Risque de nouvelle sécheresse
Une vision terrain bien différente de celle du satellite… La FDSEA et les JA mobilisent la DDT

Si des épisodes pluvieux ont touché notre département début mai et mi-juin, l’inquiétude reste néanmoins forte sur certains secteurs du département (Autunois, Clunisois notamment) quant au risque d'une nouvelle sécheresse, la troisième de suite…. C’est pourquoi la FDSEA et les JA ont organisé ce lundi 29 juin deux visites terrain sur l’Autunois avec Jean-Pierre Goron, directeur de la DDT pour « poser les jalons » dès maintenant d'un potentiel « dossier calamités ». L’occasion d’évoquer plus globalement la gestion des risques dans un contexte de changement climatique.

Une vision terrain bien différente de celle du satellite… La FDSEA et les JA mobilisent la DDT

La matinée débutait à Reclesne au Gaec Lamarre. Comme le soulignait d’emblée Benoit Lamarre, « cette année on a 35 à 40 % de pertes de foin. Sans parler des animaux qui ont subi trois ans de sécheresse et qui ne seront pas productifs ». De son côté, Michel Joly pour la FRB renchérissait « on a aussi un problème de qualité sur l’herbe. En février ça a poussé mais à cette saison on ne peut pas la valoriser. Et par contre le foin qu’on fait aujourd’hui ne vaut rien en terme de qualité ». Situation renforcée par le manque de précipitations avec par exemple aucune pluie sur Reclesne avant le 10 et 12 mai, et les températures élevées de mars et avril. Même constat alarmant lors de la seconde visite à Saint-Léger-sous-Beuvray chez Jérôme Mariller avec environ 50 % de moins à ce jour sur les foins. Comme le précisait Didier Talpin, vice-président de la FDSEA pour l’Autunois Morvan, « les chaleurs d'avril ont eu un fort impact, notamment sur les orges. Nous n'aurons probablement pas beaucoup de pailles, ni de grains ». Sans compter que comme le soulignaient les participants, « sur nos secteurs de montagne, si ça repousse, ce n’est pas de la bonne herbe qui va repousser ». Même constat pour le secteur voisin de la CUCM (Communauté urbaine Creusot-Montceau) comme le soulignait Sandrine Meunier : « on n’a pas de fonds dans nos terrains, pas de pluies. Même avec des baisses de chargement (moins d’un UGB / ha) les animaux n’ont que deux mois d’alimentation par l’herbe. Tout cela amène a des limites, notamment financières ». D’autant qu’avec une sécheresse de printemps après deux sécheresses estivales, il va forcément manquer de la trésorerie pour acheter de la paille… Une réalité de terrain bien éloignée des données Isope de pousse de l’herbe fournies par les satellites, ainsi que le soulignait Christian Bajard.

Fonds de calamités, assurances…

Résumant le sentiment général, Bernard Lacour, président de la chambre d’agriculture déplorait « un système qui fonctionne mais qui atteint ses limites ». D’où l’importance des outils de gestion des risques. D’autant que comme le soulignaient les éleveurs présents, un certain nombre de solutions et d’adaptations ont déjà été mises en place ces dernières années : baisse du chargement, mises en place de cultures dérobées, travail sur l’adaptation des exploitations au sein du GIEE de l’Autunois, etc… Comme le rappelait Michel Joly, une des solutions déjà mises en place par des groupes d’agricultures, c’est « la contractualisation entre céréaliers et éleveurs ». Sur ce point, Christina Bajard soulignait l’intérêt de « faire des stocks tampons avec des bâtiments photovoltaïques qui permettent de réduire le coût du bâtiment ». Sur ce point précis, il en appelait à un appui fort de l’administration pour aider la profession sur les problèmes de raccordement au réseau électrique qui sont un vrai frein. Le débat portait aussi sur les limites des dispositifs assurantiels et des calamités agricoles. Avec des demandes fortes de la profession rappelées au DDT : supprimer la référence à la moyenne olympique dans le cadre de l’assurance récolte, revoir le critère de 13 % de pertes de produit brut du fonds de calamités qui pénalise les éleveurs laitiers, caprins et diversifiés ; mais aussi étudier les possibilités de cumul ou de complémentarité entre assurance récolte et fonds de calamités. Membre du bureau de la section laitière de la FDSEA, François Bethouard montait aussi au créneau par rapport à l’injustice qui frappe les éleveurs laitiers par rapport au fonds de calamités, auquel ils ne peuvent quasiment jamais prétendre, alors même que les vaches laitières mangent de l’herbe. En conclusion, Christian Bajard, président de la FDSEA soulignait l’importance de garder ces outils indispensables surtout dans un contexte de changement climatique mais l’objectif doit être de « concilier le meilleur des deux outils, assurance et calamités ». Marine Seckler, présidente des JA concluait de son côté en rappelant « qu’il faudra être réactif en cas de sécheresse. Parce que si ça se confirme il y aura de la casse », notamment pour les jeunes agriculteurs en phase d'installation.

Thibault Laugâa