Prédation
Un cheval de course attaqué par un prédateur au Rousset-Marizy

Frédéric RENAUD
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Temple Boy, Big Death, Bénie des Dieux… les chevaux issus du Haras des Châtaigniers courent sur de nombreux hippodromes de France. C’est donc un élevage équestre notable qui a été touché par la prédation, le vendredi 27 octobre, produisant des chevaux pour la course, purs-sangs ou AQPS. L’attaque s’est déroulée dans le village Le Rousset - Marizy, entre Cluny et Montceau-les-Mines…

Un cheval de course attaqué par un prédateur au Rousset-Marizy
« Nous n'élevons pas des chevaux pour qu'ils servent à nourrir le loup », protestent les exploitants du Haras des Chataigniers. Leur jument partiellement dévorée attend l'équarrissage sur la place de Noireux, dans le village de Le Rousset-Marizy.

Le cadavre de la jument gît sur la place de Noireux. Sans vouloir choquer leurs voisins, les éleveurs du Haras des Châtaigniers, un élevage de chevaux situé au Rousset-Marizy souhaitent partager leur colère. « Oui, c’est moche. Mais nous n'élevons pas des chevaux pour qu'ils servent à nourrir le loup ». Car c’est bien ce prédateur que les premières constatations des employés de l’OFB incriminent.

« La jument a été poursuivie longtemps, avant de se casser une patte, sur les sols rendus glissants par la pluie. Le prédateur lui a dévoré la partie haute du membre postérieur gauche. Encore vivante quand nous l'avons trouvée, elle a été euthanasiée », relate Clarence Signol. « Un autre de nos chevaux a aussi subi une morsure au flanc, mais ça va se soigner. Dans un pré voisin, une vache pleine a avorté ce matin, sous l'effet de la frayeur. »

Sur la fin de la nuit du 26 au 27 octobre, deux des chevaux du Haras des Châtaigniers ont été attaqués par un prédateur. Les exploitants de cet important élevage, fournisseur de chevaux de course et situé dans le village Le Rousset-Marizy, entre Cluny et Montceau-les-Mines, accusent le coup.

« C’est une pouliche de course, dont la valeur provient des efforts que nous lui avons consacrée. C'étaient environ 80.000 € de travail et de soins », souffle Clarence Signol, les yeux rouges ne pouvant constater la fin tragique de cet animal à la génétique exceptionnelle. Le 27 octobre matin, quand elle et son compagnon ont apporté à manger aux six chevaux présents dans une parcelle, seulement cinq sont venus à la gamelle. « La sixième agonisait dans le fossé ».

Clarence Signol et Xavier Brelaud, les exploitants du Haras des Châtaigniers protestent : « C’est du travail de sélection, des efforts de génétique. C’est une souche que nous avions sélectionnée depuis 4 à 6 ans, entre la saillie, l’étalonnage, la mise bas…. Le produit était là, débourré par un professionnel, puis remis au pré. Nous devions la reprendre en décembre pour l’emmener au travail. Et peut-être pour qu'elle puisse nous éblouir sur un champ de courses ». Mais cet avenir prometteur explose sous les dents d’un loup !

« Notre activité, c’est l’élevage des chevaux de course, des purs sang anglais ou des autres que pur-sang (AQPS), des chevaux de plat et d’obstacle. Nous faisons ce métier depuis 20 ans à Noireux. Nos produits courent sur des hippodromes dans toute la France, à Paris comme en province. C’est un travail de sélection permanent, depuis des années, pour réunir tous les caractères attendus chez un cheval de course. Là, c’était la première femelle que nous obtenions après une lignée de mâles », poursuivent les éleveurs.

Cette pouliche était issue « d’une jument et d’un étalon que nous avions achetés. Un étalon, c’est souvent un investissement important ; nous évaluons les nôtres autour de 500.000 euros », déclare l’éleveuse. « Nous avions donc réalisé un produit dans lequel on croyait. Pourtant, son existence se termine en plein milieu du hameau, avec une jambe cassée et déchirée par un loup ».

Contactée par les éleveurs, la DDT les assure de leur soutien. « On nous a indiqué que nous avions l’autorisation de tir, pour le soir. » Car l’élevage comprend 90 chevaux. « À nous deux, nous ne pouvons pas tous les surveiller en même temps, sur nos 90 hectares, morcelés en plusieurs îlots, même si une bonne partie se trouve sur la commune. Il n’est pas question de parquer nos cent chevaux dans nos prés éparpillés ; c’est une question de logique », clame Clarence Signol. Après l'attaque, l'inquiétude reste forte. « Il n'est pas certain que le prédateur soit reparti. » 

« Je ne veux pas travailler pour nourrir des loups », répète Clarence Signol. L'émotion est forte dans le village : le député européen Jérémy Decerle, la députée Josiane Corneloup, le sous-préfet de Charolles et le maire sont passés dans la matinée s’entretenir avec le couple d’éleveurs. Et au delà du village même puisque la semaine dernière a été particulièrement sanglante avec plusieurs veaux morts (Mary...), des brebis (Saint-Forgeot, Joncy, Saint-Léger-sur-Dheune...) et désormais une pouliche. Chambre, FDSEA et JA multiplient les réunions sur le terrain et avec les autorités pour rapidement sortir de cette nouvelle série dramatique d'attaques.

Outre l’attaque sur les chevaux à Noireux, le centre du département a été touché ces derniers jours par plusieurs prédations.

A Saint-Maurice-des-Champs, le troupeau d’un même éleveur a été attaqué deux fois en dix jours. Le 29 octobre, une brebis a été consommée et deux autres ont été euthanasiées, en raison de leurs blessures. L’éleveur n’a pas pu approcher son troupeau en raison de leur état de peur.

A Mary, le loup a frappé la veille de l’attaque de Noireux. Deux veaux ont été touchés : l’un est mort, l’autre est très « abîmé », selon les mots de l'éleveur.

Le 18 octobre, treize brebis, soit le tiers du troupeau présent dans la parcelle, s’étaient jetées dans la Grosne, à Malay, entre Cluny et Buxy. Deux se sont noyées et une troisième a été euthanasiée en raison des violentes morsures qu’elle avait subies.