Les brèves du 1er mars 2023

Mis en ligne par Cédric Michelin
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Voici les brèves du 1er mars 2023

Les brèves du 1er mars 2023

Pesticides : l’Efsa confirme les risques liés à l’utilisation de l’herbicide S-métolachlore

L’Autorité européenne de sécurité des aliments fait état, dans un avis publié le 28 février, de ses préoccupations quant à l’impact de l’utilisation de l’herbicide S-métolachlore sur l’environnement. L’Efsa pointe en particulier la contamination des eaux souterraines par les principaux métabolites de cette substance active ainsi que le risque élevé pour les mammifères vermivores. Le S-métolachlore est principalement utilisé comme herbicide sur le maïs et le tournesol. Son autorisation de mise sur le marché expire le 31 juillet 2023. Sur la base des conclusions de l’Efsa, la Commission européenne ne devrait pas proposer sa ré-autorisation. L’Anses, qui a participé avec l’agence sanitaire allemande, à cette évaluation avait déjà annoncé le 15 février qu’elle engageait en France une procédure de retrait des principaux usages du S-métolachlore. Suite à cette annonce, le gouvernement français a annoncé, d’ici juin, un nouveau plan Ecophyto 2030, qui intégrera un plan pour la recherche d’alternatives aux produits phytosanitaires importants susceptibles d’être retirés du marché. Le gouvernement veut également améliorer la coordination entre les calendriers d’évaluation de l’Anses et l’Efsa.

 

Pesticides : la Commission européenne évalue le potentiel des méthodes de lutte intégrée

La Commission européenne a publié le 28 février une étude évaluant l’efficacité et les perspectives d’adoption future des méthodes de lutte intégrée contre les ravageurs actuellement disponibles. Chaque type/groupe de pratiques a été évalué en fonction de son potentiel à contribuer à la réduction de la dépendance à l’égard de l’utilisation des pesticides, de son coût de mise en œuvre et de son efficacité globale. Par exemple, la diversification des cultures est considérée comme ayant un moyen voire haut potentiel de réduction de l’usage des pesticides, alors que le potentiel de l’agriculture de conservation est jugé faible. Le principal facteur qui freine la réduction de l’utilisation des pesticides reste la question de la disponibilité d’alternatives économiquement viables, soulignent les auteurs de ce travail. L’ensemble de ces résultats ainsi que les dispositions prises au niveau national par les États membres pour développer des méthodes de lutte intégrée sont publiés une base de données dont l’objectif est de faciliter la diffusion des informations en la matière et servir aux agriculteurs et aux conseillers agricoles.

 

Pesticides : la PPR d’Aurore Bergé retranscrit les annonces d’Élisabeth Borne

Promise par la présidente du groupe Renaissance à l’Assemblée, Aurore Bergé, lors de la manifestation de la FNSEA le 8 février à Paris, la proposition de résolution (PPR) contre les « surtranspositions » a été déposée, ce 28 février. Agra Presse s’est procuré une copie de ce document qui, pour l’essentiel, retranscrit les grandes lignes des annonces faites la veille par la Première ministre Élisabeth Borne sur les pesticides. La PPR comprend neuf parties. Reprenant la volonté émise par Emmanuel Macron et Élisabeth Borne lors de leurs visites au Salon, elle plaide pour « la mise en place d’une véritable planification pour la recherche d’alternative sur les substances actives susceptibles d’être retirées lors de leur examen futur ». Conformément à la formule utilisée le président de la République depuis plusieurs années, les auteurs veulent aussi « conditionner toute interdiction de mise sur le marché de produits phytopharmaceutiques, qu’elle émane d’une autorité nationale ou européenne, à l’existence de solutions alternatives efficaces, n’entraînant pas de perte de rendement, ni de surcoûts de production inacceptables pour le producteur, et pouvant être déployées à grande échelle dans des délais compatibles avec ceux dans lesquels intervient l’interdiction ».

 

Négociations commerciales : Bruno Le Maire promet des « mesures » pour contenir l’inflation

