Interprofession céréalière
« On a besoin d’une vision stratégique majeure »

Durant son assemblée générale, le 14 novembre, l’interprofession a dressé le bilan de ses actions de la campagne 2022-2023. Elle entre progressivement dans l’ère de l’intelligence artificielle.

« On a besoin d’une vision stratégique majeure »

Intercéréales, l’interprofession de la filière céréalière qui regroupe les collèges de la production, de la collecte, de la commercialisation et de la transformation des céréales a tenu son assemblée générale le 14 novembre dernier à Paris. Les deux grands témoins invités étaient Ryadh Sallem, athlète handisport, doté d’un palmarès notable en natation, basket et rugby fauteuil et Laurent Alexandre, chirurgien, écrivain et entrepreneur dans le domaine des biotechnologies. Ces deux témoins symbolisent les capacités de résilience et les capacités d’innovation qui font la force de la filière céréalière. Celle-ci est résiliente, car elle sait rebondir après chaque crise. Elle est aussi innovante, car elle adopte les outils technologiques les plus performants du moment.

« L’ensemble de la filière céréalière, comme l’ensemble de l’économie mondiale, sont entrées dans l’ère du capitalisme cognitif. Il allie le capitalisme de production, l’économie du savoir, l’économie de la connaissance et l’économie de l’immatériel », a déclaré Laurent Alexandre. Il intervient fréquemment sur les sujets de l’intelligence artificielle et des ruptures technologiques et organisationnelles qu’elle engendre. La version ChatGPT4 (Generative Pre-trained Transformer) a séduit les représentants de la profession céréalière en raison de la diversité de ses champs d’action. Elle est à la fois capable de diagnostiquer les maladies des cultures, d’évaluer les besoins en engrais d’une parcelle et de définir la stratégie commerciale à suivre pour valoriser les grains collectés. Cet outil regroupe une infinie d’applications.

« Après avoir manqué les OGM dans les années 1990, l’agriculture française ne peut pas passer à côté de cette accélération. On a besoin d’une vision stratégique majeure », avertit Jean-François Loiseau. Il est impatient « de définir un schéma directeur pour l’agriculture avec Marc Fesneau, le ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire ».

Ce dernier était le troisième invité à participer à l’assemblée générale d’Intercéréales. Mais comme il accompagnait le président de la République dans le Pas-de-Calais pour apporter le soutien du gouvernement aux agriculteurs sinistrés, victimes des inondations, il n’a pas pu honorer l’invitation.

Rapport d’activité

Durant l’assemblée générale, différents intervenants ont présenté le rapport d’activité de l’interprofession céréalière de la campagne 2022-2023. Le plan Exqualidur lancé en 2022 pour relancer la filière blé dur a été rénové afin de prendre en compte les défis climatiques à relever. La recherche génétique et la protection assurantielle sont devenues des axes prioritaires. Arvalis, l’Institut du végétal, pilote 700 projets de recherche portant en particulier sur l’articulation offre-demande de céréales sur les marchés des céréales, sur le biocontrôle, sur la pulvérisation et la protection des riverains. Ces sujets de recherche visent à apporter des solutions aux problèmes rencontrés par les céréaliers sur leur exploitation.

Plus de 67 millions de tonnes de grains sont transportées chaque année. Aussi, l’interprofession mène deux études portant sur les enjeux logistiques de la filière céréalière. La première évalue les modes opérationnels et dresse une carte du transport des céréales. La seconde étude vise à définir une trajectoire à l’horizon 2030-2050 qui prendra en compte les enjeux de décarbonation et de compétitivité. Elle a aussi créé la plateforme Coésio, un projet pour améliorer le transport fluvial en agrégeant les données et en simulant les flux céréaliers sur une cartographie. Intercéréales structure et anime aussi de nouvelles filières de quinoa, de sarrasin et d’épeautre.