Les brèves du 1er juin 2023

Mis en ligne par Cédric Michelin
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Voici les brèves du 1er juin 2023

Les brèves du 1er juin 2023

Restauration de la nature : le PPE quitte les discussions au Parlement européen

Très critique depuis plusieurs semaines envers les propositions de la Commission européenne, le principal groupe politique du Parlement européen, le PPE (droite), a annoncé le 31 mai se retirer des négociations en cours sur la législation sur la restauration de la nature. « La proposition était mauvaise au départ et nos préoccupations restent sans réponse », déplorent les négociateurs du PPE qui décrivent ce texte comme « une attaque contre l’agriculture, la sylviculture et la pêche européennes » et demandent à la Commission européenne de revoir sa copie. La commission parlementaire de l’Environnement, responsable du dossier, doit adopter sa position le 15 juin, avant un vote en plénière et d’éventuelles négociations en trilogue avec les États membres. Mais selon les estimations d’ONG, il est très probable que le texte soit rejeté (comme cela a été le cas lors des votes précédents en commission de l’Agriculture et de la Pêche). Le Boerenbond (syndicat agricole flamand) manifestera avec le soutien du Copa-Cogeca, le 1er juin, devant le Parlement européen à Bruxelles contre le projet de texte. Dans une lettre adressée le 30 mai au Gouvernement français, 19 ONG (Générations futures, FNE, les amis de la Terre…) l’appellent, au contraire, à soutenir fortement ce projet de texte tout comme celui sur l’utilisation durable des pesticides lui aussi malmené.

Pesticides : après les LR, une PPL RN pour retirer la compétence des AMM à l’Anses

À l’instar de ce que proposent les sénateurs Les Républicains (LR) dans l’un des articles de leur proposition de loi (PPL) pour la Compétitivité de la Ferme France, le député du Rassemblement national (RN) Grégoire de Fournas vient de déposer sa propre PPL visant exclusivement à transférer la responsabilité des autorisations de mise sur le marché (AMM) des pesticides, de l’Anses vers le ministère de l’Agriculture. En 2015, cette compétence avait été transférée, en sens inverse, du ministère de l’Agriculture à l’Anses durant le mandat de Stéphane Le Foll rue de Varenne. Le député RN estime que cette décision « est aujourd’hui remise en cause, l’agence étant accusée de provoquer des distorsions de concurrence avec les pays européens à la suite d’une série d’interdictions violentes et arbitraires. » Et de mettre en avant le rôle de l’Anses dans les récentes controverses entourant le renouvellement des AMM de la phosphine (voir notre article) ou du S-métolachlore (voir notre article). Lors de l’examen au Sénat de la PPL Compétitivité de la Ferme France, le ministre de l’Agriculture s’était opposé à ce nouveau transfert. Le locataire de la rue de Varenne estimait que « remettre en cause l’Anses dans ses fondements » serait « une erreur ». En séance, il a rappelé toutefois son intérêt pour les débats relatifs à la « synchronisation européenne » dans ce dossier.

Foncier : une PPL LR pour favoriser l’habitat neuf pour agriculteurs en zone agricole

Le député Les Républicains (LR) des Bouches-du-Rhône Stéphane Le Rudulier a déposé, le 30 mai, une proposition de loi (PPL) pour favoriser la construction d’habitations destinées aux chefs d’exploitation en zone agricole. Dans une récente question écrite au gouvernement, restée jusqu’ici sans réponse, le député demandait une évolution de la loi concernant l’un des trois régimes de création d’habitation en zones agricoles, les deux premiers étant le changement de destination de bâtiments agricoles, et l’autre l’extension d’un bâtiment d’habitation. Également fondée sur le code de l’urbanisme et construit par la jurisprudence, la troisième voie admet la construction d’un logement neuf pour un agriculteur à trois conditions, explique le député : « réalité de l’activité agricole ; nécessité d’une présence rapprochée et permanente du chef d’exploitation ; adéquation et la proportionnalité du projet de logement avec l’exploitation agricole ». Actuellement, le deuxième critère jurisprudentiel empêcherait « presque la totalité des activités agricoles » et créerait des distorsions selon les filières. Le député souhaite lever ces barrières sans « porter atteinte de manière disproportionnée au principe d’inconstructibilité des zones AMF (agricoles, naturelles ou forestières).

Inflation alimentaire : la légère accalmie des prix à la consommation se poursuit en mai (Insee)

Selon des indicateurs publiés le 31 mai par l’Insee, la hausse des prix, qui a atteint durant l’année écoulée des niveaux inédits en près de quarante ans, frappant les ménages directement au portefeuille, marque une accalmie. Les prix ont continué à augmenter sur un an en mai, de 5,1 %, mais moins fortement que les mois précédents (5,9 % en avril et 6 % en début d’année), selon l’Insee. C’est un point bas depuis avril 2022. À l’origine du choc inflationniste en 2022, les prix de l’énergie ont enregistré un sérieux coup de frein (2 %), tandis que ceux de l’alimentation, devenue le principal moteur de l’inflation, ont continué de ralentir à 14,1 % sur un an, après avoir atteint un maximum en mars à 15,9 %, puis baissé une première fois à 14,9 %. En valeur absolue, l’indicateur des prix alimentaires à la consommation est toutefois à son plus haut niveau depuis un an. Selon le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, il est « très probable que nous ayons passé le pic » d’inflation. La consommation, qui est l’un des principaux moteurs de la croissance, a accentué sa baisse en avril. Elle a chuté de 1 %, après -0,8 % en mars et -0,3 % en février, du fait d’une moindre consommation en énergie comme en produits alimentaires.

