Varenne de l’eau
Les chambres d’agriculture en première ligne

En ouvrant le 28 mai le Varenne agricole de l’eau et de l’adaptation au changement climatique, le gouvernement a mis les chambres d’agriculture en première ligne. Elles ont un rôle bien défini dans l’une des trois thématiques visant à « renforcer la résilience de l’agriculture dans une approche globale ».

Les chambres d’agriculture en première ligne

Ce chantier doit aboutir à des stratégies d’adaptation avec l’appui scientifique de la cellule Recherche Innovation Transfert, qui associe l’APCA (chambres d’agriculture), l’Inrae et l’Acta (instituts techniques). Les chambres sont sollicitées pour établir des diagnostics territoriaux à l’échelle régionale. « Il va falloir descendre plus bas que l’échelon régional pour bien comprendre sur nos territoires l’impact du changement climatique : quelles conséquences sur les cultures, les rendements, quelles difficultés à venir, etc. », considère Sébastien Windsor, président de l’APCA, interrogé le 14 juin. Des travaux sont aussi prévus dans les filières pour identifier des leviers, outils, axes de développement et de recherches. Objectif final : lancer des plans d’action en 2022 avec lesquels les chambres d’agriculture se voient, « dans leur rôle d’animation, emmener les territoires ». Encore faudra-t-il « impliquer les acteurs économiques (collecteurs, transformateurs) », souligne Sébastien Windsor.

Également sur le devant de la scène, Luc Servant, le président de la chambre de Nouvelle-Aquitaine, a été désigné co-président d’une autre thématique du Varenne visant à « partager une vision raisonnée des besoins et de l’accès aux ressources en eau mobilisables pour l’agriculture sur le long terme ». S’il souscrit à l’idée de réduire les prélèvements d’eau en été, Luc Servant souhaite « que les besoins agricoles, en hausse avec le réchauffement climatique, soient pris en compte » via davantage de possibilités de stockage en hiver.

Gestion de l’eau : le gouvernement déjà mobilisé

Le 25 juin, le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie a indiqué avoir signé, le 22 juin  « une instruction aux préfets de départements leur octroyant davantage d’autonomie et de responsabilité dans la gestion des situations de sécheresse ». L’objectif de cette instruction est « de permettre l’activation rapide de tous les leviers d’adaptation des pratiques agricoles et des premières mesures économiques d’urgence », précise le communiqué. Les préfets sont invités à installer « un suivi régulier et une cellule susceptible de prendre des décisions opérationnelles que ce soit sur les dispositifs d’aide, sur la gestion de tension sur les fourrages ou sur la biomasse ».

Le 24 juin, le ministère de la Transition écologique (MTE) avait publié au Journal Officiel un décret sur la « gestion quantitative de la ressource en eau et la gestion des situations de crise liées à la sécheresse » et ce afin d’« encadrer le volume d’eau qui peut être prélevé dans les milieux ». Selon le MTE, « les prélèvements pour l’irrigation sont désormais mieux encadrés et plus sécurisés juridiquement ». Ce décret définit en outre la notion de « volume prélevable ». Il renforce aussi le rôle des « préfets coordonnateurs de bassin », pour la mise en place d’une « stratégie d’évaluation » des quantités disponibles et la répartition des différents usages. Le texte offre la possibilité de prélever temporairement plus d’eau que nécessaire, toutefois « à condition de s’inscrire dans une perspective de retour à l’équilibre quantitatif aux échéances fixées par les schémas directeurs de gestion de l’eau ».

 

Climat : le plan d’actions du ministère de l’Agriculture

Consécutive à la demande du Premier ministre, le 27 novembre dernier, le ministère de l’Agriculture a présenté, le 23 juin, son plan national d’adaptation au changement climatique. Ainsi que l’indique le ministère de l’Agriculture, ce plan se structure en six axes : d’abord l’accélération et le développement de pratiques agricoles permettant d’atténuer les émissions de gaz à effet de serre. Le deuxième axe concerne le développement du potentiel de séquestration du carbone dans les sols et la biomasse forestière. Le troisième axe porte sur le soutien à la consommation de produits alimentaires ayant un moindre impact environnemental. Quant à l’axe quatre il vise à accompagner l’adaptation des filières agricoles et forestières face aux conséquences du changement climatique. Le cinq concerne l’enseignement à produire autrement et innover avec la recherche et le développement agricole. Et le six, les actions du ministère de l’Agriculture « pour garantir un haut niveau d’écoresponsabilité ».