Didier Giraud, président du GIE Synergie Charolais
"la station de Jalogny est un formidable outil !"

Marc Labille
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Didier Giraud est le nouveau président du GIE Synergie Charolais Station de Jalogny. Succédant à son compère Frédéric Borne, cet autre passionné de charolaise veut que perdure l’élan qui s’est emparé de la station saône-et-loirienne depuis dix ans.

"la station de Jalogny est un formidable outil !"
Succédant à Frédéric Borne à la tête de la station de Jalogny, Didier Giraud a pour ambition première de faire perdurer l’esprit collectif qui règne depuis dix ans.

Début juin, le GIE Synergie Charolais Station de Jalogny a changé de président. C’est Didier Giraud qui succède à Frédéric Borne. C’est peu dire que les deux hommes sont proches. Agé de 46 ans tous les deux, ils se sont connus au milieu des années 90, au moment de présenter leurs projets d’installation respectifs. Depuis, les deux compères ne se sont jamais éloignés, d’abord au sein du syndicalisme jeune, puis dans leur passion partagée de la génétique charolaise. Didier est devenu membre de la commission de la station saône-et-loirienne en 2007 et il a donc assisté à la genèse du GIE Synergie Charolais lorsque sous la présidence de son ami Frédéric, toutes les composantes de la génétique et de la filière charolaise ont pris en main le destin de la station.

Que perdure l’unité

Témoin privilégié et même très actif de cette décennie de GIE, Didier Giraud s’inscrit sans réserve dans la continuité de son prédécesseur. Il veut surtout que perdure l’unité qu’a su instaurer le GIE en son sein. « Cela a été dur d’en arriver là : de parvenir à mettre tout le monde autour de la table, par-delà les religions, chacun ayant sa place (insémination, monte naturelle, concours, groupements, privé…). Quelques années en arrière, la composition même du GIE aurait été une hérésie ! Pourtant, tout cela marche naturellement aujourd’hui. Il faut que ça continue », confie le nouveau président. Témoins des remous qui ont secoué la race ces dernières années, Didier Giraud estime qu’au regard des difficultés de l’élevage et de la charolaise, « la division est un combat d’un autre temps. Le défi est déjà de parvenir à la maintenir car la concurrence est féroce », rappelle-t-il.

Commission d’éleveurs

Cette unité qui a prévalu au sein du GIE depuis dix ans est à l’origine du succès de la station de Jalogny dont la vente a pris une autre dimension depuis qu’elle est organisée à Charolles. « Une vente réussie fait la qualité du millésime suivant », analyse Didier Giraud.  L’un des secrets de cette réussite réside dans la commission d’éleveurs qui fait la différence à Jalogny. « Sans eux, le président ne serait rien ! Les membres de cette commission réalisent une somme de travail colossale (recrutement des veaux dans toute la France, pesées, tri, montage du hall, lavage des animaux…) et c’est cette implication collective qui a porté ses fruits », estime le nouveau président.

Le succès de la vente de Jalogny, c’est aussi la contribution indispensable d’une équipe technique. A commencer par la personne qui soigne les animaux durant les 84 jours d’évaluation. Car c’est bien le talent de la soigneuse « qui permet chaque année d’emmener le potentiel de départ jusqu’au bout », assure Didier Giraud. Au rang des compétences techniques, le président évoque les partenaires du GIE. « Ils ont un rôle primordial car ce sont eux qui sont au quotidien sur le terrain dans les élevages. Ils ont un oeil infaillible pour repérer les animaux en amont de l’évaluation. Ils réalisent aussi tout un travail de sensibilisation. Ce sont de véritables prescripteurs pour les veaux de Jalogny ».

