Association Qualinea
Quand les signes de qualité s’entendent !

Marc Labille
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Créée par plusieurs filières de qualité, Qualinea est un bel exemple d’outil collectif. Labels et IGP de plusieurs espèces ont su s’entendre au sein d’une structure réunissant toutes les compétences d’une ODG digne de ce nom.

Quand les signes de qualité s’entendent !
De gauche à droite : Emmanuel Pilorge, président de la section bœuf ; Gilles Pieau, président de la section volaille ; Didier Perichon, président de la section agneau ; Jean-Jacques Minjollet, président et Marjorie Marty, directrice de Qualinea.

Le 17 juin dernier, l’association Qualinea était en assemblée générale à Cuisery. Créée en 2014 de la volonté de plusieurs filières de qualité, Qualinea est une structure collective reconnue organisme de gestion (ODG) par l’INAO pour plusieurs cahiers des charges. Financée intégralement par les adhérents des différentes filières, Qualinea assure des missions que lui délèguent les syndicats ou associations de promotion adhérents. Elle assure la gestion des différents cahiers des charges. Elle se charge des relations avec l’INAO et les organismes certificateurs, gère les plans de contrôle, assure les analyses sensorielles… Elle supervise aussi les règles d’étiquetage ainsi que les actions de défense et de protection du nom. Qualinea gère également les réclamations des consommateurs.

21 cahiers des charges, bientôt 22

Les filières à l’origine de Qualinea sont les Volailles fermières de l’Ain (1,5 million de volailles en 2021), les Volailles fermières de Bourgogne (3 millions de volailles en 2021), les Volailles fermières du Charolais (161.000 volailles en 2021), Charolais Label Rouge (plus de 16.000 bovins – 7.200 tonnes en 2021), agneau label rouge Tendre Agneau (10.200 animaux – 200 tonnes). Pour ces différentes filières, Qualinea gère quatre cahiers des charges IGP (volailles de l’Ain, de Bourgogne, du Charolais, du Plateau de Langres). Elle compte également 17 cahiers des charges Label Rouge (un bovin, un ovin et 15 de volailles).

Cette année, suite à la reprise de l’abattoir qu’il fournissait, le syndicat des volailles fermières du Charolais fusionne avec son homologue des volailles fermières de Bourgogne et la production de « Charolais » est interrompue. Les anciens adhérents du syndicat des volailles fermières du Charolais produisent désormais des volailles de Bourgogne. Le cahier des charges Charolais n’est toutefois pas définitivement abandonné. Tout comme celui des volailles fermières du Plateau de Langres.

En 2021, un nouveau cahier des charges conçu par Qualinea entrait en vigueur et livrait ses premiers lots de chapons de pintades Bourgogne.

Charolais de Bourgogne rejoint Qualinea

Courant 2021, des discussions ont été conduites avec Charolais de Bourgogne en vue de l’entrée de cette filière bovine au sein de Qualinea. À compter de 2023, l’IGP Charolais de Bourgogne constituera une nouvelle section au sein de l’association, s’ajoutant aux sections volailles, bœuf Label Rouge et agneau. Le 17 juin dernier, en présence du président de Charolais de Bourgogne, Régis Taupin (lire encadré), les adhérents de Qualinea ont entériné cette décision en modifiant les statuts de l’association dans ce sens.

Alimentation de qualité supérieure

L’IGP Charolais de Bourgogne rejoint ainsi les filières de qualité volailles, bovine et ovine déjà adhérentes à Qualinea. Une adhésion qui confirme l’expertise de l’association, laquelle assure « un travail administratif, très ciblé, pointilleux », faisait valoir le président Jean-Jacques Minjollet qui rappelait que ce rôle d’ODG, les syndicats de producteurs devaient l’assumer eux-mêmes auparavant. La création de Qualinea leur a permis de se doter collectivement des compétences dont ils ne pouvaient disposer seuls.

