FDSEA de Saône-et-Loire
Des exploitations fragilisées

Cédric MICHELIN
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Sécheresses, gel, grêle, inondations, maladies, ravageurs, prédateurs… la Saône-et-Loire n’est pas épargnée par les aléas climatiques et autres crises. La profession travaille de front sur tous ces sujets pour renforcer des exploitations partout fragilisées. Interview de Christian Bajard, président de la FDSEA de Saône-et-Loire.

Des exploitations fragilisées

Depuis le début de la crise du Covid-19, comment qualifieriez-vous les deux dernières années ?
Christian Bajard : Il est toujours difficile de se projeter sur la sortie de crise Covid-19 mais l’agriculture a su tenir le choc et a répondu aux besoins de la chaîne alimentaire Française. Reste que les agriculteurs ont été bien malmenés par les sécheresses, gels, inondations… à répétition qui ont fragilisé nos exploitations et ont remis en cause leur viabilité.

À l’heure des vendanges, quelles semblent être les conséquences du gel d’avril ?
C.B. : Il n’y a pas de bonnes surprises, les rendements estimés par les viticulteurs et experts font état de pertes de -50 à -60% en moyenne générale sur l’ensemble du département. 2021 est à ce titre une année difficile qui aura des conséquences sur plusieurs années.
C’est pourquoi, nous avons revendiqué un accompagnement fort (dégrèvement TFNB, prise en charge MSA, accompagnement trésoreries…) et demandé que la viticulture puisse bénéficier d’un fonds de calamité spécial.
Car demain, l’inquiétude est de perdre des ventes faute de volumes alors que la commercialisation des vins de Bourgogne se porte bien.

La campagne a également été compliquée d’un point de vue sanitaire. Qu’advient-il de la Charte ZNT Riverains ?
C.B. : En 2020, nous avions bien travaillé sur le département avec la Chambre et les services préfectoraux pour mettre en place une charte ZNT. Malheureusement, le Conseil d’État les a remis en cause partout en France. Un nouveau travail d’encadrement des traitements à proximité des habitations est en cours dans le département. La profession regrette néanmoins cette situation qui créée le trouble dans la tête des viticulteurs ou cultivateurs. Pour autant, la situation avec les riverains a été plus apaisée cette année.

Juillet a vu des crues historiques avec d’importants dégâts : Où en est ce dossier ?
C.B. : Le val de Saône notamment a souffert de grosses inondations alors que les récoltes étaient encore dans les champs. Nous avons immédiatement sensibilisé l’administration et les élus sur cette crue exceptionnelle et les pertes de récolte. À ce jour, le Ministre de l’Agriculture n’a pas fait d'annonces. Nous lui avons refait part de nos demandes au Congrès de la FNSEA à Niort la semaine passée. L’administration nous a demandé d’affiner les données. Lundi, 83 dossiers nous avaient été retournés déjà. Nous restons mobilisés pour obtenir des accompagnements pour les agriculteurs les plus touchés.

L’élevage continue-t-il de souffrir aussi ?
C.B. : La situation des prix s’améliore même si les cours restent à des niveaux trop bas pour couvrir nos coûts de production. Nous nous mobilisons autour de la loi EGAlim 2 et de la contractualisation. Le travail à faire avec la filière reste important, tout comme avec la restauration collective et les grandes enseignes de distribution. À l’international et au niveau national cependant, les signaux des marchés sont au vert et il faut que les éleveurs aillent chercher de meilleurs prix.

Cette semaine, une nouvelle suspicion d’attaques de loup a été signalée, qu’en est-il ?
C.B. : Des investigations sont en cours. Au-delà, la présence de loups sur notre département se fait jour de façon répétitive et cela nous inquiète de plus en plus. On comprend la colère des éleveurs ovins. Nous allons aller à la rencontre des départements touchés depuis plusieurs années car nous cherchons à faire évoluer la réglementation pour accélérer les procédures de tirs de prélèvement.

Quelles conséquences risquent d’avoir la prochaine Pac sur l’agriculture de notre département ?
C.B. : Des arbitrages ont été faits par le Ministre cet été mais il est encore difficile de mesurer les impacts, sachant que ceux sur le 2e pilier Pac ne sont pas encore rendus. Ces premiers arbitrages ne sont en tout cas pas favorables à l’élevage allaitant. Il nous faut donc vite retravailler sur la stratégie régionale de l’élevage pour pouvoir soutenir davantage l’élevage.
Les nouvelles dispositions des écorégimes posent beaucoup d’interrogations même si le travail des organisations agricoles a permis un accès plus large à ces derniers. Néanmoins, il faudra adapter son exploitation pour rentrer dans ce système. C’est crucial que chaque exploitation y ait accès.
Enfin, concernant la gestion des risques agricoles, beaucoup de questions se sont posées sur le système assurantiel, les calamités… et les dispositifs vont être remis à plat, selon les souhaits du Ministre de l’Agriculture. Mais, il faut que l’on soit prudent sur ce nouveau dispositif de gestion des risques car, après avoir vu les limites du système assurantiel et selon les propositions du Ministère et du député rapporteur, on se dirige vers une refonte complète du système assurantiel et du fonds de calamité pour rebâtir un tout nouveau système. Reste à savoir si chaque agriculteur pourra s’assurer et si le système sera robuste en terme d’évaluation des pertes et d’indemnisations. Il faudra qu’il soit abordable financièrement et se déclenche bien lorsqu’il y a vraiment besoin.