Ce qu’attendent les acheteurs

La station de Jalogny est aujourd’hui un outil incontournable de la sélection charolaise car il est au service d’abord des acheteurs, estime Didier Giraud. « C’est un outil égalitaire car il repose sur une comparaison objective des veaux entre eux. C’est un instrument de sélection rigoureux qui retient 80 animaux parmi 250 pour offrir une génétique haut de gamme. La finalité de la station est de mettre en relation les chiffres, les performances et la conformation : ce que recherche le client », estime le nouveau président pour qui le charolais doit faire oublier l’image que ses détracteurs aiment lui coller à la peau en leur opposant des animaux faciles à élever (qualités maternelles, facilité de vêlage, sans corne…). Des caractéristiques de plus en plus demandées par les éleveurs, observe-t-il. En cela, le génotypage est indéniablement une avancée importante pour satisfaire cette demande.

Pour les prochaines années, Didier Giraud s’est donné comme objectif d’améliorer encore le taux de vente. Pour lui, la marge de progrès se trouve dans une catégorie d’animaux intermédiaire ; ceux qui affichent un index station proche de 100 dont une partie trouve preneurs au second passage ; « des bons veaux qui intéressent les éleveurs non inscrits qui constituent notre clientèle la plus fidèle », confie le président.

Génomique + station

Plus que jamais, la station est incontournable car elle suscite « l’engouement des acheteurs ». Le fait qu’elle permette, « au cœur du berceau de race, la mise en marché de près de 80 veaux » est un argument de poids. Sans oublier ce rôle de « tamis » qui consiste à sélectionner les meilleurs veaux recrutés dans 120 élevages suivant le « standard recherché par les clients. C’est la raison d’être du GIE », synthétise Didier Giraud qui défend aussi le rôle expérimental de la station. En effet, elle a été un support du développement de la mesure de l’ouverture pelvienne dont est issu un index aujourd’hui. Actuellement, une expérimentation sur la santé du pied est en cours, de même qu’une étude sur la relation entre la tendreté de la viande et la finesse de cuir, révèle le président. Autant de travaux que permet la station d’évaluation et « qui pourraient déboucher demain sur de nouveaux index génomiques susceptibles de simplifier la vie des éleveurs. Les stations charolaises et la génomique constituent de formidables outils d’avenir », conclut Didier Giraud.

Didier Giraud : itinéraire d’un passionné d’élevage et de charolaises

Didier Giraud s’est installé en 1996 en s’associant en Gaec à Hubert et Denis Beaudot à Saint-Vallier. Bien que n’étant pas fils d’agriculteur, ce parodien d’origine passionné d’élevage depuis l’enfance, s’est formé pour devenir éleveur charolais. En 2001, le Gaec a été l’un des pionniers de la vente directe de viande bovine. Au fil des années, Didier a façonné le cheptel dont les premières inscriptions au HBC datent de 1951. Il a été un utilisateur des taureaux de l’association Charolais Evaluation. Cela lui a notamment permis de faire naitre Bayonne, un fils de Turbo CE 71 qui a marqué l’élevage. Bayonne a été doté pendant trois années consécutives du meilleur index facilité de naissance de la race. Ce critère, Didier s’est mis à le cultiver en même temps que les qualités maternelles et maintenant le sans corne. Chaque année, il commercialise une quinzaine de reproducteurs et depuis plus de vingt ans, il propose tous les ans un veau à la station de Jalogny.

Grande gueule à la ville…

Parallèlement, Didier a milité pendant dix ans aux Jeunes agriculteurs où il a occupé les postes de vice-président départemental et de président régional. C’est le syndicalisme qui l’a amené à devenir chroniqueur de l’émission « Les Grandes Gueules » sur RMC. Un rôle médiatique qu’il assume depuis douze ans à raison d’une émission par semaine : départ en TGV à 6h du matin ; retour à la ferme à 15h… La notoriété n’a pas eu de prise sur ce fils d’ouvrier qui garde les pieds sur terre. Quelles que soient les rencontres qu’il y fait, le côté « paraître » de ce milieu et conscient de la précarité de son statut dans un système obnubilé par l’audimat, Didier voit sa prestation avant tout comme une forme de syndicalisme ; une occasion de défendre la profession, une voix pour la ruralité.