DIAGNOSTIC
Un outil pour évaluer la santé au travail de l'agriculteur

Un outil pour évaluer la santé au travail de l'agriculteur
Olivier Torrès, Professeur Olivier Torrès, Professeur à l’Université de Montpellier et fondateur d'Amarok. ©HLP

Spécialisés dans la recherche sur la santé des entrepreneurs, Olivier Torrès et son équipe de chercheurs au sein d'Amarok ont mis au point un système d’évaluation de la santé des agriculteurs à partir des évènements de vie positifs et négatifs auxquels ils sont confrontés. Ainsi, les recherches d’Olivier Torrès conduites en 2019 et 2021 révèlent que, d'une manière générale, les agriculteurs sont en bonne santé au travail, qu’elle soit physique ou mentale. Toutefois, cette bonne situation globale cache des situations de souffrance qu'il faut parvenir à détecter. Après avoir interrogé plusieurs centaines d’agriculteurs, Olivier Torrès et Mathieu Le Moal, doctorant sur la santé des dirigeants de PME, ont établi deux outils : le stressomètre et le satisfactomètre de la vie agricole. Des outils accessibles sur numérique et qui permettent, par un jeu de questions sur les événements positifs et négatifs vécus sur son exploitation agricole, d'aboutir à un score global matérialisé sous la forme d'une balance. Balance qui peut pencher du côté positif comme négatif. « En cas de bilan négatif, l'agriculteur (trice) est orienté(e) vers un dépistage du risque de burn-out et, si et seulement si un seuil est dépassé, un système d’alerte s’enclenche et le met en contact avec un service d’écoute. Le dispositif est également doté d’un système de reporting qui permet à chaque partenaire d’avoir de l’information en temps réel sur la santé de la population dont il a la charge et sur les principaux stresseurs et satisfacteurs qui affectent ses ressortissants », explique le professeur.
Sur le même modèle que « Amarok e-Santé pour les entrepreneurs non agricoles », déjà utilisé par plus de 35 services de prévention et de santé au travail, « Amarok e-santé agri » se veut utile pour l’agriculteur et pour l’agriculture. Amarok entend commercialiser ce dispositif auprès d'organismes professionnels (corps intermédiaires) comme les MSA ou les chambres d'agriculture, qui seront chargés de mettre l'outil à disposition des agriculteurs de leur territoire (Amarok préconise la gratuité pour les agriculteurs). « Demain, si toutes les MSA de France se mettent à utiliser ce dispositif, on disposera des sources de stress des agriculteurs par département, par région ou par activité », indique Olivier Torrès. Et d'ajouter : « Ce dispositif a d'autre part une double vertu : en conciliant la santé de l’agriculteur sans détériorer l’attractivité d’un secteur dont l’image est dégradée auprès des jeunes générations et du grand public. »

Véronique Gruber