À la veille de la clôture des négociations commerciales annuelles, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a promis, le 28 février, lors de la session de questions au gouvernement à l’Assemblée, de nouvelles « mesures » pour « contenir l’inflation » sur les produits alimentaires. Le ministre a indiqué travailler « depuis plusieurs jours » sur des « solutions », sans donner plus de précisions. Il doit recevoir, avec la ministre du Commerce Olivia Grégoire, les distributeurs « dans les prochains jours ». « Je présenterai dans les prochains jours des mesures qui, elles, seront efficaces et crédibles et qui permettront une nouvelle fois à la France […] de contenir l’inflation pour nos compatriotes », a poursuivi le locataire de Bercy. Ces mesures seront prises « avec le soutien des distributeurs qui doivent faire — comme le président de la République l’a rappelé — un effort sur leurs marges pour continuer à baisser les prix alimentaires ». Dans une interview accordée à BFM TV, le 20 février, Bruno Le Maire avait indiqué avoir fixé la date du 15 mars comme « date limite pour trouver ensemble une solution opérationnelle sur cette augmentation des prix alimentaires ». Et, ce, tout en ouvrant la porte à l’abandon du panier anti-inflation, dispositif porté par le ministère et vivement critiqué tant par la FNSEA que par l’UFC-Que Choisir.

 

Négociations commerciales : la grande distribution estime les hausses à environ 10 %

À l’issue des négociations commerciales annuelles, les tarifs payés par les distributeurs aux industriels devraient augmenter « d’environ 10 % », a indiqué le directeur général de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD) Jacques Creyssel sur l’antenne de France Info, le 28 février. Les négociations « sont terminées pour les PME, pour toutes les marques qui sont très largement françaises », précise-t-il. Restent les grandes marques qui, d’après le porte-parole des distributeurs, « cherchent à imposer un bras de fer avec des propositions totalement injustifiées de hausses de 15-16 % ». Ces hausses sont « impossibles à accepter dans une période aussi difficile en termes de pouvoir d’achat ». Jacques Creyssel appelle ces acteurs à « participer aux efforts collectifs ». Alors que la clôture est imminente, les négociations sont « extrêmement tendues », a estimé pour sa part sur Radio Classique le porte-parole de Lactalis, Christophe Piednoël. Le géant du lait, qui demande des hausses de tarif entre 9 et 15 %, a « signé avec deux des grands réseaux de distribution sur cinq ». « Chacun doit faire des efforts dans une négociation, certains distributeurs l’ont fait, d’autres semblent moins prêts à le faire », plaide Christophe Piednoël, sans nommer de distributeurs.

 

Escroquerie à la viande chevaline : 24 prévenus condamnés, dont huit vétérinaires

Ils avaient trompé bouchers chevalins et consommateurs en leur vendant une viande impropre à la consommation humaine provenant notamment de chevaux de laboratoire de la ferme Sanofi : vingt-quatre prévenus ont été condamnés, le 28 février, à Marseille, pour une vaste fraude commise il y a dix ans. À l’exception d’un marchand espagnol de chevaux, absent lors des débats et condamné à deux ans de prison dont un an ferme, l’ensemble des peines prononcées contre les 21 autres prévenus sont toutes couvertes par le sursis et s’échelonnent de deux à trente mois. Au-delà des chevaux Sanofi, les prévenus ont fait abattre des animaux qui ne devaient pas l’être pour des raisons réglementaires. L’audience a ainsi établi l’utilisation de passeports de chevaux morts pour fournir des papiers à des animaux n’en ayant pas, ou le recours au faux tampon d’un vétérinaire de Chambéry. Évoquant la « complaisance de professionnels sanitaires », le tribunal a condamné les huit vétérinaires qui étaient jugés à des peines de prison avec sursis allant de deux à six mois. Le procureur Jean-Yves Lourgouilloux avait pourtant requis la relaxe de quatre d’entre eux, estimant que rien n’établissait « qu’on bascule des carences professionnelles vers une intention frauduleuse ». Un euro pour préjudice moral a été alloué à Sanofi, le montant que le laboratoire réclamait.

 

Influenza : le ministère annonce un « repeuplement progressif » dans les Pays de la Loire

Alors que l’épizootie d’influenza aviaire « se stabilise », le ministère de l’Agriculture annonce, dans un communiqué du 28 février, un « repeuplement progressif » dans les Pays de la Loire. « Les remises en place d’animaux dans les élevages débuteront dans les zones les moins denses en palmipèdes dans les prochains jours », précise la Rue de Varenne. Comme pressenti, « les remises en place de palmipèdes resteront interdites jusqu’au 15 mai dans les 45 communes les plus denses » de la zone à risque de diffusion (ZRD) ligérienne. Les mêmes restrictions s’appliqueront aussi « dans un rayon de 3 km autour de 30 élevages à fort enjeu stratégique pour la génétique aviaire » (couvoirs, élevages de reproducteurs). Ce plan a été « concerté avec les interprofessions », rappelle le ministère ; il vise à « prévenir tout nouvel emballement et à protéger les sites sensibles ». Concernant les indemnisations, le ministère annonce une prise en charge à 80 % pour « les exploitations qui seront concernées par des plans de réduction des densités de type « plan Adour » à l’hiver prochain ». Après le Sud-Ouest à l’hiver 2022-2023, les Pays de la Loire envisagent une telle mesure à l’hiver prochain. Enfin, le ministère confirme la revalorisation des barèmes unitaires (VMO, valeurs marchandes objectives) et la baisse du taux des indemnisations après restrictions sanitaires (I2) à 50 %, annoncée aux professionnels le 24 février.

