Bourgogne du Sud
Plus qu’un compost local

Publié par Cédric Michelin
-
Le 29 août à Chagny, la coopérative Bourgogne du Sud a signé un contrat pour commercialiser en exclusivité le compost - soit environ 25.000 à 30.000 tonnes par an - produit par Ecocea, l’unité de tri-méthanisation-compostage du Smet 71, qui traite les déchets de 315.000 habitants du Nord-Est du département. Une cinquantaine d’exploitations voisines l’utilisent d’ores-et-déjà. Une filière courte vertueuse et qualitative rendant service à l’économie locale en respectant l’agro-écologie.
132636--DSC_0018.JPG
« La boucle est ainsi bouclée : de la fourchette à la fourche aujourd’hui », inverse fort habilement Didier Laurency, le président de la coopérative qui se félicite de cette nouvelle « gestion naturelle des déchets » locaux.
L’aboutissement surtout d’un travail qui dure depuis plus d’un an, avec les services techniques de la chambre d’Agriculture de Saône-et-Loire. Ainsi, depuis juillet 2015, Ecocea, l’unité de tri-méthanisation-compostage du Smet 71, fonctionne : elle trie les déchets des 315.000 habitants du Nord-Est de Saône-et-Loire pour produire du gaz (1ère injection de biométhane dans le réseau GRTgaz) et du compost. Dorénavant 25.000 à 30.000 tonnes seront ainsi produites chaque année. « Cela va dans le sens de l’agro-écologie », glissait Lionel Borey, représentant de la chambre d’Agriculture de Saône-et-Loire, chargée à l'avenir d'assurer le suivi et le contrôle de la production de compost.

Compost local



Le compost produit répond évidemment à la norme française NFU 44-051, relative aux composts issus d’ordures ménagères. Celui produit à Chagny est un mélange entre de la matière organique méthanisée (digérée pendant trois semaines par des bactéries) issue du tri des ordures ménagères de Saône-et-Loire avec des déchets verts broyés, en provenance des déchèteries situées à proximité de Chagny. D’où la présence du président du Sirtom de Chagny (1.500 t de déchets verts / an), Sébastien Laurent qui se réjouit de ce « circuit court permettant de faire du compost local ».
Ce mélange est dégazé puis maturé dans des tunnels de compostage. Il est ensuite analysé pour prouver qu’il respecte la norme française NFU 44-051, relative aux composts issus d’ordures ménagères. « Il a fallu se battre avec les bactéries (qui digèrent la matière, NDLR). Les essais sont terminés », se satisfaisait Emmanuel Folgoas, directeur régional de Tiru, filiale du Groupe EDF spécialisée dans la valorisation énergétique des déchets ménagers sous forme d’électricité et de vapeur destinées au chauffage urbain ou à des usages industriels. Une nouvelle forme de valorisation donc pour les 1.096 salariés (232 M€ de chiffre d’affaires en 2015) de cette filiale.

Norme et traçabilité



Depuis cet été, le retour des analyses montre que le produit est totalement sûr, pour l’environnement comme pour l’agriculture, et le compost peut être épandu dans les champs. Au delà du respect de la fiche technique, « l’important est la régularité du compost normé », insistait Michel Duvernois, directeur de la coopérative. Bourgogne du Sud compte une cinquantaine d’exploitations épandant localement (10 t/ha ; soit 2.000 à 3.000 ha) en fonction des besoins des sols et des années. La traçabilité, via des échantillons conservés, est obligatoire durant dix ans pour remonter tout éventuel problème.

Un projet global



Si le président du Smet 71 se réjouissait de ce nouveau partenariat, Dominique Juillot tenait à souligner que ceci faisait partie du projet initial. « Si nous n’avions pas eu la tuilerie (Terreal) qui rachète notre biogaz et la coopérative agricole pour le compost, qui tout deux se sont engagés de longue date, bien avant l’inauguration d’Ecocea en 2015, il aurait été beaucoup plus difficile de formaliser ce centre de 43 millions d’€, qui proportionnellement n’a pas reçu beaucoup de subventions (Conseil Départemental de Saône-et-Loire, du Conseil Régional de Bourgogne et de l’Ademe) », tenait-il à souligner en guise de remerciement à tous ceux qui comme l’agriculture locale, ont cru et participe à ce projet. Un engagement et une fidélité qu’il tenait à souligner pour trancher avec le « non respect » actuel des engagements de certaines collectivités qui n’ont toujours pas adhéré au Smet 71 « pour des questions de postures ou de logiques futures ». Résultat, les approvisionnements en déchets ne sont pas suffisants pour optimiser l’outil. D’une capacité maximum de 73.000 tonnes par an, reste à trouver 7.000 à 8.000 t supplémentaires pour saturer l’usine, calcule le directeur, Philippe Testevuide. Un calcul similaire pour les impôts en la matière... « Dommage », regrette Dominique Juillot alors que l’unité de tri-méthanisation-compostage évite l’enfouissement de bien des déchets, qui dès lors, ne peuvent plus redevenir de la matière « noble », fertilisant les sols. Et donc rompant le cycle de la vie quelque part. L’agriculture, elle, a fait son devoir pour la société civile en attendant. Et même au delà, comme souvent…




Un compost de qualité supérieur





Un partenariat avec la Chambre d’Agriculture de Saône-et-Loire est en cours d’élaboration afin de renforcer le contrôle de ce compost, au-delà des exigences de la norme.


La norme NFU 44-051 a des exigences strictes dans plusieurs domaines :


La qualité agronomique (matière organique, azote, potassium, calcium, magnésium…) de ce compost est au-dessus du seuil minimal exigé par la norme. La matière organique est par exemple de 26 mg/kg en moyenne en 2016 alors que la norme demande un minimum de 20. Le taux de carbone/azote (C/N) est en moyenne de 16 mg/kg pour un minimum de 8. Ces qualités satisfont pleinement les adhérents de la Coopérative.


Le compost est dépourvu de tout agent pathogène (salmonelle, e. coli…) grâce à la montée en température à 70° lors du dégazage et au respect des règles d’hygiène sur l’ensemble du process.


Les éléments traces métalliques présents dans le compost sont largement inférieurs au seuil toléré par la norme.


De même, la faible quantité d’impuretés résiduelles (plastiques fins et verres inférieurs à 5 mm) est conforme à la norme et aux attentes des agriculteurs en matière de qualité visuelle.


Pour rappel, près de 50% de ce que nous jetons est fermentescible : restes alimentaires, mouchoirs en papier, cotons, mais aussi papiers et cartons qui devraient être recyclés…