Gaec du Bois Chavet à Saint-Germain-du-Bois
Charges alimentaires réduites d’un tiers

Un diagnostic coût de production réalisé par la Chambre d’agriculture a montré à Vincent Laurin et Jérôme Ferrand qu’ils pouvaient espérer réduire de plus d’un tiers leurs charges alimentaires. Objectif qu’ils ont atteint fin 2016 en révisant complètement la ration de leurs 75 laitières.
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A Saint-Germain-du-Bois, le Gaec du Bois Chavet réunit deux associés : Vincent Laurin et Jérôme Ferrand. Ensemble, ils produisent un quota de 750.000 litres de lait sur une exploitation de 170 hectares dont 140 de cultures (maïs, blé, colza). Fin 2015, ils ont été amenés à faire réaliser un diagnostic coût de production par la Chambre d’agriculture de Saône-et-Loire. Malgré une productivité du troupeau plutôt bonne, Vincent et Jérôme se posaient beaucoup de questions sur la santé économique de leur exploitation. Ce diagnostic leur a permis « d’éplucher toutes les charges de l’élevage et de mettre le doigt sur ce qui n’allait pas », explique Vincent. De cette étude il est ressorti que « les coût alimentaires de l’élevage étaient très élevés à l’époque », rapporte Laurent Lefèvre, conseiller à la Chambre d’agriculture. « La charge de concentrés + intrants de la surface fourragère était alors de 200 € les 1.000 litres de lait produits et la quantité de concentrés distribuée approchait les 300 grammes par kilo de lait produit », analyse-t-il. Pour un tel système, une marge de progrès de 74 €/1.000 litres sur les charges de concentrés et d’intrants était envisageable, mettait en lumière Laurent Lefèvre et d’ajouter que « si la productivité était certes au rendez-vous, il fallait néanmoins mieux maîtriser les charges ».

Plus d’herbe moins de maïs



Dès 2015, les associés du Gaec du Bois Chavet avaient amorcé un changement en revoyant notamment leur système fourrager. Pour tenter de réduire les besoins en concentrés, ils ont introduit davantage d’ensilage d’herbe à leur ration au détriment de la quantité de maïs ensilage. Les éleveurs ont en revanche introduit du maïs épi « afin de reconcentrer la ration pour maintenir le lait ».
Ces premières résolutions n’ont pas suffi pour atteindre l’objectif assigné. Il fallait désormais s’attaquer aux concentrés. Au départ, les vaches du Gaec du Bois Chavet recevaient une ration semi complète à base de maïs et d’herbe, faisant la part belle à des produits élaborés du commerce : « luzerne déshydratée, correcteur 46, mélange de minéraux, VL21 ». Une ration qui revenait à 4€15 par vache et par jour, calcule Jérôme Bonin d’Acsel Conseil Elevage. La première étape a été de supprimer la luzerne déshydratée à 240 €/tonne et le foin de luzerne pour les remplacer par du foin de prairie et de la paille (1,5 kg).
La révision a porté ensuite sur les minéraux dont le mélange unique distribué revenait à 630 €/tonne à raison de 500 g par vache et par jour. A la place et en respectant les mêmes apports en quantité (500 g/vache/jour), le choix a été fait d’acheter les matières premières séparées, à savoir le minéral, le bicarbonate, le sel, le carbonate. Le prix de revient du mélange maison a ainsi été abaissé à 482 €/tonne. D’où une économie d’environ 7 euros par 1.000 litres de lait produit équivalent à 2.200 euros sur l’année, calcule Jérôme Bonin.

Colza, drèche, pulpe, corn-gluten…



Dans leur souci de revenir à des matières premières basiques, Vincent et Jérôme ont opté pour le tourteau de colza – le moins coûteux à l’époque (216 €/tonne), livré en « semi-remorque benné et acheté selon un contrat à l’avance ». La ration en contient 3,2 kg. Les associés ont introduit aussi de la drèche de brasserie (72 €/tonne). A raison de 6 kg incorporés à la ration, elle titre à environ 25 en protéines bien qu’un peu irrégulière sur ce point, informent les techniciens. Autre co-produit réintroduit dans la ration : de la pulpe de betterave surpressée pour son effet « lactogène » et la « diversification des sources d’énergie », commente Jérôme Bonin. 6 kg de pulpe de betteraves sont ainsi distribuées à 52 €/tonne. Les vaches du Gaec du Bois Chavet reçoivent enfin au DAC (1) du corn gluten déshydraté à raison de 1,6 kg par jour (188 €/tonne). La ration est complétée par 1 kg d’orge.
Faisant appel à des matières premières achetées en vrac, la nouvelle ration induit un grand nombre de produits à stocker. Les silos taupe se sont multipliés sur l’exploitation (maïs plante entière, maïs épi, drèche, pulpe, herbe, etc…) et de la place a dû être trouvée pour les matières vrac sèches (tourteau de colza, corn gluten, minéraux). Mais l’achat en vrac et en grande quantité (30 tonnes benné) permet de tirer de meilleurs prix, justifient les conseillers.

Du méteil à la place du ray gras



De 35 kg en 2014, la ration d’ensilage de maïs est descendue à 17 kg en 2016, complétée désormais par 7 kg d’ensilage de maïs épi. Depuis trois ans, Vincent et Jérôme substituent à l’ensilage de ray gras de l’ensilage de méteil (17 kg). Ce fourrage est devenu une base importante de la ration, confient les deux éleveurs. Un choix motivé par un meilleur impact sanitaire sur les animaux « avec des fibres qu’un jeune ray gras n’apporterait pas forcément », argumente Vincent. Le méteil donne aussi de meilleurs résultats à la récolte tout en intervenant à une période plus confortable pour les associés. Ce méteil est un mélange d’avoine, pois, vesce, semé comme les blés et ensilé vers le 15 mai (quand le pois est en fleur), expliquent les deux éleveurs. Il fournit un très bon précédent au maïs, ajoutent-ils.

Affouragement en vert



Au final, le coût de la ration est descendu de 4,15 à 3,65 € par vache et par jour, constate Jérôme Bonin et de poursuivre « ce qui équivaut à une économie d’environ 12.000 euros par an pour 75 vaches. Avec une charge alimentaire descendue à 115 € les 1.000 litres de lait produits, l’objectif de départ est même dépassé. Jérôme Ferrand et Vincent Laurin ont aussi réintroduit un peu de pâturage pour leurs laitières et même de l’affouragement en vert (dérobées et repousses de colza incluses) qui comptent désormais pour un quart de la ration estivale. Si la sortie des bêtes s’apparente plutôt à un simple parcours de santé, elle a eu un effet bénéfique sur l’état des aplombs des laitières, notent les associés. D’ailleurs, ces derniers ont moins de vaches à réformer qu’auparavant, d’où un gain de production annuel de 100.000 litres en plus, se félicitent Vincent Laurin et Jérôme Ferrand.

(1) Distributeur automatique de concentrés