 

Vaccin influenza : le ministère financera « une part du coût de la campagne vaccinale »

Alors que la vaccination contre l’influenza aviaire est attendue pour l’automne, le ministère de l’Agriculture a évoqué, dans un communiqué du 28 février, le « financement d’une part du coût de la campagne vaccinale à venir ». Selon une étude commandée par les filières avicoles fin 2022 (voir notre article dans Agra Presse hebdo), ce coût pourrait osciller entre 35 M€ et 330 M€ selon les scénarios retenus (espèces protégées, zones et durées). Une enveloppe qui cumule le prix des produits, de la main-d’œuvre (application et visites vétérinaires), et du suivi (analyses). Demandée par les professionnels, la prise en charge de la vaccination est citée parmi d’autres mesures nécessaires pour « franchir avec succès les prochaines étapes importantes d’ici l’été » : résultats de l’expérimentation sur les canards (mars), élaboration de la stratégie vaccinale (mai), ou encore « échanges avec les partenaires commerciaux au niveau international » afin de sécuriser l’export. Selon la CFA (aviculteurs, FNSEA), le ministère serait sur le point de précommander des doses de vaccins, étant donné le délai nécessaire pour les produire. Une information non confirmée à cette heure par le ministère.

 

Crise du bio : Matignon confirme les 10M€, et lance un groupe de travail sur la restauration

Après ses discussions avec le Caf, de la Confédération paysanne et de la Coordination rurale le 27 février, l’entourage d’Élisabeth Borne confirme à Agra presse que « la Première ministre a bien annoncé un plan d’urgence de 10 M€ pour l’agriculture biologique », en incluant des aides à la trésorerie. La Première ministre aurait, à cette même occasion, estimé que « l’État doit être davantage exemplaire sur le bio » dans ses propres services de restauration. Un groupe de travail, souligne Matignon, sera par ailleurs lancé par Marc Fesneau et Christophe Béchu « pour encourager le bio en restauration collective et restauration hors domicile ». Partageant les critiques de nombreux acteurs, le président de l’Agence bio et référent bio des chambres Loïc Guines estime que le montant annoncé revient « presque à se moquer du monde ». « Les filières laitières et porcines ont calculé des pertes de plusieurs dizaines de millions d’euros », rappelle-t-il. Loïc Guines, qui a échangé avec Christophe Béchu sur le salon le 28 février, invite par ailleurs le ministère de la Transition écologique « à accorder plus de moyens à l’agence et au développement de la bio en général ».

 

Crise du bio : Fnab et Conf' manifestent au Salon pour demander 300 M€

À l’occasion d’une manifestation au Salon de l’agriculture le 28 février, la Fnab et la Confédération paysanne ont dénoncé ensemble le « mépris » du gouvernement après l’annonce d’une aide à la trésorerie de 10 M€. « Les paysans ont besoin au minimum de 300 M€ pour retrouver de l’oxygène », a affirmé Nicolas Girod, porte-parole de la Confédération paysanne. Ce montant représenterait le double des pertes déjà identifiées par les interprofessions (59 M€ en lait, 30 M€ en porc, et 60 M€ pour Interfel), et se rapprocherait des 270 M€ accordés à la filière porcine début 2022. « Ce gouvernement qui débloque si facilement de l’argent pour les autres filières nous répond de manière anecdotique et méprisante, au risque de mettre des paysans et paysannes en danger », assène Nicolas Girod. « Le gouvernement est incohérent avec ses engagements », fustige de son côté Philippe Camburet, président de la Fnab, soulignant au passage que « la Pac n’a pas pris en compte la bio et ses aménités positives ». Un travail sur un ensemble de propositions politiques, rappelle-t-il, a été mené de façon collective et inédite par l’ensemble des acteurs de la bio, « sans recevoir aucune réponse ».

