Ramet, éleveur dans la Nièvre et élu de la chambre d’Agriculture de ce département, lequel apportait son soutien à la dynamique engagée. Un soutien que Jean-Pierre Fleury, président de la Fédération nationale bovine (FNB), apportera, en faisant remarquer que, « alors que les éleveurs sont contraints d’adapter leurs systèmes d’exploitation, la production de références comme le fait Jalogny est plus que jamais stratégique ».
« C’est presqu’en Saône-et-Loire que l’on parle le moins de Jalogny et de ses expérimentations », déploraient Dominique Vaizand et Bernard Lacour, qui posaient tous deux la question du comment on fait pour que le travail réalisé bénéficie au mieux et au plus grand nombre.
« Dans cette réflexion, il ne faut pas oublier les fermes des établissements d’enseignement, les lycées, les Maisons familiales… », complétait Anne Gonthier, responsable du volet Formation, faisant le lien avec la mission de vulgarisation des résultats, et pour qui « il faut travailler en étroite relation avec ceux qui forment les agriculteurs de demain ».

La sonnette d’alarme


« En agriculture, comme partout en économie, on ne peut pas demander longtemps à produire en dessous des coûts de production », alertait Christian Decerle, alors que Bernard Lacour avait tiré la sonnette sur la situation de l’élevage, dans sa diversité, sur la tentation des pouvoirs publics de revenir en arrière sur le dossier Calamités Sécheresse, mais aussi sur la situation des grandes cultures : « les céréaliers de nos Zones intermédiaires méritent toute l’attention de nos organisations professionnelles ».
Dans ce contexte, André Accary soulignait la décision que lui et Frédéric Brochot avaient acté « très vite, face à l’urgence de la situation ». Deux mesures immédiates ont ainsi été prises. Tout d’abord, le Département a mobilisé le laboratoire départemental d’analyses pour répondre rapidement aux demandes en lien avec la réglementation FCO, en appliquant un tarif préférentiel de 10 € (au lieu de 35) sur les PCR. En parallèle, la collectivité a alloué 100.000 € à la chambre d’agriculture pour l’accompagner dans sa démarche de suivi des exploitations qui souhaitent accroître leur compétitivité.



« Le troupeau allaitant est saccagé ! »


Invité de la session, Jean-Pierre Fleury est forcément revenu sur la très dense actualité du secteur. S’il n’abordait pas le référé de Bigard qui venait d’être débouté la vieille, c’est bien de crise dont il était question. « Notre troupeau allaitant est saccagé », déplorait-il en faisant allusion aux prix effondrés et invitant les éleveurs à tenir bon sur les relations commerciales qui doivent être repensées au sein de la filière. « Le charolais est devenu un produit de masse, qui doit retrouver ses lettres de noblesse. Aujourd’hui, il sert à tout, c’est devenu un fond de rayon ! », s’offusquait-il avant de faire observer qu’« une crise qui dure, cela s’appelle une mutation ». Ce qui oblige chacun à profondément faire évoluer son modèle d’exploitation.
Après que Bernard Lacour ait alerté sur la remise en cause par l’administration nationale des acquis du dossier Sécheresse, le président de la FNB invitait la Saône-et-Loire à tenir bon : « ne lâchez pas ! Le modèle Isope utilisé par l’administration, on en a ras-le-bol ! Il ne fonctionne pas ». Et de mettre alors en avant les travaux de l’Institut de l’Elevage qui font référence en la matière. « Il y a assez de souffrances et de difficultés dans l’élevage, alors, ça suffit ! ».
Sur la FCO, une répartition des vaccins se prépare pour permettre la fluidité des échanges, notamment pour les animaux issus des Zones réglementés. Quant la vaccination du cheptel de souche, « on n’est plus dans l’obligatoire et chacun s’assume », notait-il invitait les éleveurs à toutefois ne pas prendre à la légère la maladie.
Dans ce contexte, « l’effondrement du marché des broutards » agaçait le président de la FNB. « Nous aurions pu faire mieux, alors que trois opérateurs coopératifs représentent près de 50 % du marché ». Mais, « on a laissé glisser trop vite » et, à la vielle d’une rencontre avec les engraisseurs italiens, il s’alertait de la déstabilisation à venir du marché des JB…
Dans ce contexte, les discussions relatives au projet d’accord de libéralisation, le Nafta, entre les Etats-Unis et l’Union européenne agacent, c’est peu dire, l’éleveur côte-d’Orien. « A Paris, on nous dit : "ne vous inquiétez pas, rien ne se fera avant les élections américaines". Ah bon ! Mais on s’en fout, là n’est pas la question. Si ce n’est pas avant, ce sera après ! La question, c’est ce que l’accord comportera ou ne comportera pas ». C’est dit.






Des aides constructives


« Le Département veut des aides constructives et pérennes pour l’agriculture », a répété à plusieurs reprises André Accary, qui assistait pour la première fois à une session de la chambre d’Agriculture de Saône-et-Loire.
Par leur présence, André Accary et Frédéric Brochot, vice-président en charge de l’Agriculture, tenaient à confirmer le soutien du Département pour le secteur agricole. « Je veux aujourd’hui essayer de construire les choses dans la durée. Notre collectivité est, comme vous, dans une position de crise et dans une position financière extrêmement complexe mais ça ne sert à rien de nous recroqueviller. Il faut aller de l’avant et tout faire pour investir et construire sur le long terme », mettait en avant André Accary, avant de souligner « les compétences » de la collectivité susceptibles aussi d’être mobilisés dans les travaux et réflexions.