GTV Bourgogne Franche-Comté
GTV Bourgogne Franche-Comté : le digestif n’a pas dit son dernier mot !

Marc Labille
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Les troubles digestifs des bovins et l’impact de l’alimentation étaient au cœur de la dernière journée technique du GTV BFC. Cette formation destinée aux vétérinaires de la région fut aussi l’occasion de dévoiler des perspectives préventives prometteuses grâce aux connaissances sur le microbiote digestif.

GTV Bourgogne Franche-Comté : le digestif n’a pas dit son dernier mot !
Le 15 octobre dernier, la journée technique du GTV BFC a rassemblé une soixantaine de participants, majoritairement des praticiens bourguignons ainsi que des étudiants.

Le 15 octobre dernier, le Groupement Technique Vétérinaire de Bourgogne Franche-Comté (GTV BFC) tenait sa journée technique automnale à Marey-les-Fussey en Côte-d’Or. Dédié à la formation continue des vétérinaires de la région, le GTV BFC organise traditionnellement deux journées techniques par an, l’une au printemps et l’autre en automne. Prévue en Franche-Comté, la journée de printemps a du être annulée en 2020 en raison du Covid. Mi octobre, la journée d’automne accueillait une soixantaine de participants, majoritairement des praticiens bourguignons ainsi que des étudiants. Une satisfaction pour les responsables du GTV qui confiaient que l’activité du groupement avait été bien impactée par le contexte sanitaire. Pour palier les distanciations sociales, des formations en ligne ont été développées et le GTV se prépare au congrès national de la SNGTV, lequel est prévu en mai 2021 à Dijon.

Alimentation du troupeau et pathologies digestives

Les thèmes développés lors de la journée du 15 octobre renvoyaient essentiellement au domaine digestif avec les problèmes d’ordre alimentaire en toile de fond. La première intervention portait en effet sur l’actualité des pathologies digestives. Les intervenants prenaient notamment l’exemple « du déplacement de caillette à gauche », une pathologie digestive fréquente chez les vaches laitières, explique Jocelyn Amiot, du GTV BFC. Or ce trouble provient en grande partie de l’alimentation du troupeau. C’est en particulier un manque de fibres grossières au tarissement qui est en cause, indiquent les vétérinaires. Il en va donc de la gestion du troupeau au tarissement, alertent les praticiens. « Pour conserver le volume du rumen au tarissement, il faut augmenter son encombrement. Pendant les 15 derniers jours avant le début de lactation, il faut augmenter l’apport de concentrés pour couvrir les besoins énergétiques de la vache. Pas de fourrages de mauvaise qualité pour les vaches taries ! », recommandent les vétérinaires qui rappellent que la bonne alimentation des taries conditionne les conditions du vêlage, le démarrage du veau, la reproduction… Fait révélateur de l’impact de l’alimentation sur cette pathologie : « on constate que les vaches à déplacement de caillettes sont fréquentes aux changements de silos », témoigne Jocelyn Amiot.

Lors de cette journée, il a également été question de la vaccination contre les entérites néo-natales. Des études terrain démontrent l’intérêt d’une supplémentation en oligo-éléments (cuivre, sélénium, zinc), notamment pour améliorer la réponse vaccinale. « Cet apport d’oligo-élément potentialise la réaction vaccinale en favorisant la synthèse d’anticorps », explique Jocelyn Amiot.

Les promesses du microbiote

La dernière intervention de la journée avait pour thème le microbiote digestif. Comme en médecine humaine, la découverte du microbiote ouvre des perspectives nouvelles. Des milliards de micro-organismes vivent à l’intérieur du tube digestif des animaux. Ces microbes interagissent avec leur hôte et de l’équilibre de leurs populations dépend la santé de l’animal qui les héberge. Chez les bovins, le microbiote du rumen leur sert à exploiter l’alimentation pour en extraire de l’énergie, des protéines, des vitamines. Un mécanisme immunitaire sophistiqué permet cette co-habitation bénéfique entre des microbes et leurs hôtes. Mais le moindre déséquilibre peut être responsable de troubles, expliquait le Professeur Gilles Foucras de l’Ecole Vétérinaire de Toulouse. Les nouvelles connaissances sur ces mécanismes fascinants ouvrent des pistes prometteuses en matière de prévention des maladies. Des corrections ou des manipulations du microbiote pourraient ouvrir de nouvelles voies pour la santé des animaux. Des corrélations sont démontrées entre la composition des microbiotes et la production laitière, l’efficacité alimentaire, les émissions de gaz à effet de serre… Le génotypage du microbiote de bovins pourrait ainsi s’inscrire dans des schémas de sélection…

Biosécurité : le principe des gestes barrière appliqués à l’élevage !

La biosécurité en pratique est l’un des thèmes qui a été abordé à la dernière journée technique du GTV BFC. Car l’acquisition des bons réflexes de biosécurité est un enjeu majeur pour les élevages, estiment les responsables du GTV. « La biosécurité, ce n’est que du B-A BA ; du bon sens pour éviter les contaminations d’élevage », explique-t-on. Une somme de précautions, un peu comme les gestes barrières, qui ne sont pas assez adoptés par les éleveurs et qui sont autant de sources de contamination. Contact avec l’animal d’un voisin, absence de gestion des personnes qui pénètrent sur l’exploitation ou dans les nurseries… sont quelques-uns des écueils fréquemment rencontrés dans les élevages, alertent les vétérinaires. Aussi, le GTV tient-il à remettre l’accent sur la biosécurité auprès des praticiens. De sorte qu’ils puissent montrer le bon exemple auprès de leurs clients.

Louvéto : du mentoring pour séduire les étudiants

« 3.000 vétérinaires praticiens risquent de manquer en France en 2025 ! », rapportent les responsables du GTV Bourgogne Franche-Comté. La problématique du renouvellement des vétérinaires est une préoccupation forte au GTV alors que des cas de praticiens qui jettent l’éponge sont rapportés dans la région. Avec une grosse densité d’élevages, une zone géographique relativement attractive et la présence de structures vétérinaires importantes, la Saône-et-Loire est encore assez épargnée par le phénomène, confient les représentants du GTV. Mais le groupement régional reste vigilent. Une association a vu le jour dans le but de mettre en relation les étudiants avec des praticiens en place. Elle s’appelle « Louvéto » et repose sur du « mentoring » ou parrainage. Il s’agit d’une plateforme créée par des étudiants où jeunes et vétérinaires peuvent créer leurs profils, entrer des critères de recherche et ainsi se rencontrer. Pour l’étudiant vétérinaire, le but est de mieux connaitre le métier ; aborder la question de l’équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle ; connaitre les modalités d’installation… Pour les praticiens expérimentés, cette expérience peut être enrichissante avec la satisfaction de transmettre.