 

Lait bio : « l’année 2023 sera pire que 2022 » pressentent les représentants de producteurs

« L’année 2023 sera pire que 2022 » pour les producteurs de lait bio, pressent le président de la FNPL (producteurs de lait, FNSEA) Thierry Roquefeuil qui s’exprimait à l’occasion d’une conférence de presse, le 28 février, au Salon de l’agriculture. La hausse des prix en rayon pourrait accentuer la baisse de consommation de produits laitiers bio, tandis que la collecte devrait rester stable. Ce qui fait dire au syndicat que les déclassements (lait bio vendu comme du lait conventionnel) vont « continuer à croître » alors même que les cours mondiaux des ingrédients laitiers sont « en chute libre ». « Le déclassement pourrait coûter plus cher aux opérateurs d’ici mi-2023 » et ces derniers « pourraient ne pas pouvoir maintenir le prix du lait bio », analyse la FNPL. « Vous ne pouvez pas nous laisser en rase campagne dès qu’il y a des difficultés », a déclaré Thierry Roquefeuil à l’attention des pouvoirs publics. « Le politique n’est pas au rendez-vous sur la bio », poursuit-il, alors que le gouvernement vient d’annoncer une aide de 10 M€ toutes filières confondues, en deçà des attentes. Le syndicat insiste sur la nécessité d’un soutien de l’État pour traverser la crise. « Si les producteurs continuent de se déconvertir, voire d’arrêter le métier, on va manquer de bio à nouveau dans deux ou trois ans », alerte Thierry Roquefeuil.

 

Lait : les OP auront bientôt accès aux données de qualité de leurs adhérents (FNPL)

Les organisations de producteurs (OP) pourront bientôt recevoir les données laitières de leurs adhérents grâce à une convention signée directement avec les laboratoires d’analyse, informe la FNPL (FNSEA, producteurs laitiers) à l’occasion d’une conférence de presse au Salon de l’agriculture, le 28 février. « Les laboratoires sont déjà en capacité de le faire », indique le trésorier du syndicat et membre du collège « producteurs » à l’interprofession, Yohann Barbe. Le service sera gratuit pour les OP. « Les données appartiennent aux producteurs, il est hors de question que les OP payent derrière », explique-t-il. Le partage de ces données servira à travailler sur « l’amélioration de la qualité du lait », mais aussi à donner des arguments supplémentaires aux OP lorsqu’elles négocient avec leurs acheteurs. « L’objectif est d’avoir la même information que l’industriel sur la qualité du lait », explique Yohann Barbe. Les données brutes auxquelles auront accès les OP leur permettront de faire des comparatifs qualité, mais ne seront pas traitées sur un format « paye ». Pour pouvoir travailler sur la facturation, il faudra attendre la refonte du logiciel de consultation des résultats d’analyse Infolabo, prévue au mois de juin. Cependant l’accès des OP à Infolabo sera conditionné à un accord interprofessionnel, étant donné la récente intégration des OP au sein du Cniel.

 

Lait : face à la baisse des prix, l’EMB et ses alliés insistent pour une régulation des volumes

Dans la ligne historique des trois organisations alliées, l’EMB (European Milk Board), la Coordination rurale et l’Apli ont appelé, le 28 février, à une régulation des volumes au niveau européen afin de « freiner l’augmentation des volumes sur le marché laitier » et ainsi enrayer la baisse du prix du lait, déjà observée dans certains pays européens. « Après un épisode bref et exceptionnel de prix particulièrement rémunérateurs, une augmentation des volumes de lait et un recul de la demande contribuent à un déséquilibre néfaste sur le marché », soulignent les trois organisations. « Depuis le début de l’année, nous observons en Allemagne une chute du prix du lait. Les laiteries annoncent des baisses pour les prochains mois », cite par exemple le président danois de l’EMB, Kjartan Poulsen. « Dans six mois ce sera chez nous, alerte le président de l’Apli, Adrien Lefèvre. On voit la vague arriver, il faut agir tout de suite pour la casser ». L’EMB, qui fédère des producteurs de seize pays européens, prévoit d’envoyer un courrier à la Commission européenne pour demander au MMO (observatoire du marché du lait) d’engager « dès maintenant des mesures de réduction des volumes appropriés ».

 

Lait de montagne : renouvellement du groupement d’intérêt scientifique sur les fromages IG

À l’occasion du Salon de l’agriculture, les sept partenaires* du groupement d’intérêt scientifique « GIS Filières fromagères sous IG » ont renouvelé pour cinq ans la convention de partenariat qui unit acteurs économiques et du monde de la recherche autour de la valorisation des filières fromagères sous indication géographique de la région Auvergne-Rhône-Alpes et du Massif central (21 AOP). L’objectif du GIS, créé en 2018, est « d’accompagner les filières fromagères dans leur développement ». « En pratique, le GIS est l’instance qui permet de formaliser les questionnements des filières fromagères sous IG, de mobiliser les compétences scientifiques pour instruire et traiter les questions posées à la recherche, de valider les méthodes et les résultats, puis d’organiser le transfert des innovations auprès des professionnels des filières », indique un communiqué. Il a pour ambition de devenir « un acteur de référence au niveau national et européen ».
*Pôle fromager AOP Massif central, Ceraq (centre de ressources pour l’agriculture de qualité de montagne), Inrae, VetAgro Sup, Université Clermont-Auvergne, Chambre d’agriculture Auvergne-Rhône-Alpes, Institut de l’élevage (Idele)

