Comité orientation transmission installation
Plein d’options possibles pour entrer dans le métier

Cédric Michelin
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Le 20 février à la Ferme de Jalogny, Le Comité d’orientation transmission installation (Coti) se réunissait pour faire le bilan d’une année 2023. Depuis la reprise au 1er janvier 2023 des aides européennes à l’installation par la Région Bourgogne-Franche-Comté, est-ce que le parcours à l’installation a changé ? Oui et non. Eléments de réponse.

Plein d’options possibles pour entrer dans le métier

Pour le président du Coti, Joffrey Beaudot, le Point accueil installation (PAI) reste toujours la principale « porte d’entrée » en Saône-et-Loire pour exercer ensuite le métier d’agriculteur. Un « premier contact » pour les porteurs de projets qui souhaitent « s’orienter » dans les démarches ou dans les filières locales. Ce rendez-vous est donc fort utile « pour des réponses personnalisées », y compris si le porteur ne fait pas appel forcément aux aides ensuite.

Agrilib, le Doctolib des jeunes agriculteurs

Depuis l’an dernier, il est possible de prendre rendez-vous directement en ligne, via la plateforme web Agrilib qui indique les créneaux libres, ou bien par téléphone (06.37.23.61.99). Pour Maxime Bonnot, en ligne, « c’est simple et on voit les créneaux disponibles », se félicite-t-il de l’adoption rapide avec déjà un rendez-vous sur deux pris via le web. Reste que le PAI a moins accueilli de candidats en 2023. 257 accueils ont été réalisés en 2023 dont 227 premiers accueils. 66 % des candidats sont désormais des hors-cadre familiaux. 58 % sont des hommes, donc 42 % des femmes, et la moitié a moins de 30 ans. Les projets se tournent « presque à 50-50 » entre productions animales et végétales, « bien réparties ». Grandes cultures, cultures fourragères… restent en tête côté végétal tandis qu’un tiers de bovins viandes est plébiscité côté animal. Les circuits de valorisation se rajoutant ne sont pas oubliés : avec 13 % de projets AB et même 31 % de commercialisation en vente directe. « Il s’agit là des intentions lors du PAI, pas forcément la réalité des installations à la fin », précisait Maxime Bonnot.

Tester le métier

Étape suivante, dans un schéma classique d’installation, le candidat peut être intéressé par une phase d’émergence » de son projet, indiquait Christine Laugâa. Une « immersion » dans le monde agricole peut donc lui être utile. Au niveau de la région BFC, un projet Européen rentre en « phase de test » avec de nombreux acteurs, annonçait Gaël Pellenz, conseiller chambre. L’objectif étant de permettre à des personnes en reconversion professionnelle, « avant de se lancer dans des démarches ou formations agricoles », de venir « découvrir et tester le métier » sur une période de trois mois au total avec trois périodes de stage sur 2-3 exploitations différentes, le tout entrecoupé par des périodes de formations « pour imaginer et construire le projet » ou acquérir des gestes techniques. À l’issue de ce temps, le candidat a donc bien eu le temps de « décider » si son projet « est conforme » à ce qu’il avait imaginé. Une dizaine de stagiaires en Bourgogne-Franche-Comté vont étrenner ce parcours de « reconversion professionnelle » en 2024.

Pour ceux qui sortent d’une formation agricole, une autre façon de « tester » le métier avant de se lancer est de s’inscrire aux stages Start’agri, plus conseillés pour les hors-cadres familiaux. Le « test » en exploitation s’échelonne sur une période de 3 à 12 mois. Trois grandes situations se présentent, soit pour une reprise d’exploitation et ainsi « connaître l’exploitation » avant, soit pour s’associer dans une exploitation, soit via « Start’Agri création » pour « préparer son exploitation sur une partie du temps et sur l’autre partie, travailler chez un tuteur », pour acquérir les compétences techniques. Sur 2023, 13 stagiaires ont bénéficié du dispositif Start’Agri en Saône-et-Loire, que ce soit en caprin, maraîchage, viticulture, bovin… Avec cinq reprises en exploitation individuelle, le dispositif fait ses preuves avec trois de plus installés en association. « Trois ont abandonné en fin de stage en 2023 et cinq sont retournés au salariat soit pour des raisons financières ou humaines », soit que l’idée de départ est butée sur la réalité du travail ou pour des questions de rentabilité. Pour l’élu chambre, Anton Andermatt, Start’Agri peut se rapprocher « d’un des outils » du Gaec à l’essai, que cherche à mettre en place la profession en Saône-et-Loire.