Chou-fleur : prix élevés et baisse « historique » des récoltes, liée au froid et aux surfaces

Dans une note parue le 30 mai, le service de statistique du ministère de l’Agriculture estime, au 1er mai, que la récolte nationale de chou-fleur 2022-2023 passera sous la barre des 200 000 tonnes, à 183 000 tonnes, soit une baisse « historique » de 23 % sur un an et de 24 % par rapport à la moyenne 2017-2021. Ce recul tient à la fois de la « très forte baisse » des surfaces (-19 %) et des vagues de froid « qui ont pénalisé les rendements en février et mars. Cette baisse affecte les deux principaux bassins de production, et « plus particulièrement » le bassin Ouest (Bretagne et Basse-Normandie), dans lequel les surfaces chuteraient de 20 % sur un an, indique la note Agreste. Du fait du manque de volumes, les prix ont été dans l’ensemble très élevés, à l’exception de la fin de l’automne dont la douceur a bridé la consommation. En plus du manque de surfaces, les prix de la campagne ont bénéficié de la demande à l’export, boostée par la sécheresse qui a sévi dans les pays du sud de l’Union européenne, habituels concurrents.

Pommes de terre industrie : hausse « exceptionnelle » de l’indicateur de prix de contrats

« La transition entre les deux campagnes [de pommes de terre industrie N.D.L.R.] risque d’être extrêmement tendue, en matière de disponibilité de pommes de terre », prévient l’interprofession des pommes de terre transformées (GIPT) dans un communiqué de presse du 31 mai. Le groupement a révisé l’indicateur de prix de contrat industrie pour la campagne de 2023/2024. Il passe à 163,7, contre 120,1 pour la campagne 2022/2023, soit une hausse de 36,3 %. Selon l’interprofession, cette hausse « exceptionnelle » s’explique par « la hausse continue de l’ensemble des facteurs de production agricole » en 2022, un été « très sec et très chaud » dans les régions de productions françaises « qui a limité le potentiel de production des tubercules » et « une recherche d’hectares de la part des industriels de la transformation ». Pour rappel, « environ 80 % de la production de pommes de terre industrie est contractualisée avant la plantation », selon le GIPT. Le volume restant est quant à lui commercialisé sur le marché libre. Aujourd’hui, ce dernier affiche des prix de 500 €/t, « niveau qui reflète une rareté de l’offre et une tension rarement égalée sur le marché national comme européen », soutient le GIPT. Selon l’interprofession, « cette tension ne semble pas s’infléchir pour le marché de la pomme de terre d’industrie à horizon 2023/2024 ».

Porc : « nouveau record » de prix au marché de Plérin, à 2,52 €/kg sur avril

Les cours du porc vont de record en record depuis plusieurs mois, face à une baisse de l’offre et une hausse des prix de l’aliment, indique le 31 mai le service statistique du ministère français de l’Agriculture. Le cours moyen du porc s’est élevé en avril à 2,52 euros le kilo de carcasse à l’entrée de l’abattoir, « soit un niveau inédit », précise Agreste dans une note de conjoncture. « Il est en hausse de 35,4 % sur un an et de 54,7 % par rapport à la moyenne 2018-2022 », poursuit le service. Les cours du porc, qui étaient de 1,43 euro le kilo de carcasse en janvier 2022, grimpent quasiment sans discontinuer depuis un an et demi - à l’exception d’un fléchissement à l’automne dernier. Ils avaient déjà franchi la barre symbolique des 2 euros le kilo en août 2022. « La baisse de l’offre porcine européenne ainsi que l’augmentation des coûts de production sont les principales causes de cette envolée des prix », souligne Agreste dans une autre note également publiée le 31 mai. « Conséquence de la contraction du cheptel français de truies », les abattages ont encore reculé au mois d’avril (-4,9 % sur un an). La France est le troisième producteur de porcs en Europe, derrière l’Espagne et l’Allemagne. Elle exporte des morceaux peu consommés par les Français (poitrines, abats…) mais importe des jambons pour fabriquer du jambon blanc et est aussi friande de charcuteries italiennes et espagnoles.