 

Outre-mer : l’agriculture au menu du prochain Comité interministériel

À l’occasion d’une conférence de presse organisée par l’Odeadom (établissement de développement agricole d’outre-mer) le 28 février, Joël Mathurin, le directeur du cabinet du ministre délégué à l’Outre mer, a annoncé que les « trajectoires » territoriales d’autonomie alimentaire, qui devaient être présentées au Salon de l’agriculture, sont finalement attendues pour le printemps. Elles devraient être présentées à l’occasion du prochain comité interministériel des outre-mer (Ciom), où « l’agriculture sera abordée », a-t-il précisé. Le délégué interministériel à la transformation agricole des outre-mer Arnaud Martrenchar rappelle à Agra Presse que ce comité interministériel est propice à la prise de décisions ; plus d’une centaine avait été annoncée lors de sa précédente réunion en 2009. À la suite des déclarations du président de la République en 2019 à La Réunion, les préfets d’outre-mer doivent définir des « trajectoires de couverture des besoins » alimentaires, filière par filière. À l’occasion de son déplacement, Emmanuel Macron avait en effet fixé pour objectif aux territoires d’outre-mer de viser « l’autonomie alimentaire » à horizon 2030. Depuis, des « comités de transformation agricole » ont été constitués par les préfets concernés, qui ont abouti à la réunion d’un comité national en décembre 2020, puis à des « synthèses territoriales » délivrées par les préfets en 2021, qui doivent désormais donner lieu à des feuilles de route.

 

Foncier : en Guadeloupe, 42 ans après la réforme foncière, besoin d'« état des lieux »

« Il faut faire un état des lieux sans complaisance de l’état de l’agriculture en Guadeloupe », a demandé le directeur de la Safer, intervenant dans l’assistance d’une conférence de l’Odeadom (développement agricole de l’Outre-mer), le 28 février au Salon de l’agriculture. « Presque l’ensemble des structures sont détenues par des gens proches de la retraite, proches de la faillite, qui ne continuent que pour continuer de toucher les aides. Pendant ce temps, la production agricole chute », a-t-il ajouté. Rodrigue Trèfle a rappelé que l’île des Antilles a été l’objet d’une importante réforme foncière en 1981 qui avait permis d’installer plus de 600 agriculteurs sur 7000 hectares d’anciens domaines sucriers. Pilotée par la Safer, elle a mené à la constitution de nombreux groupements fonciers agricole (GFA), détenus à 60 % par des opérateurs institutionnels (Safer, Crédit Agricole, conseil départemental). L’agriculture ultramarine est marquée par un vieillissement plus rapide des actifs que la métropole, selon l’Odeadom. Ces dix dernières années, la moyenne d’âge y a augmenté de trois ans (à 53 ans), contre un an seulement dans l’Hexagone (à 52 ans). Comme l’ensemble des départements d’outre-mer, la Guadeloupe doit faire l’objet d’une trajectoire visant à l’autonomie alimentaire, qui doit être présentée au printemps.

 

Foncier : la Safer Occitanie épinglée par Mediapart sur des opérations dans le Tarn

Dans un article publié le 28 février, Mediapart épingle la Safer Occitanie sur des opérations foncières dans le Tarn. Son enquête montre « des fermes empêchées de se consolider », au profit du déploiement d’une carrière ou de l’agrandissement d’une grosse exploitation. À Montredon-Labessonnié, une ferme bio de 70 ha s’est vue refuser l’achat d’une parcelle de 6 ha toute proche. La transaction a été conclue bien au-dessus des prix observés localement, trois fois plus cher, selon Mediapart. C’est une carrière voisine qui a acheté le terrain en janvier. Il doit être loué à la société Tarn Enrobés, pour y installer une usine de recyclage de goudron. Autre exemple, un projet d’installation en bio et vente directe à Aiguefonde. Trois jeunes, non issus du milieu agricole, comptaient y reprendre une ferme en location par l’intermédiaire de Terre de liens. Face à eux, une grosse exploitation voulait acquérir une partie des terres pour monter un méthaniseur. Et un des cédants prévoyait une clause dans la vente, afin que l’acquéreur l’embauche jusqu’à la retraite. Fin septembre, la Safer a tranché : 12 ha sont attribués à la grosse exploitation. Ne reste pour les trois jeunes que 36 ha de la ferme cédée plus quelques parcelles.

