Elevage Brunel à Issy-l’Evêque
Couverture photovoltaïque et raclage pour 220 vaches !
L’année dernière, la famille Brunel ont mis en service un tout nouveau bâtiment pour 220 vêlages. L’adjonction d’une toiture photovoltaïque et la présence d’un couloir raclé en font une grande stabulation confortable et, somme toute, économe.
Originaire de Lozère, la famille Brunel s’est installée en Saône-et-Loire en 2001 en reprenant l’exploitation de Christiane et Jean Simon à Issy-l’Évêque. À l’époque, la ferme reprise comptait déjà 220 vaches charolaises inscrites au Herd-Book. C’était une structure importante avec un troupeau réputé, mais les bâtiments étaient anciens et toutes les vaches devaient être hivernées à l’attache. Christelle et Serge Brunel ont repris la structure telle quelle ce qui représentait déjà un important investissement. Et durant les années qui ont suivi, ils se sont contentés d’étables entravées et de plein air pour leurs animaux. Il faut dire que le couple, aujourd’hui rejoint par ses deux fils Anthony et Valentin, a été amené à acheter du terrain, à s’équiper en matériel tout en continuant à investir dans la génétique, une passion familiale. La construction de nouveaux bâtiments a aussi tardé, car Serge était locataire du site d’exploitation jusqu’en 2018.
Jusqu’à l’année dernière, le couple continuait de faire vêler ses nombreuses vaches dans de vieilles étables entravées alors que la famille Brunel totalise désormais 450 charolaises et leur suite sur quatre sites.
Un premier bâtiment moderne avait tout de même été construit en 2004 pour une centaine de laitonnes et 80 génisses de deux ans. Il a été rallongé en 2012-2013 pour 40 vaches à l’engraissement et 50 broutards et laitonnes. En 2017-2018, un bâtiment pour 100 vaches allaitantes et broutards était créé par Anthony, lequel avait repris l’exploitation de Jean et Michel Rameau dans la même commune en 2013. Cette stabulation pour mères à veaux a servi de prototype pour le futur bâtiment de ses parents : toiture photovoltaïque, couloir raclé…
18 mètres carrés par vache
La famille Brunel a repris le même concept pour la création de sa nouvelle stabulation. Elle avait besoin d’un grand bâtiment, mais qui soit économe en paille tant le coût de cette dernière l’inquiétait. L’autre impératif était le bien-être animal. « Les mères et leurs veaux disposent en moyenne de 18 mètres carrés par couple mère-veau, en incluant les boxes à veaux », fait valoir Anthony. Ces mètres carrés concourent à abaisser la consommation de paille, font valoir les intéressés. L’autre source d’économie de paille est l’aire raclée de 4 m de largeur qui dessert les cornadis et l’aire paillée de 16 m de profondeur. Le raclage est effectué 2 à 3 fois par semaine à l’aide d’un tracteur muni d’un racleur de 3 m de largeur. Le fumier est poussé vers l’extrémité du bâtiment où se trouve une fumière couverte de 21 m X 20 m. Chaque jour, les vaches sont bloquées au cornadis de 7 h 30 à midi ce qui préserve la litière paillée. Pendant ce temps, tous les veaux sont parqués dans les cases à veaux.
Des grandes cases pour 40 vaches
La famille Brunel a opté pour de grandes cases contenant 40 vaches à veaux. « Dans de grandes cases, les vaches se battent moins et les dominées peuvent se réfugier plus facilement », justifient les éleveurs, précisant que leurs animaux ne sont pas écornés. Le bâtiment contient 4 cases des 40 vaches, mais il abrite aussi « 3 cases de 20 vaches pour les femelles prêtes à vêler et les mères accompagnées de leurs jeunes veaux naissants », explique Serge. À l’arrière des cases de vaches, 42 cases de vêlages sont desservies par un couloir de 4 m longeant le fond du bâtiment. Un grand local technique est positionné à équidistance des deux extrémités de la stabulation. Ce local isolé et chauffé est équipé d’eau chaude. Il accueillera bientôt quatre petits boxes pour des petits veaux en soins. À proximité de ce local technique, une porte donnant sur l’extérieur est destinée au vétérinaire.
