« Le RoboMini fait le travail de cinq personnes »
Le Clos de Paulilles est équipé d’une chenillette radiocommandée pour améliorer le débit de chantier et le confort des opérateurs dans les vignes jusque-là peu mécanisables.
« La chenillette radiocommandée a été vite rentabilisée », annonce Aurélie Mercier, œnologue responsable technique pour la Maison Cazes. D’une surface de 75 hectares, le Clos de Paulilles, qu’elle gère à Port-Vendres dans les Pyrénées-Orientales, est passé en bio il y a six ans : « une partie du vignoble n’est pas mécanisable à cause des pentes trop élevées, qui peuvent atteindre 40 à 50 %. Ces parcelles étaient jusqu’à il y a peu travaillées soit à l’aide d’un cheval, par exemple pour le travail du sol, soit manuellement avec des opérateurs équipés de rotofil et de pioches ».
Le travail de ces parcelles est fastidieux pour les opérateurs et le domaine rencontre des problèmes de recrutement, notamment en raison d’une pression immobilière très forte sur la région et de la pénibilité du travail.
Une machine conçue pour les accotements
C’est en voyant des agents d’entretien piloter une chenillette radiocommandée sur le bord d’une route qu’Aurélie Mercier s’est intéressée à ces petits engins motorisés. La responsable technique a relevé les caractéristiques et le nom du modèle (RoboMini du constructeur italien Energreen) et pris ses informations auprès du concessionnaire local. D’une largeur hors tout d’un mètre, pour une hauteur de 68 cm, l’engin dispose d’un centre de gravité bas, qui, aidé par les chenilles, permet d’évoluer dans les pentes jusqu’à 50 degrés (120 %), aussi bien en montée qu’en dévers.
La partie arrière des chenilles est montée sur une barre oscillante, offrant un débattement pour un meilleur suivi des irrégularités du sol. Motorisé par un bloc Honda essence de 23 ch, l’appareil radiocommandé jusqu’à 150 mètres de distance dispose d’une tête d’attelage pouvant recevoir différents outils. Acheté 25.000 euros, le RoboMini a été livré en mars 2023 avec son broyeur d’un mètre de large animé hydrauliquement par la pompe de la chenillette.
2 ha/jour, soit le travail de cinq opérateurs
« Du fait de son débit de chantier d’environ deux hectares par jour, l’engin fait le travail de cinq opérateurs équipés d’un rotofil, apprécie Aurélie Mercier. Cet outil ne met plus à contribution les dos de nos salariés, qui ont pris goût à le piloter. Le travail est beaucoup moins pénible et moins dangereux ». L’appareil se montre stable sur les sols de schiste léger et fait preuve d’une bonne capacité de franchissement, notamment pour passer certaines murettes. Son gabarit, notamment en hauteur, lui permet de circuler facilement entre, voire sous, les bras des gobelets. Selon la responsable, la consommation de carburant reste tout à fait raisonnable. Parfois l’engin déchenille, mais la remise en place des chenilles s’effectue facilement avec un peu d’habitude.
La logistique est également plus simple. « Aidé de rampe, le RoboMini monte dans n’importe quelle fourgonnette, rapporte Aurélie Mercier. Pas besoin de porte-char. C’est plus simple que de déplacer les chevaux ou un chenillard classique ».
Les chenillettes d’accotement à l’aise dans les dévers
S’il existe nombre de constructeurs de chenillettes adaptées aux vignes pentues, il y en a beaucoup moins lorsqu’il s’agit d’évoluer en dévers importants. Les chenillettes viticoles classiques à conducteur marchant, porté ou assis sont hautes, le bloc moteur-transmission étant compact et positionné pour laisser le maximum de place à une plateforme, où l’on peut stocker différents outils.
Avec un ensemble moteur-transmission positionné le plus bas possible, les tondeuses thermiques chenillées radiocommandées sont conçues pour avoir le centre de gravité le plus bas possible et donc coller au sol dans les dévers les plus importants. Certains modèles sont même dotés de chenilles à voie variable hydraulique pour gagner encore en stabilité. Le pilotage à distance présente en outre plusieurs avantages pour l’opérateur qui gagne en confort (moins de marche, moins de bruit) en n’étant pas obligé de coller à l’automoteur en permanence et surtout le met à l’abri en cas de retournement éventuel.
Dans cette famille d’outils, certains sont des tondeuses pures et se limitent à cet usage, quand d’autres sont davantage des porte-outils polyvalents pouvant recevoir différents équipements, ce qui permet d’amortir plus facilement l’investissement.
photos