Sécheresse historique
Une sécheresse historique qui pourrait se prolonger jusqu’en novembre dans le sud de l’UE

L’Europe a connu cet été sa pire sécheresse en 500 ans, estiment les experts de l’UE. Près des deux tiers du territoire étaient en déficit hydrique début août avec des conséquences importantes sur les rendements de maïs (-16 % par rapport à la moyenne quinquennale), de soja (-15 %) et de tournesol (-12 %).

Une sécheresse historique qui pourrait se prolonger jusqu’en novembre dans le sud de l’UE
Extrait d’une carte de la Commission européenne présentant l’état de la sécheresse à la fin du mois de juin 2022 (les points rouges correspondent à un “niveau d’alerte”, ceux en orange un “niveau d’avertissement”) - Crédits : JRC / Commission européenne

Au total 64 % du territoire de l’Europe est en état d’alerte ou d’avertissement vis-à-vis de la sécheresse plombant les rendements agricoles, selon l’évaluation le 22 août du centre commun de recherche de la Commission européenne se basant sur les données du programme Copernicus. Il s’agirait de la pire sécheresse qu’ait connue l’Europe depuis au moins 500 ans. Près de la moitié du territoire de l’UE (47 %) restait, dans les dix premiers jours d’août, exposée à des niveaux de sécheresse dits « d’avertissement », c’est-à-dire enregistrant un déficit important d’humidité au sol, et 17 % sont placés en état d’alerte, avec une végétation et des cultures gravement affaiblies par le manque d’eau, contre 11 % début juillet. Désormais, « après une longue séquence inhabituellement sèche, des conditions proches de la normale sont prévues d’août à octobre dans une majeure partie de l’Europe », soulignent les experts. « Cela peut ne pas être suffisant pour récupérer complètement du déficit (de précipitations) cumulé en plus de six mois, mais cela atténuera les conditions critiques de nombreuses régions », estiment-ils. Mais la région Europe occidentale-Méditerranée devrait connaître des conditions plus chaudes et plus sèches que la normale jusqu’en novembre.

Pertes irréversibles et abandon de l’irrigation

Les cultures d’été ont souffert : en 2022, les rendements du maïs grain devraient être inférieurs de 16 % à la moyenne des cinq années précédentes, tandis que ceux du soja et du tournesol devraient chuter de 15 % et 12 % respectivement. Au total, la récolte céréalière devrait reculer de 3,9 % par rapport à la moyenne

L’Espagne, la France, le centre et le nord de l’Italie, le centre de l’Allemagne, la Hongrie, la Roumanie, la Slovénie et la Croatie sont parmi les régions les plus sévèrement touchées en Europe. Sachant qu’elles avaient déjà été affectées par des déficits pluviométriques à long terme. Les périodes de stress hydrique et thermique ont coïncidé en partie avec les stades sensibles de la floraison et du remplissage des grains. Cette combinaison a entraîné une perte irréversible du potentiel de rendement. Plusieurs pays ont imposé des mesures visant à limiter l’utilisation de l’eau pour l’irrigation. Dans certaines régions (par exemple le nord-ouest de l’Italie, le sud et le centre de l’Espagne), les très faibles niveaux d’eau dans les réservoirs n’ont pas suffi à satisfaire les besoins en eau des cultures, et l’irrigation de certains champs a été abandonnée. Dans les pays du Benelux, dans l’ouest de l’Allemagne, dans l’ouest de la Pologne, dans l’est de la Slovaquie, en Bulgarie et dans le sud de l’Ukraine, la rareté des précipitations combinée à des pics de température occasionnels a également stressé les cultures d’été, avec des effets négatifs sur les perspectives de rendement. Même les Pays Bas, « pays de l’eau » ont dû décréter une pénurie d’eau officielle et imposer des limites à l’agriculture et à la navigation.