EXCLU WEB : Semences : un contrat pour conserver la place de n°1

La signature entre l’interprofession semences (Semae) et l’Etat d’un Contrat d’objectif et de performance (COP), jeudi 9 décembre à Paris, représente une étape décisive pour la filière française des semences.

EXCLU WEB : Semences : un contrat pour conserver la place de n°1

Le changement de nom, au début de l’année, du GNIS (groupement national interprofessionnel des semences, qui devait fêter ses 60 ans en 2022), pour devenir SEMAE, anticipait déjà cette évolution avec le slogan, « toutes les semences pour demain ». Cette signature intervient à point nommé. Ce COP est en effet pertinent pour deux raisons. Il est signé au moment où l’Union européenne va élaborer, d’ici quelques mois, un nouveau cadre réglementaire dans le domaine des semences, (mises en marché, propriétés intellectuelles, édition de gènes…) Il pérennise la mission de service public confiée par l’Etat à la Semae : Assurer la disponibilité de semences et plants de qualité adaptés à la diversité des agriculteurs et jardiniers en France et dans le monde.

Evolution structurelle

Le nouveau projet stratégique enclenché par la Semae embrasse la diversité des semences, pas seulement celles destinées à l’agriculture dite conventionnelle. A cet effet, l’interprofession ouvre son conseil d’administration à l’ensemble des agriculteurs. A côté de la FNSEA, les JA et la Coordination Rurale ont désormais une place ainsi que les représentants des semences de ferme ou paysannes. « Celle réservée à la Confédération paysanne n’est pas occupée », regrette François Desprez, président de la Semae. Les autres engagements portent sur la transparence, la responsabilité sociétale et l’innovation qui reste « l’ADN de la profession ».

Le défi, comme le rappelle François Desprez, est « de répondre à l’évolution structurelle de l’agriculture, qui attend une amélioration des plantes, pour accompagner la transition agro-écologique. » La Semae mènera donc, entre autres, des actions en faveur des semences bio, mais aussi des plantes qui servent de couvert végétal, des espèces fourragères, qui permettent la réduction des produits phytosanitaires, ou encore des variétés destinées à l’agriculture urbaine.

Souveraineté alimentaire

Pour protéger la biodiversité, l’interprofession va verser 525 000 euros aux fonds de soutien des ressources génétiques, internationaux (comme le TIRPAA) et nationaux (CTPS*). Afin d’améliorer la compétitivité et l’attractivité des métiers de cette filière, la chaire « semences pour demain » initiée à Agro Campus Ouest bénéficiera d’un soutien de 630 000 euros pour la période 2021-2026. Le défi est d’attirer des jeunes, mais aussi le grand public, et d’instaurer « les semences comme acteur de la souveraineté alimentaire ». « Nous vivions repliés sur nous-mêmes. Aujourd’hui nos maîtres mots sont ouverture et transparence », déclare François Desprez. « Mais pour répondre à la transition agroécologique nous avons besoin de nouvelles techniques, et d’un dialogue apaisé grâce à cette ouverture »,  ajoute-t-il. Concernant ces nouvelles techniques, notamment les new breeding techniques (NBT**) la position reste inchangée. La Semae ne demande pas l’abrogation de la directive européenne sur les OGM.  Elle souhaite une clarification du cadre réglementaire. « Parmi ces nouvelles variétés, issues des NBT, celles qui ne sont pas des OGM doivent être exemptées des obligations de la directive européenne. »

Rester leader

Une position qui a son importance. Car des décisions prises dépend la place de la filière française des semences à l'international. « Une place privilégiée mais pas garantie. Pour maintenir nos entreprises de sélection, il faut garantir notre possibilité de faire des recherches sereinement, sans destruction de nos essais en France » a souligné François Desprez. Le chiffre d’affaires de la filière a augmenté de 11 % en cinq ans. Les exportations sont en croissance à 1,9 milliards d’euros et l’excédent commercial va atteindre 1,1 milliards. Mais le budget recherche et développement est passé de 395 millions d’euros (M€) en 2016 à 363 M€ en 2021. Avec ce nouveau plan stratégique et les solutions attendues de la part des semenciers «  l’image ne peut être qu’améliorée, les prochaines années entraîneront plus de transformation et de rayonnement pour l’interprofession que les 59 années précédentes », conclut François Desprez. La France est le leader mondial des exportations de semences agricoles, devant les États-Unis et les Pays-Bas. Elle entend bien le rester. 

* Traité international sur les ressources phytogénétiques pour l'alimentation et l'agriculture (TIRPAA) et Comité technique permanent de la sélection des plantes cultivées (CTPS)

** Nouvelles techniques de sélection végétale