La Petite Verrière
L’engin qui cogne

Nichée au cœur du Morvan, la commune a gardé en mémoire la passage du tacot.
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Connue autrefois sous le nom de Vitriariae et Verreria, La Petite Verrière abrite une église du XIIe siècle qui possède une porte romane, une chapelle attenante du XVe siècle et des vitraux où figurent des portées en grégorien. Derrière l’église paroissiale se tient le château de La Boulaye datant en l’état du XVIIIe siècle. A l’origine, d’après Baudiau, « Au devant du portail (de l'église), on voit un manoir seigneurial, en forme de pavillon, nommé La Boulaye, en souvenir d’un autre qui se trouvait à peu de distance, mais déjà ruiné depuis longtemps et inhabitable, en 1470. Il remplaça une antique maison-forte appelée La Challoire. » En 1470, Charles de Laval, seigneur de La Boulaye, « fit rebâtir le château et renouveler le terrier ». Puis Barthélemi d’Arlay « rebâtit en 1701 le château qui tombait en ruines ». En 1774, Denis de Champeaux acquiert le château pour trois cent mille livres. Vers 1840, une aile dite « à la Mansart » fut démolie car en mauvais état. L’avancée avec le toit-terrasse fut ajoutée. Aujourd’hui, on observe un beau bâtiment d’aspect classique avec un toit en croupe en tuiles de Bourgogne avec de multiples cheminées, entouré d’un parc avec de nombreux communs (pigeonnier, corps de ferme…).

Tacot du Morvan


Jusqu’au début du XXe siècle, aucune voie ferrée ne traverse le Morvan. Des projets à la même époque prévoient deux voies transversales, celle de Corbigny à Saulieu et de Château-Chinon à Autun. Ce sont les chemins de fer d’intérêt local ou à voie étroite dont les trains sont appelés affectivement par les Morvandiaux tacots, c’est à dire engins qui cognent. Il y avait un trafic de plus de 2.500 voyageurs les jours de foires en Autunois (Saint Ladre). Avec une vitesse moyenne de 20 km/h, on était plus sûr de l’heure d’arrivée à Autun que celle du retour sur Château-Chinon. Un tacot comptait jusqu’à 7 voire 9 wagons à bestiaux, bois et diverses marchandises et voyageurs, avec une floraisons d’arrêts et de petites gares. Débouchant de La Petite Verrière, le tacot narguait au passage les ruines du château de Roussillon, marquait une petite halte aux Chevannes, histoire de reprendre son souffle, et s’en repartait vers Vaumignon. Il était d’usage pour les utilisateurs de faire, par un simple signe le long du trajet, stopper la locomotive pour bénéficier de ce moyen de transport. Le tacot ne traversait pas moins de deux ponts sur l’Arroux, quatre viaducs en pierre, de nombreux ponceaux métalliques et quatre carrières. La Petite Verrière disposait d’une gare au km 15. Le trafic voyageurs fut stoppé le 31 juillet 1931, remplacé par un service d’autocars. La ligne, fermée définitivement en 1936, fut démontée en 1939.