Les brèves du 1er septembre 2023

Mis en ligne par Cédric Michelin
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Voici les brèves du 1er septembre 2023

Les brèves du 1er septembre 2023

Inflation alimentaire : négociations commerciales anticipées pour les « 75 plus grands industriels »

« Les 75 plus grands industriels vont s’engager dès maintenant dans les négociations tarifaires avec les distributeurs », a annoncé le ministre de l’Économie Bruno Le Maire, le 31 août, sur l’antenne de France 2, à l’issue d’une réunion avec les distributeurs la veille et les industriels le matin même. Le gouvernement passera par la voie législative pour « graver dans le marbre » l’avancée du début des négociations commerciales pour les plus grands fournisseurs de la grande distribution au 15 octobre au lieu du 1er décembre pour cette année et incite les parties prenantes à commencer dès maintenant leurs discussions. L’objectif est de voir « des baisses de tarif dès le mois de janvier 2024 », affirme le locataire de Bercy. Par ailleurs, le ministre souhaite qu’une mission parlementaire se penche sur le format des négociations commerciales, précise son entourage. Outre l’ouverture anticipée des négociations, les industriels et les distributeurs se sont engagés sur 5000 références de produits « dont les prix ne doivent plus bouger ou bouger à la baisse », explique Bruno Le Maire. Les distributeurs devront également répercuter de manière « obligatoire et immédiate » les baisses de prix des industriels dans les rayons. En août, l’inflation des prix alimentaires a ralenti pour le cinquième mois consécutif. Selon les estimations provisoires de l’Insee, les prix sont en hausse de 11,1 % sur un an contre 12,7 % en juillet.

 

Inflation alimentaire : la FNSEA demande que le maillon agricole soit reçu à Bercy

Réagissant aux annonces du ministre de l’Économie Bruno Le Maire, le président de la Fnsea Arnaud Rousseau a déclaré en conférence de presse, le 31 août, qu’il souhaitait, qu’après la distribution et l’agroalimentaire, le maillon agricole soit reçu à Bercy. « Bruno Le Maire dit que les produits agricoles ne seront pas concernés, j’attends qu’il m’explique comment », expose-t-il. Reçu par le ministre aux côtés d’autres représentants de l’industrie, le président de la Coopération agricole Dominique Chargé a plaidé pour que les mesures gouvernementales ne soient pas prises « aux dépens des producteurs agricoles et de nos coopératives ». « On reste dans une situation où nos coûts de production ont beaucoup augmenté », explique-t-il. L’Ania, dont certains adhérents sont concernés par les négociations anticipées, est « d’accord sur le principe [de la mesure, N.D.L.R.] qui permet de faire cesser cette suspicion selon laquelle nous ne voudrions pas négocier », a assuré son président Jean-Philippe André à l’AFP. « Anticiper d’un mois » la fin des négociations commerciales en 2024 « au 31 janvier doit être un objectif pouvant être atteint », estime-t-il. « C’est un petit premier pas […] mais ça ne suffit pas », a en revanche affirmé le délégué général de la FCD (distribution), Jacques Creyssel, sur France Info.

 

Pesticides : vers un report de l’obligation de conseil stratégique (chambres)

Malgré une « vraie accélération » du conseil stratégique phytos (CSP), « on ne sera pas en mesure de le faire pour tous les agriculteurs », a déclaré Sébastien Windsor, président de Chambres d’agriculture France, le 31 août lors d’une conférence de presse. Un changement dans le calendrier est à l’étude avec le ministère de l’Agriculture, d’après lui. Contacté par Agra Presse, le ministère n’a pas répondu dans l’immédiat. Le conseil stratégique phytos, instauré par la loi Egalim, devient obligatoire au 1er janvier 2024 dans le cadre du renouvellement du Certiphyto, nécessaire pour acheter des produits. En première ligne pour effectuer cette prestation, les chambres sont « en train de regarder avec le ministère comment adapter le calendrier », a indiqué Sébastien Windsor. « Un certain nombre de préfets et de Draaf ont tiré la sonnette d’alarme » face au retard constaté, selon lui. Exemple en Normandie, seuls 300 CSP ont été réalisés en 2022 et « on se mobilise pour atteindre 3 000 » en 2023, a indiqué l’élu, qui est aussi président de la chambre régionale. L’obligation de justifier d’avoir deux conseils par période de cinq ans serait revue, d’après lui.

