Vrac 2014
" Pas à n'importe quel prix "

Publié par Cédric Michelin
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En pleines vendanges, l’Interprofession des vins de Bourgogne donnait ses premières impressions sur le millésime 2014. Le nouveau duo fort du BIVB, les deux présidents, Claude Chevalier et Louis-Fabrice Latour entrevoient d’une « belle récolte » à venir.
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Tout d’abord en terme de volume, puisqu’après deux millésimes en dessous de sa moyenne décennale, la Bourgogne espère atteindre ses 1,45 à 1,5 millions d’hl, avec néanmoins d’importantes « variations de rendements selon les parcelles », suite au gel lors de la floraison, à la grêle en juin ou à la grillure en juillet. La qualité sera au rendez-vous à condition « que le tri à la vigne et à la cuverie » soit rigoureux. L’été pluvieux étant en parti responsable du développement de pourriture.

Un ravageur à surveiller



Le pôle Technique et Qualité du BIVB va également enquêter sur la possible attaque de drosophiles, de type Suzukii, puisque des piqures acétiques ont été signalées, notamment dans les vignes jouxtant des parcs avec arbres fruitiers.

Vrac : « Pas à n’importe quel prix »



Côté économie, même si le négoce reconnaît que les « stocks sont à un plus bas historiques » - avec neuf mois de sorties habituelles à la propriété et environ le double chez les négociants, les Maisons de négoce attendent pour aller aux achats. « On ira mais pas à n’importe quel prix », exprimait Louis-Fabrice Latour, pour la famille négoce. Pourtant, la majorité des marchés continuent d’être porteurs. Claude Chevalier invitait néanmoins ses confrères vignerons à « être raisonnables » dans les négociations. Plusieurs appellations ont en effet vu leurs marchés ralentir, suite aux hausses de prix bouteilles, comme Pouilly-Fuissé – « la pièce étant passé de 800 à 2.000 € » - ou les Bourgognes rouges, en 2012.

Ralentissement de l’export



A l’export, la Bourgogne enregistre également une baisse de 12 % en volume sur les sept premiers mois 2014 (comparativement à ceux de 2013), pour moitié due au ralentissement de son deuxième marché l’Angleterre (-24 % en volume ; - 7 % en valeur). Chablis et Mâcon blanc étant les AOC les plus concernées. En revanche, le chiffre d’affaires à l’export ne baisse lui que de 1,5 %. « On va retrouver des volumes. Il faut donc être prudent et surtout stabiliser les cours », conclut l’Interprofession qui travaille maintenant sa communication pour convaincre que la Bourgogne est bel et bien montée en gamme sur le long terme.

Argumenter la montée en gamme



Pour se faire, elle compte toujours s’appuyer sur la candidature des Climats à l’Unesco, portée par la France en 2015. Le BIVB est également maitre d’œuvre de son projet de Cité des Vins de Bourgogne qui « avance » puisque la « première pierre » est désormais prévue pour fin 2016. Il faudrait plutôt parlés des Cités puisque les visiteurs arrivant à Beaune, seront invités à découvrir les autres vignobles de Bourgogne ensuite (Chablis, Mâcon). Le BIVB s'appuiera également sur les prescripteurs (journalistes, cavistes...) et se réjouit d'avance d'acceuillir pour la première fois les phases finales du concours du Meilleur Sommelier de France, lundi 27 octobre, à Beaune.


Vino business sur France 3 : documentaire ou désinformation ?



Alors que lundi, on apprenait la vente du château de Pommard a un riche américain, le soir même, France 3 diffusait le "documentaire" Vino Business avec la "journaliste", Isabelle Saporta. Visiblement, le "reportage" faisait réagir la profession viticole et journalistique. Les professionnels de la vigne et du vin lui reprochant des stéréotypes et de « grosses ficelles », tout en reconnaissant que tout n’est pas faux dans cette vidéo d’une heure et quart. Les journalistes eux prenaient leurs distances avec le professionnalisme de l’auteur Isabelle Saporta, qui au vu du débat qui suivait la diffusion, ne laissait guerre de doute sur son parti pris tranchée. Jacques Dupont, du magazine Le Point, et Bernard Farges, le président de l’Interprofession des vins de Bordeaux ne pouvant littéralement pas en placé une, alors que l’animateur était complètement dépassé et que les téléspectateurs ne distinguait plus toutes les attaques contre la profession viticole, tant elle fusait dans tous les sens : les viticulteurs (bordelais surtout) étant accusés de traiter avec des pesticides même quand la situation sanitaire ne le nécessite pas, presque par plaisir ! La Bourgogne elle s’en sortait mieux avec le témoignage de viticulteurs en biodynamie (bouse dans des cornes de bœuf, pigeage aux pieds…) renvoyant toutefois à une vision archaïque du métier, non représentatif des pratiques majoritaires. Bref, un "reportage à charge" au final sur toute la filière (œnologues, journalistes…) qui ne servira qu'une frange infime de la filière et qui laissera des traces dans les esprits des téléspectateurs, clients. Isabelle Saporta accusant tout le monde de vouloir uniquement faire de l'argent sur le dos de la qualité des vins et des clients, oubliant de dire au passage qu'elle était payé pour faire la publicité de son livre. C'est d’autant plus dommage que ce soit une chaine publique - n'étant pas contrainte de faire de l'audimat - qui attaque ainsi l’un des derniers fleurons de la production française. Le "french bashing" continue...