 

LOA : des associations appellent à mieux réguler le foncier face à l’essor des sociétés

Plusieurs appels d’associations visent à mieux réguler le foncier, en contrant l’essor des sociétés. Terre de liens veut renforcer la loi Sempastous, les Amis de la terre plafonner les surfaces. Dans un rapport publié le 28 février, le mouvement Terre de liens pointe les « sociétés financiarisées » (du type SCEA, SA). Elles semblent échapper à la régulation du foncier. En vingt ans, la part des terres exploitées par ces sociétés (hors Gaec et EARL) est passée de 7 % à 14 % de la SAU, d’après l’étude. Un tiers d’entre elles ne sont pas contrôlées par des associés exploitants, la structure pouvant fonctionner avec uniquement des salariés. Terre de liens réclame, à l’occasion de la loi d’orientation agricole (LOA), un renforcement de la loi Sempastous de 2021, censée réguler le foncier à travers un contrôle des parts de sociétés. Dans un autre rapport publié le même jour, les Amis de la terre dénoncent aussi un « accaparement » des terres, au profit de l’agro-industrie et des agri-managers. L’association propose, au sein de la LOA, un plafonnement à 300 hectares de la surface agricole qu’une même personne physique peut contrôler.

 

Installation : la Conf' manifeste sur le stand du ministère, contre la répartition du Casdar

« Plus de Casdar pour le Fadear ! ». La Confédération paysanne a investi ce 28 février le stand du ministère de l’Agriculture avec chansons et banderoles pour réclamer plus de fonds pour les parcours alternatifs d’installation du Fadear, réseau proche du syndicat. Selon les calculs de la Conf', les Adear accompagneraient près de 30 % des installations aidées, mais ne recevraient que 0,1 % des 130 M€ de fonds Casdar. « La FNSEA et les chambres se gavent ! » a dénoncé Nicolas Girod, porte-parole du syndicat. Alors que les concertations sont lancées pour la loi d’orientation agricole (LOA), la Confédération paysanne estime qu’une plus juste répartition des fonds « permettra d’installer plus de paysans et mener des transitions ». « En poursuivant avec la même logique, nous aurons demain cent ou deux mille agrimanagers, et tout le monde aura les larmes aux yeux », s’est agacé Nicolas Girod. Dans un rapport publié en janvier 2022, le CGAEER (ministère de l’Agriculture) avait souligné « l’incapacité actuelle du dispositif national à accueillir tous les porteurs de projets ». « Des postures trop affichées, la faiblesse des partenariats avec les acteurs minoritaires, l’étroitesse et parfois la rigidité des offres de formation […] conduisent inévitablement certains candidats à rechercher d’autres offres », notaient les inspecteurs.

 

Biogaz : la filière appelle les grands méthaniseurs à « anticiper » leur audit

À l’occasion du salon de l’Agriculture, plusieurs parties prenantes de la méthanisation, dont le GRDF, France Gaz Renouvelables et l’Association des agriculteurs méthaniseurs de France (AAMF) ont abordé la question de certification Red II, et de la « complexité administrative » de constituer leur dossier pour les porteurs de projet. Ils appellent ces derniers à « anticiper la programmation de leur audit ». Depuis 2018, la directive européenne Red II impose des critères de durabilité et de diminution de gaz à effet de serre pour les producteurs d’énergie renouvelables dans les domaines du chauffage et de l’électricité. Or les unités de biogaz les plus puissantes souhaitant bénéficier du tarif public d’achat en France ont l’obligation à partir du 1er juillet 2023 de se soumettre à un audit annuel. Lors de sa conférence de presse le 14 février, l’AAMF s’était d’ailleurs montrée inquiète que l’outil en ligne du ministère permettant cette certification ne soit « toujours pas mis en place ». D’autant plus, que « la constitution d’un dossier comprend des calculs complexes, notamment lorsque le mix d’intrants utilisés est important », admet Vincent Jean-Baptiste, responsable des affaires agricoles chez GRDF. À ce propos, Cécile Frédéricq de France Gaz Renouvelables a rappelé le lancement début février d’une plateforme de suivi et de calcul, à disposition des méthaniseurs et des auditeurs.