 

Pesticides : vers une augmentation de la RPD dans le PLF 2024 (FNSEA)

Selon les informations du président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, qui tenait une conférence de presse de rentrée le 31 août, le gouvernement envisagerait d’augmenter la redevance pour pollutions diffuses (RPD) payée par les agriculteurs utilisant des produits phytosanitaires, comme il l’avait déjà fait en 2019, à cette époque pour financer le plan Ambition bio. Selon le syndicat majoritaire, l’enveloppe actuelle de 180 millions d’euros serait gonflée d’environ 30 M€ dans le cadre du projet de loi de finances (PLF) pour 2024, soit une augmentation de 17 %. « Une telle augmentation dans le contexte actuel, ce n’est pas entendable », a réagi Arnaud Rousseau. Lors d’une récente rencontre avec le ministre de l’Agriculture, la FNSEA a demandé une plus grande transparence sur l’utilisation des fonds, et plaidé pour qu’ils soient redirigés vers la recherche d’alternatives. Le président de la FNSEA s’interroge par ailleurs sur le calendrier du plan Ecophyto 2030 : « Il ne s’est rien passé entre le 15 mars et le mois de juin. Si on nous dit qu’il sera finalisé le 15 septembre, ce n’est pas une méthode acceptable ». Et d’évoquer des « dysfonctionnements » au sein des services avec lesquels discute le syndicat.

 

Glyphosate : Arnaud Rousseau en discutera avec Emmanuel Macron le 7 septembre

À l’occasion d’une conférence de presse de rentrée le 31 août, le président de la FNSEA a annoncé qu’il rencontrera Emmanuel Macron le 7 septembre, avec qui il évoquera notamment le dossier de l’autorisation de mise sur le marché du glyphosate, dont il demande la reconduction, mettant en avant son importance en agriculture de conservation. « C’est le président de la République qui a amené ce sujet, c’est à lui de le régler », estime Arnaud Rousseau. En 2017, alors que le glyphosate avait été une nouvelle fois homologué pour cinq ans par l’UE, Emmanuel Macron s’était engagé éliminer l’usage de ce pesticide en trois ans. Une décision sur laquelle il est peu à peu revenu. En 2022, dans un entretien au Parisien, il déclarait : « C’est une erreur que j’ai commise en début de quinquennat ». Bruxelles présentera le 15 septembre aux États membres une proposition de renouvellement de l’autorisation de l’herbicide lors d’une réunion exceptionnelle du comité permanent sur la législation phytosanitaire. La position de la France n’est pas encore connue. L’Efsa a publié le 25 août le rapport de l’examen par les pairs de l’UE de son évaluation des risques du glyphosate, qui conclut que l’herbicide ne présente pas de risques suffisants pour en interdire l’utilisation dans l’UE.

 

Planification écologique : le SGPE veut reboiser des friches agricoles pour stocker du carbone

Le gouvernement prévoit de reboiser 15 000 ha de friches agricoles d’ici 2030 pour accroître les puits de carbone, selon une information repérée par nos confrères de Contexte sur le site du Secrétariat à la Planification écologique (SGPE). Le SGPE a en effet publié, le 26 juillet, une publication sectorielle sur « la planification écologique pour la forêt ». Dans le document, le gouvernement constate « un flux important de terres agricoles délaissées, d’environ 60kha/an surtout des prairies permanentes peu productives ». Pour reboiser 15 000 ha de friches agricoles, l’exécutif envisage « d’orienter en priorité les financements privés compensation carbone/label bas carbone ». En juillet, le SGPE avait déjà publié un tableau de bord posant des objectifs annuels sur différents indicateurs de la transition écologique visée par le gouvernement. Parmi les objectifs agricoles, il est prévu d’augmenter la surface de prairies permanentes à 15,2 Mha en 2027 pour atteindre 15,7 Mha en 2030 (contre 14,8 Mha en 2022).

 

Planification écologique : les chambres d’agriculture dénoncent un manque de moyens

Chambres d’agriculture France a critiqué le 31 août un « décalage » entre les ambitions du gouvernement en matière de planification écologique et son financement. « Je suis en colère », a déclaré le président Sébastien Windsor, face à un exécutif qui « a des ambitions fortes pour l’agriculture » mais « ne veut pas mettre les moyens ». D’après ses informations, le réseau consulaire ne bénéficiera pas de la hausse de la taxe foncière en 2023. Une source de financement que les chambres espéraient voir renforcée. Pour mettre en œuvre la planification écologique, « il faudra le même niveau d’accompagnement qu’après-guerre », a estimé Sébastien Windsor, soulignant un besoin « colossal » des agriculteurs. La décarbonation ne nécessite « pas de saut technologique », ne représente « pas d’investissement majeur » et « pas de difficulté économique » pour un certain nombre d’objectifs. Encore faut-il « aider les agriculteurs à faire différemment ». C’est le rôle que veulent assumer les chambres. Des travaux sont déjà menés en élevage laitier, pour confronter la théorie à la réalité des exploitations. Par exemple, le réseau explore les leviers permettant de renforcer l’autonomie protéique.

