Cru viré-clessé
Retour express gagnant

Cédric Michelin
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Le 26 avril, il ne fallait pas être en retard à l’AG du cru viré-clessé. En une heure chrono, le bilan était fait de façon claire et efficace. A noter le retour réussi du Printemps du cru et des réflexions sur les Vifa, les variétés d’intérêt à des fin d’adaptation.

Retour express gagnant
De g. à d., Fanny Perrier l'animatrice du cru, Benjamin Dananchet, président des viré-clessé, Véronique Lacharme de la CAVB et Alexis Duchet, trésorier.

« Contrairement à 2021, la récolte 2022 fut belle », résumait le président de l’Union des producteurs de viré-clessé, Benjamin Dananchet en introduction. Au foyer rural de Viré, le 26 avril, une cinquantaine de producteurs soufflait donc après avoir l’épisode de gel 2021. Avec 442 ha en production, l’appellation viré-clessé est ainsi passée de 17.292 hl revendiqués pour le millésime 2021, à un rendement moyen de 39 hl/ha et zéro de VCI produit, à 27.105 hl pour le millésime 2022 avec un rendement moyen plus conforme de 61 hl/ha, avec même 803 hl de VCI (volumes complémentaires individuels). « Espérons que nous pourrons faire en 2023 une deuxième belle récolte », rajoutait Benjamin Dananchet. Les marchés dynamiques de l’appellation tirent en effet les stocks vers le bas et les vignerons ne veulent pas revivre le gel 2021, leur faisant perdre des opportunités.

150e édition de la Fête des Grands vins

La dynamique de l’appellation ne doit rien au hasard et résulte du travail des vignerons, du rapport qualité-prix des vins et aussi des actions de promotion de l’Union. Actions qui font « rayonner l’appellation ». Pour la commission communication, Alexis Duchet listait quelques-unes de ces actions. En commençant par une dégustation commentée dans le magazine Bourgogne Aujourd’hui ou dans un numéro de Figaro Vins. À cela se rajoutent des manifestations, à l’image de la Fête des Grands vins de Bourgogne qui se tient à Beaune au moment de la vente aux enchères des Hospices de Beaune. La 150e édition aura lieu cette fin d’année et « il faudra jouer le jeu du côté des échantillons », invitait Benjamin Dananchet qui suit aussi ce dossier à la commission dédiée, présidée par la CAVB qui espère en faire « un très bel événement fin 2023 ».

Alexis Duchet anticipait également avec les Grands jours de Bourgogne 2024 ou le Congrès national des Sapeurs pompiers où 50.000 visiteurs sont attendus à Mâcon. Seule incertitude, les dates étant fixées du 25 au 28 septembre 2024, les vignerons risquent d’être en vendanges à cette date. D’ores-et-déjà « on aura des bénévoles pour faire déguster », a anticipé le cru. À cette date, l’Union devrait aussi pouvoir compter sur deux nouveaux outils de communication avec une vidéo et une carte sur l’appellation.

Le cru remonte dans le petit train

Frantz-Ludwig Gondard faisait lui le bilan du récent Printemps du cru. Le responsable de la manifestation se félicitait de la réussite du weekend malgré une météo peu clémente. Avec 3-4.000 visiteurs, et environ 3.000 verres dégustation vendus, la manifestation est à « l’équilibre », tout comme les comptes de l’Union présentés plus tôt. L’an prochain, le Printemps du cru devrait même faire face à moins de dépenses, puisque les frais de sécurité, normalisés cette année, seront donc moindres l’an prochain. Autre source d’économie, l’emménagement dans la Cité des vins Mâcon est désormais fait.

Le GIEE « L’eau, l’air, la vigne » pourra donc sans mal réaliser l’étude hydrogéologique.

Les Vifa se heurtent aux replis

Le cru viré-clessé avait demandé à Véronique Lacharme, de la Confédération des appellations et vignerons de Bourgogne (CAVB), de faire une rapide présentation des Variétés d’intérêts à fin d’adaptation (Vifa). S’entend par là qu’il peut s’agir de s’adapter au changement climatique, dans toutes ses variantes ou pour respecter des attentes sociétales comme les zones de non-traitement riverains, désormais appelée DSR (distance de sécurité riverains). Huit grands principes sont à retenir. Les Vifa sont encadrés par une directive de l’Inao avec la possibilité ainsi de pouvoir modifier plus rapidement les cahiers des charges. Les Vifa sont alors considérés comme des cépages accessoires dans les cahiers des charges des AOC. Dix variétés maximum par couleur sont autorisées, avec, au choix, des cépages « classiques » ou des variétés résistantes (Voltis, Floreal…). Une bibliographie a été réalisée par le BIVB pour savoir quels sont les plus proches des vins de Bourgogne en termes de typicité notamment. Attention toutefois, il ne sera pas possible d’en planter plus de 5 % de l’encépagement de l’AOC par exploitation. Derrière, les vins – obligatoirement assemblés dans une AOC – ne doivent pas dépasser 10 % maximum de l’assemblage.

Une appellation peut dès à présent choisir de faire une « expérimentation », courant sur une période de dix ans, suite à une convention tripartite (exploitant/ODG/Inao) et un suivi par un organisme technique. « C’est une réflexion que nous avons au bureau et au conseil d’administration. Nous ferons un sondage par courrier ou par mail auprès des producteurs durant l’année pour savoir si cela les intéresse », prévenait déjà Benjamin Dananchet.

Car, rien n’est facile pour autant. Avec une quasi-production en AOC, la Bourgogne a en effet la « petite particularité » d’avoir une « grande hiérarchie », rappelait Véronique Lacharme. Derrière, se cachent les replis possibles entre appellations et donc la nécessité de se concerter sur le choix des Vifa, pour ne pas s’enlever de possibilités. « Des réflexions sont en cours avec les appellations bourgogne et mâcon », notamment, informait Véronique Lacharme. « Les parcelles devront être identifiées, pour marquer le caractère expérimental, pour rester dans le cadre de l’appellation », précisait-elle, pour bien faire comprendre que sinon, la parcelle pourrait être déclassée en vin sans IG. Même si les IGP de Saône-et-Loire sont aussi en phase de négociation avec l’Inao. À la question de Jean-Marie Chaland pour savoir si « la complantation sera possible » avec des Vifa, la réponse est à ce stade négatif. Seule une plantation nouvelle de Vifa sera autorisée pour expérimentation. Autre question, cette fois de Jean-Pierre Michel, au sujet des analyses d’assemblage, qui sont en effet prévues et « encadrées ».

Pas de doute, les vignerons du cru viré-clessé semblaient tous avoir un avis sur les Vifa. « C’est un travail pour les générations suivantes de vignerons, pour garder de la fraîcheur dans nos vins ou pour avoir une porte de sortie sur les ZNT », semblait pencher Benjamin Dananchet. Il faut dire que la profession ne part pas de zéro puisque la chambre d’Agriculture de Saône-et-Loire a déjà une « antériorité » avec de telles plantations, tout comme le BIVB qui a également effectué des microvinifications, voire aussi la Sicarex des dégustations. Reste que tout ceci prend des années et même dix ans d’expérimentation, paraissent cours à l’échelle du taux de renouvellement des vignes en Bourgogne…