Qualinea a 10 ans !
Qualinea a dix ans. Première « ODG multiproduits » de la région, cette association est le fruit de la démarche visionnaire de plusieurs filières de qualité, lesquelles ont su dépasser leurs différences pour mutualiser des tâches complexes. Une réussite.
Qualinea fête ses dix ans cette année. Cette association constitue le premier Organisme de Défense et de Gestion (ODG) multiproduits en Bourgogne-Franche-Comté et Auvergne-Rhône-Alpes. Sa genèse remonte à 2012 lorsque plusieurs ODG — les syndicats des Volailles Fermières de l’Ain, de Bourgogne et du Charolais, et l’Association Charolais Label Rouge (ACLR) ont décidé de s’unir pour « faire face à des tâches administratives de plus en plus chronophages », remémore le tout premier président et co-fondateur de Qualinea Jean-Jacques Minjollet. À l’époque, c’est le directeur des volailles fermières de Bourgogne et du Charolais, Philippe Doucet, qui avait eu cette idée visionnaire. Le fait que des producteurs de volailles, d’agneaux et de bœufs parviennent à mutualiser certaines tâches liées à la gestion de plusieurs signes de qualité était pour le moins original et inédit.
Le projet s’est appuyé sur les compétences et l’équipe technique de l’ACLR dirigée par Marjorie Marty. L’assemblée générale constitutive de Qualinea a eu lieu en novembre 2014.
« Un outil très qualifié »
Dix ans après sa création, l’association Qualinea est une réussite. Cette structure « légère », dont les ressources proviennent à 100 % des adhérents, est un « outil très compétent et qualifié ». Il permet d’appréhender des questions complexes pour lesquelles les syndicats, seuls, n’auraient ni le temps ni l’expertise, estiment les intéressés.
Qualinea seconde les ODG dans leur rôle « d’élaborer un cahier des charges, le faire vivre et en assurer les contrôles et la promotion ». Il intervient aujourd’hui pour les démarches Tendre Charolais et Plaisir Charolais (viandes bovines label rouge), Tendre Agneau (viande d’agneau label rouge), Charolais de Bourgogne (viande bovine IGP), Volaille de l’Ain et Volailles de Bourgogne (label rouge et IGP). En 2022, le syndicat des volailles fermières du Charolais s’est fondu dans le syndicat des volailles fermières de Bourgogne. L’année suivante, Qualinea accueillait l’IGP Charolais de Bourgogne. Cela représente 16 cahiers des charges label rouge et cinq cahiers des charges IGP.
Qualinea est organisée en quatre sections : volailles, bœuf label rouge, bœuf IGP et agneau. Sa composition est « paritaire entre partenaires et producteurs, garantissant l’équilibre entre amont et aval », présente Marjorie Marty.
« Des histoires d’hommes… »
Le 20 juin dernier, dans les locaux du lycée Wittmer à Charolles, les fondateurs de Qualinea se sont retrouvés pour une assemblée générale anniversaire. « C’est avant tout des histoires d’homme », commentait le président Didier Périchon qui a rendu hommage à ces pionniers qui ont su s’entendre, mutualiser les savoir-faire, spécialiser les compétences et maîtriser les coûts. Le président rendait aussi un hommage appuyé à son prédécesseur et au binôme remarquable qu’il formait avec la directrice Marjorie Marty.
Un rôle fédérateur indispensable
La démarche fondatrice de Qualinea est plus que jamais d’actualité alors que les filières de qualité traversent une période particulièrement difficile comme en attestent leurs bilans d’activité (lire encadré). Un manifeste sur cette crise a d’ailleurs été rédigé au niveau national pour alerter l’État, rapportait Didier Périchon. « Pourtant, nos cahiers des charges ont su évoluer en intégrant le bien-être animal, l’environnement, le non-OGM… Nos filières de qualité sont une solution aux problèmes actuels. Elles font partie d’un patrimoine national que nous défendons. Il nous faut continuer à communiquer, informer les consommateurs et les élus qui semblent être à l’écoute… ». Dans cette conjoncture compliquée, le président de Qualinea estimait que ce rôle fédérateur et de défense des filières de qualité était plus que jamais pertinent. Une solidarité précieuse quand certaines ODG connaissent des difficultés.
Les missions très techniques de Qualinea
Les principales missions de Qualinea sont l’élaboration et la mise en œuvre des cahiers des charges, la réalisation des contrôles internes, le choix de l’organisme certificateur, le suivi de la réalisation des contrôles externes, le suivi des analyses sensorielles (pour le label rouge), la gestion des réclamations consommateur… Qualinea mène également les actions de défense et de protection du nom et il participe au développement et à la promotion. Il est en relation avec l’INAO et les organismes certificateurs, valide les étiquettes. Qualinea porte aussi la voix de ses adhérents au niveau national au sein de Fil Rouge pour les labels rouges bovins/ovins et Synalaf pour la volaille.
Filières de qualité en baisse pour la seconde année consécutive
Pour la seconde année consécutive, toutes des sections de Qualinea font part de baisses d’activité en 2024. Les volailles fermières de l’Ain (1,3 million de volailles/68 élevages) et de Bourgogne (2,6 millions de volailles/101 élevages) connaissent des érosions de l’ordre de – 3 %. Les causes de cette crise sont l’influenza aviaire, l’inflation, la guerre en Ukraine qui ont conduit les abattoirs à réduire les mises en place. Conséquence, le renouvellement des bâtiments est à la peine. Au moment où la consommation revient, la filière va manquer de production. Les projets souffrent du montant des investissements et de marges éleveurs insuffisantes. À cela s’ajoute le fait que les jeunes n’ont plus les mêmes inspirations. La durée d’endettement et l’astreinte au travail sont devenues des freins à leurs yeux. La filière charolais label rouge (15.000 bovins labellisés/2.230 éleveurs) a connu quant à elle une baisse de – 6 % en 2024. C’est malheureusement le contrecoup de la belle envolée vécue par les labels il y a quelques années. L’inflation est passée par là. La décapitalisation inquiète de même que la FCO. La baisse du volume d’agneaux labellisés « Tendre Agneaux » se poursuit (- 2,5 % en 2024). Ce volume a été divisé par deux en quelques années pour atteindre 5.240 animaux produits par 336 éleveurs. La viande d’agneau souffre d’une clientèle âgée et d’être plutôt festive. À cela s’ajoute l’impact dramatique de la FCO qui a fait perdre 10 % du cheptel français ainsi que la prédation… Malgré de bons prix de vente, les installations ne suivent pas. En 2024, l’IGP Charolais de Bourgogne a de nouveau chuté de – 27,5 % (493 bovins produits par 617 éleveurs). Cette nouvelle baisse prive l’association de ses ressources économiques. Le Charolais de Bourgogne ne parvient pas à se placer sur le créneau visé de la restauration collective. Un groupe technique restreint vient d’être constitué dans l’urgence pour conduire une réflexion sur l’évolution à donner au Charolais de Bourgogne.