 

Planification écologique : la FNSEA « veut des moyens à la hauteur des ambitions »

À l’occasion de sa conférence de presse de rentrée le 31 août, le président de la FNSEA a demandé au gouvernement qu « au-delà des mots, l’on puisse calibrer des moyens à la hauteur des ambitions affichées » dans le cadre des politiques de Planification écologique, qui doivent être précisées dans les semaines à venir. Évoquant ses échanges avec les équipes du secrétaire général de la planification écologique (SGPE), qu’il devait rencontrer dans la journée, Arnaud Rousseau souhaite mieux « calibrer » le potentiel réel certaines mesures étudiées, telles que la production de biomasse ou les investissements dans des tracteurs roulant aux énergies renouvelables, qui pourraient être financées par la refiscalisation du GNR. « Pour l’instant, il n’y a pas d’alternatives au GNR », estime Hervé Lapie, secrétaire général de la FNSEA. Le syndicat majoritaire a rappelé sa ligne rouge de « ne pas dégrader la compétitivité des agriculteurs ». Plus largement, elle se fixe pour objectif de l’année à venir « d’enrayer le déclin de l’agriculture française », en intégrant notamment des mesures fiscales dans le projet de loi d’orientation et d’avenir (LOA) ainsi que dans le projet de loi de finances (PLF). À ce titre, elle reste toujours en attente du plan en faveur de l’élevage promis par Bruno Le Maire avant l’été : « Pas le début d’une ligne » pour l’instant, constate-t-il.

 

UE-Mercosur : une réponse aux exigences de Bruxelles attendue en septembre

Le Mercosur devrait présenter en septembre sa contre-proposition au protocole additionnel mis sur la table par l’Union européenne, en vue de finaliser l’accord commercial UE-Mercosur. Le ministre brésilien des Affaires étrangères, Mauro Vieira, a indiqué le 29 août en marge d’une conférence agricole dans son pays que cette réponse avait été retardée par le changement de gouvernement au Paraguay, mais que la réponse paraguayenne serait prête d’ici le 17 septembre. Les négociateurs européens attendent depuis mars une réponse à la proposition de protocole qui ajoute à l’accord politique conclu en 2019 des garanties environnementales pour répondre aux réserves exprimées par de nombreux pays membres de l’UE. Ce protocole est vivement critiqué par les pays du Mercosur, le Brésil en particulier, qui le considèrent comme protectionniste. Du côté européen, les ONG dénoncent au contraire des ajustements « cosmétiques et inapplicables ». La Commission européenne espère toujours pouvoir finaliser ces négociations d’ici la fin de l’année.

 

Carbone agricole : la Comagri veut une reconnaissance des activités d’atténuation

La commission de l’Agriculture du Parlement européen (Comagri) a adopté le 30 août son avis – préparé par l’eurodéputé centriste Martin Hlaváček - sur le cadre de certification des absorptions de carbone se prononçant pour la reconnaissance des activités d’atténuation des émissions de carbone. Dans sa proposition initiale, la Commission européenne souhaite au contraire limiter le dispositif de certification pour l’agriculture aux seules activités de séquestration de carbone dans les sols. Les Organisations et coopératives agricoles de l’UE (Copa-Cogeca) se sont félicitées de cette position de la Comagri qui prévoit aussi des « mesures pour empêcher l’accaparement des terres (en plaçant les forestiers et les agriculteurs au centre du système), la reconnaissance du rôle des coopératives agricoles, ainsi que la clarification d’une base de référence plus adéquate pour les caractéristiques de l’agriculture carbonée ». Cet avis va maintenant être transmis à la commission parlementaire de l’Environnement, compétente sur le fond, qui devrait adopter sa position le 2 octobre.

 

Commission européenne : Hoekstra désigné pour remplacer partiellement Timmermans

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a proposé, le 29 août suite à une rencontre avec celui-ci, de nommer Wopke Hoekstra, commissaire candidat présenté par le gouvernement néerlandais, au poste de commissaire européen pour l’Action pour le climat. Il n’hériterait donc pas de l’intégralité du portefeuille de son prédécesseur Frans Timmermans qui a démissionné de son poste pour se lancer dans la campagne électorale au Pays-Bas. Wopke Hoekstra exercerait ses fonctions sous la direction de Maroš Šefčovič, vice-président exécutif en charge du Green deal, des relations institutionnelles et de la prospective stratégique. Wopke Hoekstra sera auditionné par le Parlement européen où sa nomination sera soumise à un vote d’approbation avant une validation par le Conseil européen. La candidature de l’ancien ministre des Finances ne fait toutefois pas l’unanimité pour deux raisons. D’une part il a dans son curriculum vitae un passage de plusieurs années chez le pétrolier Shell et au cabinet de conseil McKinsey. D’autre part il est membre du parti populaire européen (droite) alors que son prédécesseur était issu du camp social-démocrate. La gauche du Parlement européen dénonce donc un changement dans l’équilibre politique au sein de la Commission de Bruxelles.

