Gaec du Morvan à Cussy-en-Morvan
Protection efficace contre les sangliers

Chaque année, le Gaec du Morvan cultive 40 à 45 hectares de maïs ensilage au cœur d’une région très forestière et giboyeuse. Malgré l’importance des populations de sangliers morvandelles, la famille Dupy ne connaît quasiment aucun dégâts de gros gibier. Rencontre.
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A Cussy-en-Morvan, la famille Dupy cultive du maïs ensilage pour nourrir son troupeau de bovins, dont elle engraisse toute la production. Chaque année, les associés du Gaec du Morvan en implantent entre 40 et 45 hectares, principalement sur les hauteurs de la commune de Cussy à plus de 500 mètres d’altitude, au cœur des forêts morvandelles.
« Dès la première année que nous cultivions du maïs, nous avons eu des sangliers dans les champs », se souvient Alain Dupy. Aussi, la nécessité de poser des clôtures de protection s’est-elle très vite imposée. Aujourd’hui, « si les cultures de maïs ne sont pas protégées, c’est la catastrophe ! », affirme sans détour l’éleveur. Il faut dire que les populations de sangliers semblent de plus en plus nombreuses aux alentours de la ferme. « Il n’est pas rare d’observer en plein jour des compagnies de plus de vingt sangliers », signale Alain. « L’absence d’hiver rigoureux depuis plusieurs années ; une forte production de glands et de faînes ; des printemps propices… : les conditions ont été favorables aux populations de sangliers », confirme Patrick Allyot, responsable de l’association locale de chasse.

Engagement des chasseurs


Malgré l’abondance de ce gros gibier dans ce secteur du Morvan, le Gaec ne déplore pourtant aucun dégât sur ses maïs. La raison en est « une clôture électrique de protection très efficace », révèle Alain Dupy. « La chasse est louée à une société qui s’est engagée à clôturer efficacement de sorte que les sangliers n’entrent pas dans les champs », confie l’éleveur.
Un constat confirmé par le responsable de la société de chasse, Patrick Allyot. Résidant tout près des parcelles de maïs d’Alain, ce dernier mobilise chaque année autant de chasseurs qu’il le faut pour installer les vingt à trente kilomètres de fils nécessaires pour protéger la cinquantaine d’hectares concernés. En principe, la pose des clôtures se fait dès le mois de mars ; en tout cas, avant la première semaine de mai, date d’implantation du maïs par le Gaec.
Avec son équipe de chasseurs volontaires, Patrick Allyot plante les piquets en bois fournis par ses soins. La clôture électrique est faite de deux câbles acier superposés : l’un à 30 cm et l’autre à 65 cm de hauteur. Le courant n’est pas fourni par une batterie, mais par le secteur : « c’est plus violent et plus fiable », commentent les deux hommes.
Chaque printemps, l’installation de la clôture prend plusieurs journées... « Plus on est nombreux, mieux c’est », confie le responsable de chasse qui sait mobiliser ses troupes à cette occasion.

Surveillance quotidienne


Une fois la clôture en service, les chasseurs se chargent de surveiller et d’entretenir le dispositif. « On fait le tour des clôtures tous les deux trois jours, voire même tous les jours s’il le faut. Il arrive parfois que des sangliers parviennent à franchir la clôture. Dans ce cas, on les fait sortir et on remet la protection en état », détaille Patrick Allyot.
Deux à trois fois par an, les chasseurs veillent aussi à nettoyer les abords de la clôture à l’aide d’une débroussailleuse à dos. La veille de la récolte, tout est démonté pour faire place nette pour le chantier d’ensilage. « Avec la pose et l’entretien des clôtures de protection, la chasse est une activité qui dure douze mois dans l’année », fait remarquer le responsable de chasse, mais ce dernier s’acquitte très volontiers de cette tâche tant elle lui semble indispensable pour une bonne entente entre agriculteurs et chasseurs.

Le prix d’une bonne entente


La protection des cultures coûte de l’argent aux chasseurs, reconnaît Patrick. En deux ans, la société a dépensé 3.700 € de matériels (électrificateurs, piquets, fils, isolateurs…), sans compter le carburant ni le temps passé, fait remarquer l’intéressé. Pour cela, l’association de chasse reçoit une aide de la Fédération départementale des chasseurs de 20 € par hectare pour la pose de la clôture. Vingt euros supplémentaires sont attribués si aucun dégât n’est à déplorer à la fin de la campagne. Ces 40 €/ha ne couvrent toutefois pas tout. Et plutôt qu’une baisse du prix des bracelets sangliers en cas de diminution de la facture dégâts, Patrick Allyot aimerait mieux une récompense supplémentaire aux chasseurs qui ont fait des efforts de prévention. Ce dernier cultive d’ailleurs 2,5 ha de cultures à gibier pour détourner les sangliers. Un geste de plus pour entretenir de bonnes relations avec les éleveurs. Pour Alain Dupy, cette attitude « positive » est appréciable. Même si elles obligent à « abandonner un rang de maïs », les clôtures sont efficaces parce que « très bien faites. Dans 98 % des cas, on n’a aucun problème à la récolte », se félicite l’agriculteur.

Blaireaux
Une calamité pour les maïs !


Si le maïs du Gaec du Morvan est bien protégé des sangliers, en revanche, il subit de plus en plus les assauts des blaireaux. « Une véritable calamité », déplore Alain Dupy qui explique que la clôture de protection contre les sangliers n’arrête pas les blaireaux. Une fois dans le champ, cet animal pataud couche les tiges de maïs et entame les épis, dont il laisse des restes partiellement mangés au sol. Ailleurs, les blaireaux font de véritables chantiers de terrassement en creusant leurs impressionnants terriers, abîmant ainsi les chemins… Pour l’éleveur de Cussy-en-Morvan, « il faudrait faire quelque chose pour lutter contre cet animal au comportement nuisible ». Pour l’heure, le blaireau est une espèce classée comme gibier, mais elle ne fait pas partie de la liste des espèces susceptibles d’être classées nuisibles, indique-t-on à la fédération des chasseurs. La chasse du blaireau se pratiquant essentiellement « par de la vènerie sous terre ou déterrage », selon les conditions prévues par arrêté préfectoral. Une traque décrite comme très difficile par les connaisseurs.