Mondial Charolais
Escale technique à Montceau-les-Mines

Début septembre, dans le cadre du congrès mondial charolais, le Herd-book a conduit une délégation de 85 étrangers dans l’exploitation de la famille Pichard à Montceau-les-Mines. Au menu de cette visite technique : une stratégie de sélection charolaise alliant habilement élégance de race et critères économiques.
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Le 4 septembre dernier dans le cadre du Mondial charolais, un groupe de 85 étrangers en provenance de quinze pays, accompagné du secrétaire général du Herd-book charolais (HBC), Philippe Pacaud, et du président de Charolais France, Henri Vidal, s’est rendu à Montceau-les-Mines pour visiter l’élevage d’Hugues Pichard. Sélectionné pour ses choix technico-économiques et son niveau de qualification, l’élevage montcelien présentait au pré 180 animaux, dont 85 vaches et dix taureaux, des animaux illustrant la stratégie de sélection mise en œuvre par l’éleveur. Une exposition très pédagogique au sein de laquelle les visiteurs étrangers ont déambulé par petits groupes, explications techniques à la clé.
C’est en 1985 que la famille Pichard a adhéré pour la première fois au HBC. Aujourd’hui à la retraite, Bernard - le père d’Hugues - avait à l’époque accéléré l’amélioration du cheptel grâce aux semences d’insémination.
La première participation à un concours est intervenue en 1994. Le début d’une ascension ininterrompue avec comme moment fort la sortie de Joyeuse, 1er prix d’honneur à Moulins en 1996 puis grand prix de championnat au concours national adultes en 1997. Son fils Petit Prince, 1er prix d’honneur à Charolles en 1999 finissait d’asseoir la réputation de l’élevage.

Rentabilité économique


Si Hugues et Bernard Pichard sont devenus des habitués des podiums, ils n’en ont pas pour autant délaissé les critères techniques. Assumant une façon de travailler singulière, Hugues Pichard pratique une sélection qui intègre véritablement les aptitudes de rentabilité économiques. « L’indexation des animaux est un de mes critères d’achat », confie volontiers l’éleveur qui dit rechercher « un charolais élégant certes, mais aussi utilitaire ». A l’image d’Hongrois, sacré champion junior réserve une semaine plus tôt à MagnyCours et dont la mère (élevage Merceron, 79), elle-même championne au National, est indexée à 116 en IVMat et 109 en lait. Autre illustration dans ce Mondial, Hugues Pichard y obtenait également le deuxième prix de synthèse avec une femelle indexée à 114 en IVMat et 109 en lait. Enfin, le prix de synthèse taureau récompensait, pour la seconde fois, un animal natif de l’élevage montcelien : il s’agit d’Espoir (copropriété des élevages Chassot, Corneloup, Merle), fils de Sérieuse et de Bijou, deux géniteurs de la SCEA Pichard.

IVV de 332 jours, IFNaiss de 132 !


Cette rigueur s’affiche dans les données techniques de l’élevage : 60 % des 110 vaches du troupeau sont qualifiées et le niveau des index moyen approche la valeur de 100, cela en utilisant des taureaux de monte naturelle. Des choix qui portent leurs fruits dans les descendances avec des qualités génétiques qui se transmettent admirablement. Exemple avec la lignée Pépette, une vache de 15 ans ayant donné treize veaux avec un intervalle vêlage-vêlage (IVV) moyen de 362 jours. Sa fille Thymie en est déjà à neuf veaux produits avec un IVV moyen de 354 jours et sa petite fille Déborah affiche, quant à elle, un IVV de 332 jours !
Idem pour les facilités de naissance grâce au taureau Tabarly, issu de l’élevage Vidal - 15 et qui affiche un index IFNaiss exceptionnel de 132. L’un de ses fils, Dors Bien (diffusé à l’insémination), affiche lui-même un IFNAiss de 126.

Espoir, Bengale, Drapeau…


Cette approche technico-économique vaut à la SCEA Pichard de voir nombre de ses produits accomplir de belles carrières dans d’autres élevages. C’est le cas de Bengale (114 d’ISevr), acheté par le Gaec Pluchaud de Saint-Vincent-Bragny, lequel a multiplié les prix de synthèse aux concours de Gueugnon et Charolles. Autre natif de l’élevage Pichard : Drapeau en service chez Bernard Griveaud de Blanzy dont un fils, Favori, a obtenu de deuxième prix d’honneur de Charolles en 2010. Drapeau qui a des descendants aussi chez Didier Pierre de Gueugnon ainsi que chez Didier Métrop de Grandvaux.



Efficacité alimentaire
Des gains économiques en perspective


Le 2 septembre à Beaune, les 85 congressistes étrangers participaient à une conférence consacrée à l’efficacité alimentaire. Pour se faire, le Herd-book avait mobilisé plusieurs experts en la matière (Institut de l’élevage, Inra, 5MVet, Evialis…). Encore peu connue en élevage allaitant, la notion d’efficacité alimentaire pourrait ouvrir de sérieuses perspectives dans la maîtrise économique des élevages. L’amélioration de l’efficacité alimentaire signifierait en effet « produire autant, voire mieux, mais avec moins ». Une possibilité qui répond aux enjeux du moment. Economique d’abord avec l’envolée du prix des matières premières. L’efficacité alimentaire intéresse également face à une érosion des surfaces en herbe, mais aussi face à une concurrence vis-à-vis de la ressource céréalière. Elle pourrait aussi répondre à l’enjeu d’engraisser davantage de broutards en France. Enfin - on n’y échappe pas ! - l’efficacité alimentaire est évoquée pour lutter contre l’émission des gaz à effet de serre… L’amélioration de l’efficacité alimentaire des femelles en production et des bovins en finition passerait par une meilleure valorisation des fourrages disponibles. Pour l’heure, la principale difficulté des recherches réside dans la mesure de cette efficacité chez les animaux. Un plan d’action a vu le jour en 2013 et il porte justement sur la race charolaise. Les perspectives sont la recherche d’indicateur indirect de mesure afin d’éviter la mesure d’ingestion individuelle trop lourde. La sélection génomique est également très attendue dans ce domaine.