 

Foie gras : Euralis et Maïsadour renoncent à leur fusion

Les groupes Euralis et Maïsadour, qui représentent à eux deux 50 % de la production de foie gras en France, ont renoncé à leur projet de fusion, a annoncé le 31 août l’Autorité de la concurrence, qui avait ouvert fin 2022 une enquête approfondie. Les deux groupes avaient notifié en mai leur projet de rapprochement à l’Autorité. Cette dernière avait ouvert en décembre une « phase d’examen approfondi » considérant qu’il existait un « doute sérieux d’atteinte à la concurrence » au terme d’une première phase d’examen. L’Autorité a relevé ce jour que "l’entreprise commune aurait détenu des marques fortes, de très importantes parts de marché sur de nombreuses segmentations des marchés aval de la commercialisation de produits issus de canards gras […] dans un secteur très impacté par la grippe aviaire". Elle souligne aussi « l’absence de facteurs susceptibles de discipliner le comportement de la nouvelle entité en raison de l’absence d’une concurrence actuelle et potentielle suffisante ».

 

Canne à sucre : les planteurs réunionais s’inquiètent d’une production en berne

Manque de personnel, interdiction des pesticides… Les planteurs de canne à sucre de La Réunion ont interpellé le 31 août le ministre délégué aux Outre-mer, Philippe Vigier, exprimant leur inquiétude face à une production en nette baisse depuis plusieurs années dans l’île. À l’issue de la campagne sucrière 2022, 1,309 million de tonnes de canne ont été broyées dans les deux usines de ce département français de l’océan Indien. C’est 21 % de moins que la moyenne décennale (1,656 million de tonnes), selon la direction de l’agriculture de La Réunion. « Ce qui nous concerne le plus, c’est la disparition des molécules (qui permettent de lutter contre les mauvaises herbes, N.D.L.R.), les emplois et l’augmentation du prix des intrants », a expliqué Edvin Payet, secrétaire général de la FDSEA. À l’issue du Comité interministériel des outre-mer (Ciom) le 18 juillet, Matignon avait annoncé que la canne à sucre sera désormais considérée comme une « culture mineure » dans le cadre de l’encadrement des autorisations de mise sur le marché (AMM) des produits phytosanitaires. Ce classement facilitera les demandes d’extension d’usage.

 

Pommes/poires : bonne récolte confirmée en pomme, faible en poire (professionnels)

La récolte française de pommes en 2023 devrait atteindre 1,5 million de tonnes, en hausse de 8 % par rapport à l’an passé, et celle de poires seulement 105 000 tonnes (-29 %), a indiqué l’Association nationale pomme poires (ANPP) lors du lancement de la campagne le 31 août, confirmant ceux dévoilés lors de l’évènement européen Prognosfruit début août. Les tonnages de poire sont grevés par une forte alternance et les conditions météorologiques. En pomme, le syndicat constate « une offre quantitative, sans être pléthorique et en l’absence d’accidents climatiques à ce stade, une belle qualité, de bons calibres et une bonne capacité de conservation ». Les premières récoltes et ventes (Sud-Est, Sud-Ouest) se déroulent bien selon les opérateurs. L’absence de stocks de l’année précédente et une production européenne légèrement en baisse, donc moins de concurrence, y participent. Des craintes persistent. Tout comme l’an passé, les coûts de production sont à la hausse. Selon l’ANPP, les charges (phytosanitaires, fertilisants, carburant, main-d’œuvre…) s’élèvent à 17 268 €/hectare cette année contre 13 790 €/hectare en 2019. D’autre part, avec l’inflation, les distributeurs, présentés lors de l’évènement, s’orientent davantage vers une offre « premier prix ».

 

Événementiel : un ancien de JCB devient directeur du Sima et du Sitevi

Dans un communiqué paru le 31 août, la société d’évènementiel Comexposium annonce que Christophe Lecarpentier va prendre la direction du Sima (salon du machinisme agricole) et du Sitevi (filières viticoles et arboricoles). Auparavant, il a travaillé pendant 18 ans chez le constructeur de machines JCB. La prochaine édition du Sitevi se déroulera dans trois mois, et celle du Sima en novembre 2014. Christophe Lecarpentier remplace Isabelle Alfano, qui travaille désormais pour le salon du Bourget (aviation).