 

Climat : les interprofessions du lait, de la viande et des céréales lancent leur décarbonation

Intercéréales, le Cniel et Interbev ont signé ce 28 février le lancement de leurs feuilles de route sur la décarbonation en présence des ministres de l’Agriculture et de la Transition écologique. « Il faut que vous montriez ce que vous avez déjà fait, mais également votre capacité à stocker du carbone supplémentaire », a invité Marc Fesneau. Le travail durera un an, mais les trois filières devraient remettre des éléments préliminaires dès le mois de juin, en prévision de la loi d’orientation et d’avenir (LOA) et de la loi énergie-climat. « Les objectifs seront ceux de la stratégie nationale bas carbone » (SNBC), assure-t-on chez Intercéréales, alors que les premières modélisations sur la SNBC révisée envisagent 20 % de bio en grandes cultures, ou un doublement des couverts d’intercultures. Pour le Cniel, la feuille de route « visera à déployer Cap2ER », prévoit Ghislain de Viron, président du collège producteur. Selon le Cniel, environ 36 % des fermes auraient déjà mené ce diagnostic climat développé par l’Idele. Alors que la SNBC prévoit d’augmenter la part d’élevage bovin herbager de 28 % en 2020 jusqu’à 64 % en 2050, Ghislain de Viron prévient en revanche que « réduire la production ou le cheptel ne sont pas des options ». « Nous allons continuer à travailler sur l’alimentation, les animaux improductifs, ou les bâtiments, tout en avançant sur l’adaptation », prévoit le producteur laitier.

 

PAT : le réseau national va retravailler sa gouvernance et ses missions

Le président de Terres en villes Laurent Duval a annoncé, au Salon de l’agriculture le 28 février, que son association travaille à une « gouvernance pérenne et renouvelée » du réseau national des projets alimentaires territoriaux (RNPat), dont elle est l’animatrice avec les chambres d’agriculture. Une concertation va être lancée à cette fin le 14 mars. Mission leur a été donnée par le ministère de l’Agriculture de « faire passer le réseau RNPat à l’échelle supérieure », avec trois objectifs, précise-t-on chez Terres en villes : une « gouvernance élargie », un plus grand nombre de membres, et une redéfinition des missions. Le RNPat doit aussi travailler « à normaliser ce qu’est un PAT », ajoute Laurent Duval. Historiquement très hétérogènes, les PAT les plus récents, soutenus par le Plan de relance, étaient moins tournés vers l’écologie que les précédents (voir notre article dans Agra Presse hebdo). L’annonce a été faite à l’occasion de la remise de la déclaration de Nantes (voir cet Agrafil) au ministère de l’Agriculture. Un représentant de la DGAL (ministère) a indiqué que la Direction de l’alimentation était « prête à travailler » avec les signataires. En septembre, à Nantes, plusieurs métropoles de gauche avaient signé une déclaration exigeant de reconnaître « dans le droit et les moyens accordés par l’État » le rôle de « coordination » des métropoles en matière d’alimentation.

 

Amandes : la Compagnie des amandes accroît son verger à 350 ha

La Compagnie des amandes (CDA) a finalisé la signature de 10 nouveaux vergers pour un total de 120 ha, annonce un communiqué le 28 février. Cela porte « à près de 350 ha » le parc d’amandiers de la société cofondée par l’ancien ministre Arnaud Montebourg. Les nouveaux vergers sont répartis « de manière équilibrée » entre les régions Provence-Alpes-Côte d'Azur et Occitanie. Dans cette dernière, la CDA s’implante pour la première fois dans le Gard et les Bouches-du-Rhône. Fin avril, le directeur général de la CDA François Moulias avait confié à Agra Presse avoir « beaucoup de projets dans les Pyrénées-Orientales et dans le Gard » et vouloir « dépasser la barre des 500 ha » à fin 2022. Un objectif qui pourrait être bientôt atteint car « 400 nouveaux hectares sont en étude » grâce au partenariat signé en octobre avec la coopérative Arterris. « Même si tous les dossiers ne satisferont pas les exigences agronomiques et techniques de la plantation de vergers, le flux entrant devrait permettre assez rapidement de doubler le nombre d’hectares plantés pour la Compagnie des Amandes », indique le communiqué.

