MSA Bourgogne
La protection sociale « du premier kilomètre »

Cédric MICHELIN
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La veille de son assemblée générale à Beaune, la MSA Bourgogne revenait sur sa stratégie du « premier kilomètre » grâce à ses délégués. L’occasion de faire des constats en toute franchise. Et d’inaugurer un nouveau format de communication à la fois pour toucher les jeunes générations, les plus isolés et les salariés et pour mieux faire connaître toutes les actions et tous les services de la MSA.

La protection sociale « du premier kilomètre »

Le 25 novembre à 17 heures précise, la chaîne YouTube de la MSA Bourgogne voyait débuter le compte à rebours pour une émission TV en direct depuis Dijon. La volonté était claire : démontrer les savoir-faire de la MSA et mieux le faire-savoir. Car Dominique Bossong, le président de la MSA Bourgogne, regrette que « le monde agricole d’une part et le monde rural d’autre part ont chacun une vision très partielle de l’action de la MSA sur nos territoires ». « Mutuelle », « collecteur de cotisations »… la MSA constate un manque criant de connaissance sur son statut, son rôle et ses métiers. C’est pourquoi, la dizaine d’invités entendait tous changer cette image « y compris auprès des parlementaires, élus et interlocuteurs des territoires ». Pourtant, de par « son fonctionnement démocratique », la MSA et ses délégués élus sont en permanence sur le terrain « au plus près des problèmes de l’ensemble des ressortissants ». Un maillage qui n’a quasi pas d’équivalent. Actuellement, la MSA rencontre les communautés de communes (et maires siégeant) pour démontrer sa force « pour parler de la protection sociale de la MSA et de nos structures d’offre de services (formations, ingénierie, animations…) ». Ainsi, les maires ruraux sont réceptifs à ce que la MSA soit « l’interlocuteur unique de la protection sociale des territoires ruraux » et ce, notamment, au sein des maisons France Service. Ce qui n’était pas forcément la vision du gouvernement au départ, mais les crises Gilets jaunes et Covid ont permis un changement d’état d’esprit.

Les courroies de transmission du monde rural

Premier vice-président MSA Bourgogne, Jean-Paul Baudin rappelait que le « premier atout de la MSA est son guichet unique du premier kilomètre », insistait-il en opposition à la notion de "dernier kilomètre" employée au sein des multinationales. Une simplification avant l’heure qui va en plus « de la naissance de l’adhérent jusqu’à sa fin de vie ». Autant dire que les 700 délégués élus en Bourgogne sont autant de « courroies de transmission » avec la MSA pour toutes les questions liées aux retraites, aux soins maladie, aux prestations familiales… Des délégués « attentifs » qui ont aussi pour mission de veiller au bien de chacun et d’alerter si besoin des difficultés de la vie.
Pour la directrice de la MSA Bourgogne, Armelle Rutkowski, les 500 salariés sont tous tournés sur la « couverture sociale - plus plus - des adhérents qui sont loin des villes » avec des associations telles que la télé-assistance pour les anciens, l’insertion des demandeurs d’emploi, la prévention d’accident, la médecine du travail…

Des règles en perpétuelles évolutions

« La crise Covid a été la preuve flagrante que nous portons ces politiques publiques » dans les territoires. Avec toujours l’obligation que les « prestations soient versées en temps et en heure ». Sans se cacher derrière son petit doigt, elle reconnaissait qu’il « reste des trous dans la raquette mais notre conseil d’administration s’emploie à les boucher » même si c’est parfois « la quadrature du cercle ». La mutualisation en 2018 avec la caisse MSA de Franche-Comté a obligé une cinquantaine de salariés « à changer de métier alors que le train MSA roulait. La réglementation de la famille, c’est par exemple l’apprentissage de 15.000 règles de droit » pour apporter le bon service et la bonne réponse. La situation s’est depuis stabilisée mais il faut constamment remettre le métier sur l’ouvrage avec « les multiples évolutions réglementaires comme par exemple, les 69 nouvelles règles santé avec le Covid » en mars 2020.

« Le Morvan au milieu de la Belgique »

Présidente du comité départemental de l’Yonne, Hélène Dapvril entend depuis sa première élection « redorer le blason » de la MSA, même si elle reconnaît que ce n’est pas toujours évident. « Ce n’est souvent vu par les agriculteurs que comme une facture, un appel de cotisations », regrette-t-elle. Pour convaincre ses collègues agriculteurs du bien-fondé de la MSA, elle leur liste toutes les aides possibles et leur demande de faire le ratio entre cotisations et aides « touchées ». En plus, « on subventionne aussi des crèches, des centres de loisirs… dans les campagnes » allant donc bien au-delà du milieu agricole. Une ouverture salutaire au monde rural qui apparaît parfois comme tout à fait normal ou banal mais qui est pourtant loin d’être « acquise ». Il faut le rappeler à tous et aux plus jeunes qui n’ont pas forcément toute l’histoire en tête. « On n’en parle pas à l’école et on oublie que ce sont les agriculteurs qui ont créé la MSA », insiste-t-elle. Jean-Charles Blanchard ne désespère pas : « les jeunes sont connectés aujourd’hui même s’ils n’ont pas toutes les données » de base pour bien comprendre. Le président du comité départemental de Saône-et-Loire fait ce travail de pédagogie auprès de tous « jusqu’au préfet ». Malheureusement, il le rencontre souvent ces dernières années avec toutes les crises : sécheresses, gel, inondations… Sans oublier, une nouvelle fois, que la MSA est constituée de trois collèges « qu’il faut écouter » : les exploitants, les salariés et les employeurs de main-d’œuvre. Et Jean-Charles Blanchard a pour principe de « donner une réponse même si elle ne fait pas forcément plaisir mais il faut donner une réponse ». Pour son premier mandat à la MSA en tant que président du comité départemental de Côte-d’Or, Olivier Gallien fait comme ses collègues, il « mobilise » son réseau de délégués, « pour les dynamiser » et pour tenter de remédier à la « désertification » de certaines zones rurales à la densité très faible en habitants. « L’idée est d’apporter le même service partout », pousse Dominique Bossong qui ne peut toutefois pas réduire les distances géographiques : « on est l’équivalent de la Belgique avec au milieu le Morvan ». Et malgré les formations bûcheronnage, cela restera ainsi.