Lycée forestier du Velet
Être du bois dont on fait les héros

Cédric Michelin
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Le Lycée forestier du Velet garde le cap. Malgré les rumeurs, plus que jamais, direction et personnels croient en l’avenir de cet outil historique créé par les acteurs professionnels. D’ailleurs, les élèves peuvent en témoigner, une fois le diplôme en poche, il est facile de trouver un emploi ou s’installer, tant le lycée est bien inséré dans son environnement et les élèves, bien préparés aux métiers du bois et de la forêt dès leur sortie.

Être du bois dont on fait les héros

Mais quel « scolyte » a bien pu piquer le lycée forestier du Velet ? Ce dernier fait en effet face à des rumeurs persistantes d’un risque de fermeture ces dernières semaines. Prématuré, répondent tous les protagonistes.

Certes, le lycée du Velet était affaibli, comme un arbre par une sécheresse, en raison de la décision du Conseil Régional de Bourgogne-Franche-Comté de ne pas confirmer de nombreuses formations adultes. Décision qui se croise avec les décisions politiques et budgétaires de la Région, propriétaire des bâtiments. Dès lors, le déjà fragile modèle économique a conduit la DRAAF (Direction régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt) à s’inquiéter sur la pérennité des formations sur le site de Velet.

Reste que cette « non-décision » à de quoi prêter le flanc aux plus perfides rumeurs d’un lycée prêt à être abattu. Mais à Étang-sur-Arroux, la nature a bien des réserves et le lycée du Velet est loin d’avoir dit son dernier mot, quitte à se ramifier par mille et une façons à l’avenir. Premier signe positif, ces formations continues n’ont pas été « réattribuées » et donc rien n’est perdu. C’était tout l’enjeu des réunions de travail qui était engagées à l’heure où les rumeurs ont éclaté dans la presse, alors que le préfet de Saône-et-Loire avait demandé à toutes et à tous, la plus grande discrétion, car lui aussi, veut trouver une solution positive pour ce territoire rural.

Une nouvelle carte de formation à venir

Son directeur, Jean-Philippe Lachaize l’assure : « il y aura une nouvelle carte des formations qui va donner plus de densité au Velet et répondre aux attentes des professionnels ». Il donne donc rendez-vous à tous les amoureux de la nature et aux passionnés des arbres et forêts pour les traditionnelles portes ouvertes du lycée ce samedi 16 mars prochain, de 9 h à 17 h. Les familles et candidats peuvent donc se rassurer, ils trouveront bien une « forêt » de formations à la rentrée 2024 : Baccalauréat professionnel Forêt ou Gestion des Milieux Naturel et de la Faune (GMNF) pour les jeunes élèves et des formations qualifiantes ou diplômantes pour les adultes.

Le lycée du Velet reste en effet la meilleure porte d’entrer pour s’insérer dans la vie professionnelle « car les formations répondent parfaitement aux demandes et aux besoins de la filière forêt et de la filière nature ». Pourquoi casser ce qui marche alors, se demande la quarantaine de personnes, dont la communauté enseignante qui est parfaitement intégrée à son territoire de l’Autunois-Morvan.

Développer l’apprentissage

Jean-Philippe Lachaize veut les rassurer, il se bat – comme d’autres – pour qu’au contraire « de nouvelles formations voient le jour » au Velet. Pour cela, les négociations se poursuivent avec la Draaf et la Région BFC « pour étoffer cette carte des formations, notamment de la voie de l’apprentissage, pour la rentrée 2025 ». Velet pourrait donc largement prendre sa part pour renouveler les générations, notamment sur « des formations de niches », plutôt en une année de formation après le bac. Des formations peu présentes sur le territoire national et qui permettraient d’élargir le vivier de recrutement, notamment pour des personnes en reconversions professionnelles. Une solution parmi d’autres, mais qui laisse croire que le Velet est comme une forêt, en perpétuelle lutte et régénération.

Rumeurs infondées

Et tant bien même, si le lycée devait fermer un temps pour travaux de rénovation ou réhabilitation de certains bâtiments, alors que le Conseil régional a fait chiffrer les travaux, les formations pourraient se poursuivre dans d’autres établissements publics de Saône-et-Loire. Une chance de plus pour les élèves qui pourraient, et avoir une formation forestière et avoir la possibilité de découvrir d’autres productions agricoles notamment. « C’est sur la table », rassure Jean-Philippe Lachaize qui ne lâchera pas les élèves et leurs familles en cours de route.

Si la Présidente du Conseil Régional a évoqué publiquement la piste du SNU (service national universel) comme d’un centre permanent à Velet en cas de transfert des formations, cette piste est aujourd’hui bien prématurée pour en faire un scénario déjà écrit d’avance.

Le Morvan par essence

Une situation qui a le don d’agacer le personnel, très attaché au lycée et à la bonne formation des élèves, dans un cadre serein pédagogiquement parlant. Un collectif du personnel s’est formé pour porter ces messages.

La seule question qui mérite réellement d’être posée est celle des formations forestières en Bourgogne-Franche-Comté qui pour rappel est recouvert par 1,73 million d’hectares de forêt, soit le tiers de sa surface, mais dont le cœur battant est le Morvan, comme tous les Français le savent et le reconnaissent historiquement. Où iraient ces formations forestières ? À Besançon ou à Dijon ? La profession forestière ne le souhaite pas, elle qui connait tous les atouts du Velet et d’Étang-sur-Arroux.

Investir dans ces métiers d’avenir

Surtout que le moment est critique. La filière du bois et de la forêt fait face aux mêmes tensions côté recrutements, emplois, transmissions et installations des entreprises du secteur. D’ici 2030, les effectifs « estimés » en formation ne couvrent que 42 % des besoins de renouvellement de la filière, tous métiers confondus, selon les dernières statistiques du Ministère. Il est donc urgent d’investir pour ces métiers productifs, non délocalisables, répondant aux attentes de la société, permettant le captage de carbone contre le réchauffement climatique, favorable à la biodiversité et qui offrent mille et un débouchés : ameublement, décoration, bâtiments durables…

Plus que jamais l’heure d’investir massivement. « La filière bois et forêt souffre d’un problème d’attractivité et il faut attirer », plaide Jean-Philippe Lachaize qui attend donc que les pouvoirs publics – Draaf et Région en tête – soient à la hauteur de ce défi générationnel, vu que de nombreux forestiers font valoir actuellement leurs droits à une retraite méritée. Velet bénéficie du cadre parfait pour rayonner et attirer sur toute la France et au-delà si l’on pense à Euroforest, événement international tout proche. Velet a le bois dur.