GRV Production
Les hommes, le végétal, l’outil

Françoise Thomas
-

GRV Production est une "petite" société en comparaison à ses concurrents, qui ne sont rien d’autre que les grands noms du matériel agricole et viticole. Pourtant, la société de Péronne est bien présente dans de nombreuses vignes françaises mais aussi partout dans le monde car elle a choisi comme créneau les demandes spécifiques. Une proximité terrain plus que jamais indispensable en ces temps compliqués pour la vigne et les viticulteurs.

Les hommes, le végétal, l’outil
La machine à vendanger signée GRV que l'on verra dans les jours qui arrive dans de nombreuses vignes.

René Grosjean sait que cette « année compliquée va peser sur tout le business en général ». Et cependant, dans ce contexte peu engageant, les atouts de GRV restent primordiaux : « chez nous, on sait voir et regarder, de même que l’on sait entendre et écouter », insiste-t-il.

Avec sa trentaine de collaborateurs, GRV conçoit, entretient et répare le matériel nécessaire à la viticulture et aux cultures en lignes (sapin, pépinière, thé). Créée en 1987 à Péronne par René Grosjean, qui en est toujours le président directeur général, la société compte aujourd’hui une soixantaine de revendeurs partout en France et en Europe et a su exporter ses machines aussi bien aux États-Unis qu’en Nouvelle-Zélande, au Brésil qu’en Chine !

Le sens de l’observation  

Cette observation et cette écoute du terrain, revendiquées par le concepteur, lui permettent aujourd’hui de se démarquer et de rester une référence auprès de nombreux vignobles. « Pour un viticulteur qui recherche un matériel lambda, nous n’avons rien de spécifique à lui proposer. En revanche, celui en recherche d’une vraie solution technique sait qu’il peut faire appel à nous ! », résume le dirigeant. Sans pour autant produire des machines sur mesure, GRV propose des matériels présentant différentes caractéristiques, - léger, abaissé, cabine déportée, avec peu de chevaux, etc.-, qui sont en phase avec les attentes clients : « par exemple, le non herbicide implique le développement du travail du sol et de travailler avec encore plus de précision au niveau du pied de vigne. Nos tracteurs enjambeurs pour vignoble large apportent justement cette visibilité, cette productivité et cette précision ».

En parallèle, la société propose l’un des tracteurs les moins puissants du marché (56 CV) : « nous partons du principe qu’il faut adapter la puissance à l’outil, et que ce dernier doit être adapté à l’exploitation ». Une faible puissance aujourd’hui intéressante dans la recherche de réduction de charge…

L’anticipation reste l’une des lignes directrices suivies par René Grosjean, « nous essayons en permanence de nous projeter dans cinq ans et de voir quel apport technique, innovant nous pouvons proposer », présente-t-il. Ainsi « si nous n’avons rien à mettre en face, nous n’y allons pas ».

Transition électrique

Actuellement, le fondateur du groupe de matériel viticole oriente plus spécifiquement son équipe du bureau d’études sur tout ce qui est facilité de conduite. « Nous croyons beaucoup à l’assistance au pilotage : ce ne sera plus l’opérateur qui tiendra le volant, la machine évoluera seule et l’humain sera là pour surveiller et intervenir dès que nécessaire ». Partant du fait qu’aucun pied de vigne ne se ressemble et que « les viticulteurs sont avant tout des hommes de terrain », ceux-ci ont « besoin de ressentir, de voir comment pousse la vigne », estime René Grosjean. Donc à lui, concepteur de matériel, de leur fournir les outils qui facilitent leur quotidien tout en les laissant au cœur du vignoble. En limitant au maximum tout ce qui est tache pénible, contraignante, traumatisante pour les organismes, le professionnel peut se concentrer sur autre chose, notamment encore plus sur le végétal.

Des brevets GRV sont en cours en ce sens, la société de Péronne en sortant régulièrement « un à deux par an ».

Parmi les autres pistes à venir, tout ce qui concerne la transmission électrique pour amorcer la transition hydraulique/électrique en douceur et pour symboliser cette politique de l’accompagnement – anticipation chère à GRV Production…

Vendanges : s’adapter aux dates et aux méthodes

C’est dans le contexte que l’on sait que vont bientôt débuter les vendanges. « Toutes les régions viticoles françaises – et même européennes- souffrent », ne peut que constater René Grosjean, « la France viticole n’avait pas besoin d’une année comme celle-ci et en 40 ans je n’ai jamais connu ça », poursuit le PDG du groupe GRV Production.

Lui et ses équipes se préparent comme chaque année pour être disponibles et répondre présents pour leurs clients : « nous allons mettre en place comme toujours les permanences de nos techniciens les soirs et les samedis-dimanches ». « On ne voit cependant plus le coup de feu des vendanges comme il y a encore 20 ans qui durait entre 10 et 20 jours, constate-t-il. Désormais tout cela s’est calmé, et les viticulteurs choisissent plus des jours de vendanges et des jours de non-vendanges, les techniques se sont par ailleurs beaucoup diversifiées ». Certains retournent notamment aux vendanges manuelles sur une partie de leur domaine. Les investissements dans le matériel aussi sont réfléchis très différemment. Tout ce contexte qui évolue influe sur tout le secteur.