EXCLU WEB / Phyteis : Transition agroécologique : laisser libre cours à l’innovation

Afin d’apporter aux agriculteurs des solutions de protection des plantes innovantes, Phyteis souhaite que les dix-huit entreprises qu’elle représente ne soient plus entravées par une réglementation dépassée par la science. 

EXCLU WEB / Phyteis : Transition agroécologique : laisser libre cours à l’innovation

« Pas d’interdiction sans proposition » : Phyteis (ex-UIPP), l’organisation professionnelle qui fédère dix-huit entreprises mettant sur le marché des solutions de protection des cultures à usage agricole, reprend à son compte l’adage de la profession agricole majoritaire. L’arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne CJUE du 19 janvier 2023 relatif à l’interdiction d’utilisation temporaire de semences traitées avec des substances néonicotinoïdes a sidéré l’organisation. « Il a mis en lumière la portée des impasses techniques auxquelles sont assignées un nombre grandissant de productions agricoles en France », déplore ses responsables. Selon Philippe Michel, le directeur réglementation – juridique de l’organisation, les agriculteurs ont besoin d’une boite à outils de solutions en mesure de répondre à leurs attentes. « Mais il faut libérer l’innovation », défend Emmanuelle Pabolleta, la directrice générale de Phyteis. En effet, les entreprises de la filière doivent avoir accès, sans entraves, à la panoplie de technologies aujourd’hui disponibles pour mettre au point les nouvelles solutions de protection des cultures. Elles combinent les biotechnologies, l’une des formes les plus prometteuses de protection intrinsèque des cultures mais aussi de l’agronomie digitale, qui facilite le pilotage des itinéraires techniques et la bioprotection, directement inspirée des mécanismes naturels en complément de la phytopharmacie. Toutefois, le champ réglementaire auquel sont soumises les entreprises du marché des solutions de protection des cultures est inapproprié. Aujourd’hui, les agriculteurs en sont les premières victimes lorsque des produits interdits à l’emploi sont interdits. Confrontés alors à des impasses phytosanitaires, ils n’ont aucun moyen pour se prémunir des maladies et surtout des risques de résistances sanitaires.

Pour un cadre réglementaire stable

Aussi, « la planification des politiques agricoles doit permettre l’émergence d’un cadre réglementaire adapté, stable et reposant sur la science, à même de favoriser l’accélération et la diversité des pistes d’innovation », propose Phyteis. Les entreprises de Phyteis et leurs consœurs européennes ne voudraient pas que leurs programmes d’investissements et leurs ambitions soient contrariés par un cadre réglementaire figé. En France, les dix-huit entreprises de Phyteis investissent 275 M€ dans la recherche, soit 11 % de leur chiffre d’affaires. En Europe, « le secteur a prévu d’investir respectivement 10 milliards d’euros (Mds d’€) et 4 Mds d’€ dans le développement et le déploiement de solutions d’agronomie digitale et de bioprotection », rapporte la directrice générale de Phyteis.

Les agriculteurs français utilisent toujours moins de produits phytosanitaires. Phyteis « relève un recul de 19,35 % depuis 2018, de 29,5 % depuis 2008 et de 54 % depuis 1999 des volumes de matières actives vendues à la distribution par ses adhérents en France ». Même si en 2021, les cultivateurs ont anticipé la hausse des produits employés en achetant 55 400 tonnes, soit 4 150 tonnes de plus qu’en 2020. Dorénavant la part des matières actives utilisables en agriculture biologique continue de progresser pour atteindre plus du tiers des volumes vendus en 2021 (34,9 %). 

Résultats économiques

Les dix-huit entreprises regroupées au sein de Phyteis ont réalisé un chiffre d’affaires de 2,5 milliards d’euros (Md€) en 2022. Porté par l’inflation, il est supérieur de 600 millions d’euros (M€) à celui de l’année précédente. Ces entreprises couvrent la moitié des marchés des solutions de biocontrôle, plus 4/7e du marché des biostimulants homologués et elles réalisent 1,8 M€ de solutions d’agronomie digitale.