Broutards
La campagne débute dans l'inquiétude

Publié par Cédric Michelin
-
Les premiers broutards de l'automne sortent des élevages français, alors que la demande italienne est peu dynamique et que les portes du Maghreb restent toujours fermées.
129034--beaux_broutards.JPG
Les opérateurs à l'export et les éleveurs s'accordent pour dire que les cotations du broutard, ces jeunes bovins élevés à l'herbe, risquent de baisser dans les prochaines semaines. « Il est encore trop tôt pour le dire, mais en première impression, il y a une crainte de passer une saison difficile, explique Dominique Fayel, responsable de la section vaches allaitantes de la Fédération nationale bovine (FNB). On est en train de partir à la baisse depuis quinze jours ». En semaine 36, le broutard charolais de 300kg de conformation U se négociait à 2,68 euros le kilo vif, contre 2,71 cet été.


D'importantes sorties



« On observe de grosses sorties dans le charolais depuis une quinzaine de jours, constate Frédéric Lagarde, directeur commercial de l'un des principaux exportateurs français de broutards, EuroFrance. Et c'est toujours du blanc (NDLR : des charolais) que vient la baisse des cours ». Mêmes prévisions chez Deltagro, le premier exportateur de broutards français : « Les broutards sortent en trop grande quantité, surtout en charolais et en salers croisés. En septembre, octobre et novembre, les prix vont baisser », analyse son directeur commercial, Pierre Richard. « On peut s'attendre dans les 4 à 6 semaines à voir plus de broutards qu'il n'y en a besoin. Mais nous n'avons pas de boules de cristal », conclut également le président d'Elvea, Philippe Auger.

L'Italie malade, le Maghreb incertain



Les premiers broutards sortent des prés alors que des interrogations pèsent sur la demande des pays tiers. « La Tunisie reste fermée depuis le printemps pour cause de fièvre aphteuse. L'Algérie a, à son tour, décidé de fermer ses frontières », explique l'Institut de l'élevage dans son webzine Tendances de septembre. « Jusqu'à présent il y avait la solution de secours en Algérie. Mais les ports sont fermés », constate Pierre Richard de Deltragro. « On pense que ça devrait se rouvrir dans quelques semaines », positive néanmoins Philippe Auger d'Elvéa. La Turquie reste également fermée, même si elle redemandera rapidement – les exportateurs attendent une confirmation cette semaine – des animaux de 300 kg en centre d'allotement (250kg en élevage). « Cela ne changera pas le marché, c'est un produit très difficile à trouver en France », avertit Frédéric Lagarde d'EuroFrance. En Italie, principal acheteur de broutards français, la situation ne s'améliore pas. « La demande italienne ne devrait pas être plus dynamique que l'année dernière », prévoit l'Institut de l'élevage. « Les engraisseurs manquent déjà de place en Italie », constate Frédéric Lagarde. « Ce qui est sûr, c'est que la solution ne viendra pas de l'Italie », convient également Dominique Fayel.

Des sorties conditionnées par la trésorerie



Des incertitudes pèsent également sur le calendrier de sorties « Les repères sont brouillés », explique Dominique Fayel. La baisse saisonnière des cours s'est produite dès le mois de juin (elle se produit en automne habituellement) et la météo a été atypique : « Il y a de l'herbe partout, de bonnes disponibilités de maïs ». Difficile de prévoir le comportement des éleveurs, confie Dominique Fayel : « Les naisseurs-engraisseurs vont sûrement garder leurs animaux. Par contre, on ne sait pas comment vont réagir les naisseurs stricts. Certains vêlages ont été décalés cette année. Dans une année normale, les broutards seraient sortis plus tard. Mais il y a des besoins de trésorerie dans certaines exploitations. On ne sait pas quel sera l'arbitrage ». Frédéric Lagarde d'EuroFrance convient également qu'il s'agit d'une année atypique : « Le prix de la viande n'a rien à voir avec l'année dernière. Cette année ce n'est pas un problème de sécheresse, les caisses sont vides. Les gens ont besoin de trésorerie ».