Peaufiner son projet

Les candidats qui souhaitent « approfondir leurs compétences » ont également la possibilité de faire un PPP, un plan de professionnalisation personnalisée. 120 ont été agréés et 93 validés en 2023. « Certains viennent pour se perfectionner sans même vouloir la DJA », remarque Bénédicte Désarménien, conseillère chambre. Dans ce parcours se trouve une sorte d’examen. En 2024, le financement de Certicréa - non obligatoire donc - reste incertain « avec un reste à charge » pour les stagiaires, se désole Gaël Pellenz. Dommage, car les candidats « apprécient » présenter leur projet devant un « jury » d’élus, plutôt là pour conseiller que pour juger.

Une fois que les candidats ont fait leur PPP et la formation Certicréa, en effet, ils sont amenés à passer devant ce jury composé de trois « membres dont deux agriculteurs qui ont déjà plus de deux ans d’expérience », expliquait Océane Guillet, conseillère chambre. En 2023, huit sessions – soit 23 jurys - ont été organisées qui ont vu défiler 98 porteurs de projet. Avec 95 % de réussite (quiz, oral…), ce qui compte surtout lors de la présentation de leur projet est le « moment d’échanges », explique Joffrey Beaudot qui redit qu’il s’agit plus de « réagir à leur projet sans jugement de valeur, en se mettant à leur place pour les avertir sur certains points qu’on estime délicat, comme une charge de travail trop importante » potentiellement, notamment au moment de fonder une famille. De bons conseils « bienveillants ». C’est aussi « enrichissant » pour les jurés, estime Maxime Bonnot qui voit ainsi plein de « projets diversifiés », autres que ces productions. Un appel donc aux professionnels volontaires qui « aiment apprendre ». L’élu chambre, Jean-Jacques Lahaye rappelait l’histoire avec « les CDOA qui étaient frustrants car on n’avait pas d’explication, ni personne pour discuter ou être interpellé sur la façon de mener son entreprise ». Pour Gaël Pellenz, l’exercice est vécu positivement par les candidats « très sérieux », loin de voir cela comme des « leçons » mais bien comme l’assimilation d’expériences de vrais agriculteurs qui s’entend différemment des "mêmes" conseils prodigués par des techniciens.

Être aidé ou pas ?

Dernière étape, les porteurs de projets peuvent aller demander les aides européennes à l’installation. Au 1ᵉʳ janvier 2023, la Région BFC a « repris en main » sur l’instruction des demandes de DJA : de la gestion des avenants jusqu’aux contrôles de fin des engagements, en passant par l’instruction des dossiers, les avenants, les constats d’installations et les suivis mi-parcours.

En parallèle, un nouveau « circuit administratif » a donc été défini, avec justement la suppression des CDOA remplacés par des Comités régionaux de programmation (CRP). Ce qui a toutefois nécessité un « gros travail d’harmonisation » entre toutes les chambres de la région pour « déposer des dossiers qui obéissent aux mêmes règles ». « Pour nous, ce nouveau circuit de gestion a allongé les délais d’instruction », analysait Bénédicte Désarménien. Compter deux mois de délais entre le dépôt d’un dossier et le passage en CRP.

En 2023, 19 installations « féminines » (23 %) ont bénéficié de DJA, un chiffre stable alors que les installations aidées d’hors cadre sont en augmentation (36 sur les 81 demandes de DJA), même si une partie est issue du sérail, mais non en lien direct avec le cédant. La majorité s’installe sous une forme sociétaire : 62 % en Gaec et 9 % en SCEA/STEV. La DJA moyenne en 2023 s’est élevée à 38.434 €. 36 % sont en exploitation à dominante bovins viandes, 21 % avec un atelier complémentaire (équin, ovin, porcin, cultures, vignes…) mais « il y a de plus en plus d’ateliers diversifiés, donc sans production dominante ». Le retour de la catégorie « polyculture-élevage », en somme. maraîchage, plantes aromatiques, viticulture… ne font pas forcément la demande de DJA pour s’installer.

Côté parcours scolaires suivis auparavant, 43 % avaient un bac pro CGEA, 5 % un bac STAV, 19 % un BTSA, 22 % un BPREA et aussi 7 % avaient un diplôme d’ingénieur ou une licence.