EXCLU WEB / L’Argentine autorise la culture commerciale de blé OGM

Le gouvernement argentin a autorisé la vente libre de semences de blé transgénique, une première mondiale. Elles sont porteuses d’un gène de tournesol censé les rendre tolérantes à la sécheresse.

EXCLU WEB / L’Argentine autorise la culture commerciale de blé OGM

Lors de l’inauguration d’un salon agricole dédié à la filière du blé le 12 mai, le ministre argentin de l’Agriculture Julián Domínguez a annoncé qu’il avait autorisé, par un décret paru le jour même au journal officiel, la culture commerciale de ces variétés de blé transgéniques, dites HB4. Leur culture était déjà autorisée en Argentine, mais uniquement à des fins de recherche, sur des surfaces dépassant toutefois 50.000 hectares. Ces variétés de blé, développées par le semencier Bioceres, sont porteuses d’un gène de tournesol censé les rendre tolérantes à la sécheresse.

Quelques jours plus tard, le secrétaire d’État argentin à l’Agriculture, Matías Lestani, a précisé à la radio argentine Radio Colonia, que cette autorisation avait « été rendue possible grâce à l’opportunité d’extrême tension sur le marché mondial du blé ». Pour l’élu argentin, « c’est le critère de sécurité alimentaire qui, actuellement, prédomine dans les pays qui ont besoin de cette matière première. […]. Tout ce qui est relatif aux normes de biosécurité, partout dans le monde, a été quelque peu mis de côté », a-t-il expliqué sans détour, lors de cet entretien retranscris par le média argentin La Nación.

Bioceres a annoncé dans la foulée qu’elle ne commercialisera pas ces semences lors de cette campagne 2022/2023. Mais l’annonce du ministre a fait l’effet d’une bombe parmi les représentants de la filière céréalière, presque tous opposés à cette mesure jugée commercialement dangereuse à l’export, voire suicidaire, selon les fédérations des organismes stockeurs de céréales, et des PME de meunerie.

Brésil, Colombie, Australie, Nouvelle-Zélande

Mais la partie est déjà jouée à Buenos Aires. Et elle est bien avancée au Brésil, en Colombie, en Australie et en Nouvelle-Zélande, qui ont autorisé récemment l’importation de farine de blé issue de ce blé OGM, selon le décret ministériel argentin du 12 mai. Dans un entretien accordé le même jour au média agricole argentin Bichos de Campo, le porte-parole de Bioceres, Claudio Dunan, déclare que des discussions sont aussi en cours avec l’Indonésie, les Philippines, le Viêt-Nam et l’Afrique du Sud, également pour l’achat sous forme de farine.

Au-delà de cette controverse, Bioceres envisage d’obtenir un étiquetage de ces produits dans les rayons des supermarchés, mais pas pour leur caractère OGM : « Nous voudrions que les consommateurs valorisent monétairement notre technologie du fait qu’elle réduit l’empreinte hydrique de la culture. Dans l’idéal, nos partenaires agriculteurs toucheraient une prime pour cet atout environnemental, et des produits vendus en rayons pourraient être étiquetés en ce sens ».