Bien-être animal : le Copa-Cogeca alerte sur les conséquences d’une interdiction des cages

L’interdiction de l’utilisation des cages dans l’UE aura des conséquences importantes sur la production d’œufs et surtout de porc de l’UE, selon une étude présentée le 31 mai par les organisations et coopératives agricoles de l’UE (Copa-Cogeca). Suite à une initiative citoyenne européenne, la Commission européenne s’est engagée à proposer une sortie progressive de l’utilisation des cages dans le cadre de sa révision de la législation sur le bien-être animal attendue pour l’automne. L’étude commandée par le Copa-Cogeca à trois instituts de recherche (en Hongrie, Pologne et Allemagne) conclut, selon le scenario le plus probable, que la production porcine de l’UE reculerait de 23,6 % par rapport à la référence si les agriculteurs sont tenus d’abandonner le recours aux cages immédiatement en 2025. En prolongeant le délai de transition les conséquences sont fortement réduites : -8,4 % en 2035 et -5,6 % en 2045. Pour les œufs, la transition étant déjà en cours, les conséquences seraient moindres : autour de -2 % de production quelle que soit l’échéance fixée mais avec des conséquences sur les coûts de production. Ces baisses de production s’accompagneront d’une hausse importante des importations, alerte le Copa-Cogeca qui demande à la Commission européenne de prévoir une réciprocité des normes.

Distribution : Auchan va accentuer la franchise, Carrefour envisage de supprimer 1000 emplois

Le distributeur alimentaire français Auchan, historiquement propriétaire de ses magasins, prévoit de céder sept d’entre eux à des franchisés et de s’appuyer à l’avenir davantage sur ce mode d’exploitation de magasins, selon plusieurs sources le 31 mai. « Un projet important de développement de la franchise à Auchan a été annoncé lors du dernier CCSE » du groupe, a indiqué à l’AFP Gilles Martin, délégué syndical CFDT groupe chez Auchan, évoquant la cession « dans un premier temps » de sept supermarchés, sachant que selon lui « potentiellement la moitié du parc supermarchés France pourrait passer en franchise ». « C’est un coup de tonnerre dans cette entreprise soi-disant familiale », a estimé Gilles Martin. Sur son site internet, Auchan revendique 119 hypermarchés, 235 supermarchés et 10 magasins de proximité en France, où le groupe emploie 65.000 personnes. Le même jour, une source proche du dossier révélait à l’AFP que le distributeur Carrefour envisage la suppression de près de 1.000 postes dans ses sièges en France, confirmant des informations de presse tandis que le groupe n’a pas souhaité faire de commentaire. La Lettre A indiqué que « selon (ses) informations, un millier de postes sont ciblés sur le seul périmètre France du groupe », et que le total à l’échelle de l’Europe est « toujours en cours d’évaluation ». Une source proche du dossier a assuré à l’AFP que le nombre de postes concernés en France serait inférieur à 1.000.

Affichage environnemental : trois marques testent « l’affichage intégral » du Planet Score

Trois acteurs engagés dans le Planet Score, affichage environnemental développé par l’Itab, intègrent désormais les dimensions liées à la juste rémunération des producteurs, l’ultra-transformation et l’origine des produits sur les emballages de leurs produits, indique un communiqué du 31 mai. Il s’agit des Fermiers de Loué (volaille/œufs), d’Omie & Cie (produits d’épicerie) et du distributeur Biocoop. Jusqu’ici le Planet Score comprenait seulement des informations sur l’environnement et le mode d’élevage. « Le prototype de la transparence intégrale Planet Score suscite beaucoup de curiosité et d’intérêt, tant mieux », déclare la porte-parole du Planet Score et présidente de l’Itab Sabine Bonnot. La démarche a pour objectif de répondre aux « attentes de transparence des citoyens » quant aux promesses des industriels. Plus de 200 marques font aujourd’hui évaluer leurs produits par l’outil Planet Score. L’étiquetage est soutenu par plusieurs associations et ONG comme UFC-Que choisir, WWF, FNE (France Nature environnement) et CIWF (bien-être animal). Le Planet Score est géré par une société à mission codétenue par l’Itab, deux financeurs externes et la présidente de l’Itab et son époux. Interrogée par Agra Presse, Sabine Bonnot a démenti tout conflit d’intérêts.

Vin : Caisse d’épargne déploie la filière Vitibanque sur tout le territoire

Caisse d’épargne a officialisé, le 31 mai à Beaune, le lancement national de Vitibanque, une filière dédiée au marché de la viticulture. « Vitibanque est déployé sur tous les territoires à potentiel viticole, a annoncé Nicolas Balerna, directeur de la banque de détail. L’objectif est de faire partie du Top 3 » en parts de marché. Neuf Caisses d’épargne (sur les quinze du réseau) sont concernées. Le lancement s’appuie sur le retour d’expérience de la Caisse d’épargne Bourgogne Franche-Comté, qui compte plus de 600 clients viticulteurs. Depuis une dizaine d’années, l’entité régionale développe un savoir-faire sur ce marché, comme les Caisses d’épargne Aquitaine Poitou-Charentes et Grand Est Europe, participant à la création de Vitibanque. Cette filière mobilise plus de cinquante experts dédiés, une quinzaine d’agences et de centres d’affaires sont créés. « Vitibanque propose une offre de produits et de services spécifiques », souligne Romain Coissard, directeur du marché des professionnels et de l’agriculture viticulture à la Caisse d’épargne Bourgogne Franche-Comté. Par exemple, la banque propose un crédit vendange de 30 000 € sur 12 mois. Autre solution pour la trésorerie, le crédit vinification permet un remboursement avec deux ans de différé.