Au total, la stabulation mesure 154 m de long correspondant à 22 travées de 7 m, indique Serge. Avec la fumière, l’édifice atteint 175 m pour une largeur de 33 m. Bardée en tôles perforées, elle est ouverte côté sud avec un couloir d’alimentation de 5 m abrité par un auvent. Prévue pour recevoir des panneaux photovoltaïques, la couverture ne comporte pas de plaques translucides. En revanche, la clarté est permise par un faîtage ajouré qui assure aussi la ventilation naturelle.
Plus aucun vêlage en étable entravée
C’est peu dire que la mise en service de cette grande et belle stabulation a changé la vie de la famille Brunel. Les conditions de travail n’ont rien à voir avec ce qu’elles étaient dans les écuries entravées où tout devait être effectué à la main, matin et soir, dans un environnement exigu et sombre… Les caméras qui équipent le nouveau bâtiment évitent d’avoir à se lever toutes les nuits. « À l’approche des vêlages, on prend les températures le soir et on met les vaches prêtes à vêler dans les boxes de vêlage », explique Serge. « Nous n’avons plus du tout de vêlage en étable entravée », annoncent soulagés Christelle et Serge. Toutes les vaches de l’élevage ne tiennent pas dans la nouvelle stabulation, mais elles y séjournent pour le vêlage et l’élevage des jeunes veaux. Une fois que les veaux sont habitués à téter, les quarante premières mères suitées libèrent la place pour regagner le plein air.
Confort de travail et surveillance
La distribution de l’alimentation est désormais mécanisée. L’enrubannage est distribué à l’aide d’une dérouleuse fixée à l’avant du tracteur. Du foin est mis à disposition en libre-service. Dans les vieilles écuries entravées, le pansage, le curage et le paillage devaient être effectués à la main tous les jours et deux fois par jour. « Dans la nouvelle stabulation, on peut exceptionnellement passer un tour. Il suffit de donner une plus grosse ration le coup d’avant », fait valoir Christelle.
« Un bâtiment ne rapporte pas d’argent. On y gagne en qualité de travail et en surveillance tout en étant moins épuisé physiquement », concluent Christelle et Serge Brunel. L’été prochain, ce sera au tour de Valentin de construire une autre stabulation moderne sur le même principe.
Le photovoltaïque pour financer
« La centrale solaire de 500 kWc devrait financer environ 60 % du bâtiment », confie Serge Brunel. Comme l’avait fait Anthony pour sa propre stabulation en 2017-2018, Christelle et Serge ont investi dans une toiture photovoltaïque pour leur nouveau bâtiment. En optant pour un emprunt d’une durée de 15 ans, ils se sont assurés que la centrale solaire dégagerait un revenu dès la première année. Les premières années de fonctionnement confirment les prévisions du fournisseur Clef Énergies. Fixée sur le pan de toiture orienté sud, cette première centrale devrait être doublée par une seconde de 499 kWc supplémentaires sur le pan orienté nord. Sur ses différents sites d’exploitation, la famille Brunel dispose par ailleurs de cinq autres couvertures solaires de 100 kWc chacune.
Entreprises locales et autoconstruction
Malgré la dimension du projet, le nombre d’entreprises qui sont intervenues sur le site se compte sur les doigts de la main. Outre Clef Énergies pour le photovoltaïque, la famille Brunel a fait intervenir Cyrille Comparet de Mécagalva71 à Grury. Cette entreprise locale s’est chargée de tout l’aménagement intérieur en tubulaire ainsi que de l’alimentation en eau. C’est elle aussi qui a conçu le racleur que les éleveurs attellent à leur tracteur pour curer le fumier. L’électricité a été installée par une entreprise gueugnonnaise NCDD. La famille Brunel a réalisé le terrassement et une grande partie des bétons.