EXCLU WEB / Volailles : La pression des importations plus forte que jamais

La pression des importations est de plus en plus forte sur le secteur de la volaille, confronté à une chute de la production pour cause d’influenza aviaire et à une hausse des coûts de production des aliments avicoles et du transport. 

EXCLU WEB / Volailles : La pression des importations plus forte que jamais

S’il est un secteur où la question de la souveraineté alimentaire commence à franchir la ligne rouge, c’est celui de la volaille, tant les importations commencent à atteindre un niveau préoccupant. C’est ce qui ressort d’une conférence de presse de l’interprofession de la volaille de chair (Anvol), qui s’est tenue le 22 février pour faire un point d’actualité avant le salon de l’agriculture. « La filière française est en effet confrontée à un maintien à haut niveau de la consommation de volailles par rapport aux voisins européens, à une chute de la production du fait d’une crise sanitaire sans précédent d’influenza aviaire, et à une forte hausse des prix de l’aliment avicole et de l’énergie », a exposé Jean-Michel Schaeffer, président d’Anvol. Autant d’éléments défavorables qui ont élargi le flux des importations.

Niveau d’importations record 

Malgré les attentes des Français en matière d’origines françaises, les importations de volailles ont atteint un niveau record en 2022. Le solde négatif de la balance commerciale du secteur a atteint 406 000 tonnes-équivalent carcasse, soit 1,2 milliard d’€. En 2022, 43 % des volailles consommées en France ont été importées, contre 39 % en 2021 et 34 % en 2020. Le phénomène est particulièrement marqué pour les poulets. La part la plus importante des importations provient de Pologne (+ 26 % en un an) et de Belgique (+ 13 %). Mais l’augmentation des importations est particulièrement rapide en provenance de pays tiers : Brésil (+ 57 %) et Ukraine (+ 114 %), a relevé Gilles Huttepain, vice-président de la Fédération des Industries Avicoles (Fia). « Nous commençons à être submergés par les importations », a commenté Jean-Michel Schaeffer. La cote d’alerte est maintenant franchie : le niveau des importations entame non seulement la souveraineté alimentaire de la nation mais il menace le modèle français d’élevage avicole. « La moyenne d’un élevage de poulets en France est de 40 000 têtes. La moyenne européenne est de 90 000. En Ukraine elle est d’1,8 million de têtes, avec la position dominante de l’oligarque MHP », a indiqué Gilles Huttepain. « Sauvegarder notre modèle d’élevage est le combat de notre vie. Nous sommes mobilisés pour reprendre la production », a déclaré le président d’Anvol.

Tenir bon sur les clauses miroir et l’étiquetage 

Pour assurer cette reprise, l’interprofession combat sur le front européen, pour intégrer des clauses miroir dans les accords commerciaux : si une substance est interdite dans l’UE, elle doit l’être aussi dans les produits importés. Elle se mobilise aussi, comme on l’a vu dernièrement, pour que Paris tienne bon à Bruxelles face au projet européen de libéralisation de l’étiquetage des modes de production avicoles. Le risque est de voir se multiplier des mentions « fantaisistes », sans cadres ni contrôles, comme « poulets des champs », « poulets à l’air libre », qui brouilleraient l’information aux consommateurs, les orientant vers les produits les moins-disant mais les mieux marketés.