 

Bovins viande : la blonde d’Aquitaine veut mieux se faire connaître

Après une première mouture qui s’achève fin mars, la race blonde d’Aquitaine reconduit son programme de promotion européen en France et en Italie pour trois ans, a-t-on appris lors d’une conférence de presse au Salon de l’agriculture le 28 février. Intitulé European Beef Excellence, ce projet cofinancé par l’UE bénéficiera d’un budget global de 1,7 M€ (légèrement supérieur au précédent). Ciblant les consommateurs et les professionnels (éleveurs, bouchers, médias), le programme prévoit notamment des spots sur M6 visibles jusqu’au 8 mars, ainsi que des campagnes sur les réseaux sociaux, des formations et dégustations, ou encore des participations à des événements. Le but : « Accroître la notoriété » de la troisième race allaitante en France (un million de têtes) en mettant en avant son côté « rustique » et ses qualités bouchères et gustatives. « Nous nous sommes rendu compte que la blonde d’Aquitaine est peu connue au-delà de son berceau du Sud-Ouest », explique Pierre Burgan, président de France Blonde d’Aquitaine sélection (OS). Le programme 2023-2026 vise à atteindre une notoriété de 8,21 % en France (et 9,51 % en Italie), contre 4,5 % (4,9 % en Italie) en mars 2022.

 

Un nouveau baromètre pour décrypter les comportements des agriculteurs

Le groupe d’information Réussir-Agra et l’entreprise de vente en ligne Agriconomie, en collaboration avec BVA, vont lancer le 1er mars un baromètre pour mieux comprendre comment les agriculteurs acquièrent de nouvelles connaissances et compétences, et comment cela alimente leur stratégie d’entreprise. Ce baromètre, nommé Prism, a permis d’identifier cinq typologies d’agriculteurs en fonction de leur comportement et de leur vision du métier, à partir d’une enquête réalisée en ligne auprès de 1 760 agriculteurs représentatifs de la population agricole française, entre le 20 décembre et le 9 janvier. Cette enquête met par ailleurs en évidence que la maîtrise du temps de travail est la priorité majeure des agriculteurs interrogés : 48 % d’entre eux la citent comme principale priorité pour leur exploitation, suivie par la recherche d’une augmentation de l’autonomie de l’exploitation (citée par 43 % des enquêtés) et une amélioration de leurs connaissances techniques (41 %).

 

Investissement : Jean-Pierre Paillot nouveau dg de la Fondation Avril

Le conseil d’administration de la Fondation Avril a nommé Jean-Pierre Paillot au poste de directeur général le 23 février, annonce l’organisation dans un communiqué le 27 février. Le nouveau directeur prendra ses fonctions le 3 avril, succédant à Philippe Leroux, qui a piloté la fondation « depuis sa création en 2015 ». Diplômé de l’Essec, M. Paillot était directeur général de Mixscience (nutrition animale) depuis 2014, après avoir été nommé directeur du déploiement international du groupe Avril en 2012. Avant cela, il avait exercé des responsabilités chez HSBC France et dans l’aluminium au niveau international (Pechiney, Alcan, Rio Tinto). En France, la Fondation Avril « accompagne la transition agricole » et intervient dans la « promotion d’une alimentation saine et durable ». Présente en Afrique, elle « souhaite [y] contribuer à son autonomie en protéines » (structuration des filières, initiatives agroécologiques).

 

Légumes de France : le président Jacques Rouchaussé s’apprête à passer la main

Après onze ans passés à la présidence du syndicat Légumes de France (producteurs de Légumes, FNSEA), Jacques Rouchaussé s’apprête à passer la main après le prochain congrès national prévu dans le Finistère, les 16 et 17 novembre. « Ce sera mon dernier congrès, et je remercie mes amis bretons de pouvoir m’accueillir chez eux pour [le] faire », a annoncé Jacques Rouchaussé sur le stand de Savéol au Salon de l’agriculture le 27 février. L’évènement sera co-organisé par la Coopérative maraîchère de l’Ouest (marque Savéol) et l’AOP Cerafel (marque Prince de Bretagne), dans le fief de cette dernière à Saint-Pol-de-Léon. Les deux grandes thématiques abordées seront la ressource en eau et la transmission d’exploitation, a indiqué Jacques Rouchaussé. « Entre 300 et 400 congressistes » de toute la France et des outre-mers sont attendus, selon un communiqué. En parallèle du congrès, un village Légumes dans la ville sera installé sous un chapiteau avec des animations à destination des scolaires, a précisé le président de Savéol Pierre-Yves Jestin.

 

Lait : Benjamin Guillemet prend la direction de la FNPL

Le chef du service « économie des filières » de la FNSEA depuis 2018, Benjamin Guillemet, prendra la direction de la FNPL (section des producteurs de lait) à partir du 2 mai. Entré à la FNSEA en 2015, il est expert de l’organisation économique des producteurs et des relations commerciales dans la chaîne alimentaire. Il a notamment suivi « le dossier Egalim depuis les États généraux de l’alimentation jusqu’à la proposition de loi Descrozaille », indique la FNPL.