À travers son implication dans différents cahiers des charges, Qualinea joue un rôle majeur dans « l’élaboration d’une alimentation de qualité supérieure », se félicitait Jean-Jacques Minjollet. Et le président d’évoquer le niveau d’exigence des filières représentées au sein de Qualinea. Autant de viandes qui répondent pleinement à la définition d’un produit de qualité avec une véritable « philosophie de production » qui intègre aussi l’environnement, le bien-être animal…, concluait Jean-Jacques Minjollet.

Jean-Jacques Minjollet passe la main
Jean-Jacques Minjollet passe la main à Didier Perichon à la présidence de QUALINEA.

Jean-Jacques Minjollet passe la main

À l’issue de cette assemblée générale, Jean-Jacques Minjollet a mis un terme à huit années de présidence. De fait, l’éleveur de volailles de La Clayette était le premier président de l’association depuis sa création en 2014. Associé du Gaec de la Segaude et dernier président du syndicat de la volaille du Charolais, Jean-Jacques Minjollet avait été l’un des fondateurs de cette belle aventure collective qu’est Qualinea. Au sein d’une structure où devaient cohabiter la volumineuse filière bovine Charolais Label Rouge et plusieurs labels de volailles fermières, le choix de Jean-Jacques Minjollet s’était imposé pour la présidence. Son sens du collectif, sa rigueur intransigeante et ses qualités humaines chaleureuses ont marqué les esprits tant du côté des producteurs, des filières qu’au sein même de l’équipe de Qualinea.

Didier Perichon lui succède

C’est avec beaucoup d’humilité que Didier Perichon lui succède. À la création de Qualinea, le choix avait été fait de ne pas décerner la présidence à un élu de l’ACLR au regard de son implication importante dans ce projet et au fait que la directrice de l’ACLR (Marjorie Marty) est aussi la directrice de Qualinea. C’est donc un peu par défaut que le président de l’ACLR Didier Perichon accepte cette nouvelle responsabilité, en attendant un prochain président qui devra refléter l’ouverture propre à l’association Qualinea Une ouverture bien réelle quand on pense que cette structure fait se côtoyer différents signes de qualité, de différentes espèces.

Charolais de Bourgogne : nouveau départ
Régis Taupin, président de Charolais de Bourgogne.

Charolais de Bourgogne : nouveau départ

L’association Charolais de Bourgogne a vu le jour en 1998 en pleine crise de la vache folle. L’indication géographique protégée (IGP) n’a été obtenue qu’en 2017 tandis que les premières commercialisations de viande sous la marque Charolais de Bourgogne débutaient dès 2005. Les « premiers kilos de viande sous IGP Charolais de Bourgogne » étaient vendus à partir de 2018 suivis « d’un démarrage sur les chapeaux de roues », se remémore Régis Taupin, président de Charolais de Bourgogne. Malheureusement, ce décollage tant attendu a été interrompu en 2020 par le Covid. Les volumes commercialisés ont été divisés par deux du fait notamment de la fermeture de la restauration collective. Cet effondrement est intervenu alors que le budget de fonctionnement de l’ODG demeurait inchangé et élevé, confie Régis Taupin qui avoue que l’aventure a bien failli s’arrêter là. Courant 2021, de nouvelles perspectives ont conduit l’association à se remobiliser, encouragée par un certain nombre de personnalités dont Interbev Bourgogne Franche-Comté. Au même moment, des discussions ont été engagées avec Qualinea. Repartant à zéro, l’association Charolais de Bourgogne a imaginé un autre fonctionnement plus économe. Elle a notamment fait le choix de déléguer ses missions d’ODG à Qualinea. Désormais, l’association Charolais de Bourgogne est délestée de tout son staff administratif. Seuls ses élus ont été conservés, fait valoir le président. En 2022, les volumes sont repartis à la hausse sur le premier trimestre (+ 26 %). En 2021, l’IGP a commercialisé 200 tonnes de viande bovine pour 900 animaux contre 700 en 2020 et 1.400 en 2019. L’IGP Charolais de Bourgogne compte 771 éleveurs répartis sur la Saône-et-Loire, la Nièvre, le sud Yonne, le sud-ouest Côte-d’Or et l’aire déborde sur l’Ain, le Rhône, la Loire, le Cher.