Exploitations vitivinicoles
La licence pro qu’il vous faut

Ariane Tilve
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La licence professionnelle de conduite stratégique de l’exploitation vitivinicole a vu le jour à la demande de la profession, selon Claire Desseigne assistante administrative et pédagogique pour l’Institut Jules Guyot (Dijon). Mais pas besoin d’aller en Côte-d’Or pour suivre cette formation proposée à l’Université de Bourgogne de Mâcon.

La promotion 2023 - 2024 lors d'une sortie mercredi 14 février.
La promotion 2023 - 2024 lors d'une sortie mercredi 14 février.

Claire Desseigne insiste, cette formation, qui n’est proposée qu’en alternance, est à l’origine une demande de la profession. « Il existe en effet des formations en viti-œno, en marketing, mais il n’y avait pas grand-chose en gestion d’une exploitation vitivinicole ». La majorité des cours de cette licence sont liés à la finance, au juridique et au marketing avec huit unités d’enseignements qui vont de la production œnologique et viticole à la gestion des ressources humaines commerciales et économiques en passant par l’anglais appliqué à l’activité vitivinicole, essentiel pour d’éventuelles exportations. Sur les 483 heures de cours dispensés, examens compris, ʺseulsʺ 150 sont destinées à la viticulture et l’œnologie. « La force de cette licence est que les cours sont dispensés par une cinquantaine de professionnels, à deux exceptions près. Ce sont des consultants viticoles, des conseillers de la chambre, etc. ». Les jeunes diplômés reprendront, pour la plupart, une exploitation. D’autres intégreront le personnel d’encadrement d’une entreprise de la filière vitivinicole, deviendront conseiller technico-économique d’une exploitation ou participeront aux instances professionnelles vitivinicoles, comme les organisations syndicales ou les comités interprofessionnels.

Alternance

L’alternance se fait tous les 15 jours : deux semaines au sein de l’entreprise, puis deux semaines en cours en présentiel. Un rythme ponctué de journées thématiques comme celle que Claire Desseigne organisait ce mardi 6 février, sur le thème de la bio et du HVE. Il s’agit d’exposer aux étudiants tous les avantages, les contraintes, mais aussi les éventuels débouchés en termes de gestion de l’exploitation, d’image, de marketing. D’autres journées sont dédiées à des thématiques aussi actuelles que l’incontournable RSE. « On tient compte aujourd’hui, et de plus en plus, notamment avec une sortie au Château de l’éclair, en janvier, pour une illustration concrète d’avancée dans un domaine RSE », confirme l’assistante pédagogique. D’autres journées sont également dédiées aux aléas climatiques, entre autres sujets. Théoriquement, le contrat d’alternance cours de la rentrée, en septembre, à la soutenance, en juillet. Mais la nature même de la filière impose, la plupart du temps, un contrat d’un an dès la mi-août, en fonction des vendanges. L’alternance ne concerne pas uniquement les travaux de la vigne et de la cave, surtout pour ceux qui restent dans la même structure que celle qui les a accueillis en BTS VO. Un temps de travail spécifique doit être alloué dans les différents services administratifs et commerciaux afin de pouvoir collecter un maximum d’informations pour réaliser les nombreux audits. Enfin, pour les toutes petites structures où le viticulteur s’occupe de tout, c’est à lui de dégager du temps pour travailler avec l’étudiant au bureau. Attention, l’alternance dans son domaine familial n’est pas recevable !

Définir un projet stratégique

L’objectif de cette licence en alternance est de permettre à l’étudiant de définir un projet stratégique pour l’exploitation sur laquelle il travaille. Il peut par exemple se pencher sur les cépages résistants, la gestion de l’eau ou encore la bio ou la HVE. Mais les plus courants sont des projets marketing qui concernent par exemple le packaging. Pour évaluer l’évolution de l’apprenti, le contrôle continue qui constitue la moitié de sa note finale, est constitué de quatre audits intermédiaires. Il s’agit d’être capable d’analyser les forces et les faiblesses de l’exploitation (méthode marketing SWOT) ; d’identifier les opportunités et les menaces de l’entreprise qui l’accueille, mais aussi et surtout d’être force de proposition sur les points d’analyses. Ces quatre audits portent sur la Vigne et le chai ; le marketing ; les ressources humaines ; les finances. La seconde moitié de la note résulte de la soutenance de son mémoire de fin d’études. Un mémoire d’environ 50 pages comprenant un audit transversal de l’entreprise et un projet stratégique, défini en début d’année entre l’apprenti, le tuteur en entreprise et le responsable pédagogique. « Ce projet final doit tenir compte de toutes les corrections apportées au long des quatre audits intermédiaires » insiste Claire Desseigne. En clair, l’étudiant doit apprendre à diagnostiquer les potentialités de production offertes par l’environnement naturel du vignoble ; choisir le matériel végétal et un itinéraire technique en adéquation avec les objectifs de production de raisin ; choisir un itinéraire technique de production vinicole en adéquation avec les objectifs de production de vin ; diagnostiquer la cohérence de l’outil de production au vignoble et au chai ; analyser les coûts de production au vignoble et au chai d’une exploitation vitivinicole ou encore mettre en place une étude de marché.

Les candidatures seront ouvertes dès le mois avril et durant un mois environ sur la plateforme web : e-candidat. Une première sélection de 40 dossiers est effectuée sur une moyenne de 70 à 80 demandes (CV + lettre de motivation). Ces 40 sélectionnés sont ensuite reçus en entretien et il n’en restera que 20 pour la licence.

Pour toute information complémentaire, contactez Claire Desseigne par mail à claire.desseigne@u-bourgogne.fr ou par téléphone au 06.64.35.47.30