Lutte contre la flavescence dorée en 2014
40 % d’insecticides en moins

Publié par Cédric Michelin
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Lundi à Saint-Gengoux-de-Scissé, après Mercurey et Beaune, la profession faisait le bilan de la lutte contre la flavescence dorée en Bourgogne pour 2014. Avec une première année d’aménagement de la lutte contre le vecteur de la maladie, la Bourgogne a réussi à diminuer de 40 % environ ses traitements insecticides en 2014, tout en restant fortement mobilisée pendant les prospections et en « contenant » la maladie. Un succès encourageant qui donne envie de poursuivre les mêmes efforts.
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En Bourgogne en 2014, 3.500 vignerons, salariés, négociants… se sont formidablement mobilisés pour prospecter. Fredon Bourgogne, BIVB, Draaf, CAVB, FNEB, chambres d’agriculture, Sedarb, IFV… réunis au sein de la Commission régionale flavescence dorée, sont ravis. La prospection est le « pivot » de la lutte, toutes sensibilités et itinéraires techniques confondus. La Bourgogne est ainsi exemplaire en la matière et compte le rester.
Pour que l’absence répétée d’un petit nombre ne vienne gâcher cette solidarité, la CAVB réfléchit actuellement à un système d’identification en amont de tous les exploitants par commune et de pointage des absences pendant les prospections afin de leur rappeler leur devoir de prospecter « de façon collective au moins durant un jour », obligation fixée par les arrêtés préfectoraux. Les pépiniéristes ont obligation de traiter les plants à l’eau chaude. Cette année, la Fredon n’a trouvé aucun jeune plant atteint de la flavescence.

18 communes « positives »



Les résultats de cette large prospection ont ensuite été cartographiés pour permettre aux techniciens agréés d’effectuer des prélèvements en vue des analyses officielles, expliquait Anaïs Chemarin de la Fredon Bourgogne. Au total, les prélèvements ont concerné 3.500 parcelles en Bourgogne, dont 2.474 pour la Saône-et-Loire, soit « deux fois plus que l’an dernier ». Cette connaissance fine –quasi-« exhaustive » de la situation– « montre une évolution très favorable de la situation », résumait Claude Magnien du Sral.
Certes, 17 communes en Saône-et-Loire présentent encore au moins un échantillon « positif » flavescence dorée et une seule commune en Côte-d’Or (Meloisey), mais « 80 % de ces 30 échantillons positifs se trouvent sur le secteur historique ». En effet, aucune parcelle ne présente plus de 5 % de pieds contaminés, loin donc du seuil de 20 % imposant l’arrachage total, comme cela avait été le cas au cœur du foyer historique de Plottes. « Donc, la maladie est contenue ».

Evolution « favorable » à Mercurey



Pour autant, la guerre n’est pas gagnée encore. Il reste encore des foyers « déployés ». Dans le Chalonnais, la situation « critique » –risque épidémique– l’an passé sur le secteur de Mercurey a évolué « très favorablement » avec un seul échantillon positif dépisté cette année contre 9 parcelles contaminées dont une à Saint-Martin-en-Montaigu et une à Aluze en 2013. La lutte insecticide conduite l’année précédente ainsi que l’arrachage de tous les pieds symptomatiques cet hiver ont donc joué à plein.
De nouvelles communes sont aussi contaminées. Comme à Genouilly et Saint-Gengoux-le-National, où le risque était pourtant faible (sans traitement obligatoire en 2014). D’où l’intérêt de ne pas relâcher la prospection…
Des pieds contaminés isolés ont été trouvés sur Prissé, Milly-Lamartine, Laives, tout comme à Solutré et Pouilly, ce qui ne veut pas dire qu’il s’agit pour autant « d’un échec de la stratégie expérimentale » mis en place à la demande de l’ODG sur le secteur Pouilly-Fuissé. Si rien n’est décidé pour l’heure, le bilan est fait, plusieurs communes n’ont eu aucun cas positif ni en 2013, ni en 2014. Par contre, des communes n’ont pas été prospectées ou en dessous de 50 % de leurs surfaces viticoles. L’évaluation de l’aménagement de la lutte contre le vecteur stratégie se fera l’an prochain. Tout autant de considérations qui seront prises en compte au moment de discuter du plan de lutte 2015, après concertations avec les différentes sensibilités.

Observer pour décider



Le bilan de la Bourgogne est à saluer avec une diminution de 40 % des traitements insecticides : 23.026 ha « développés » (plusieurs passages) en 2013 ont été traités en Saône-et-Loire en 2014 contre 39.123 ha en 2013. C’est surtout l’absence de déclenchement du 3e traitement conditionnel dans la zone concernée en Saône et Loire qui fait la différence. 13.000 ha avaient reçu un troisième traitement en 2013 mais “seulement” 111 ha en 2014. Cet aménagement de la lutte a été rendu possible avec le suivi de 400 pièges en conventionnel et 163 en bio pour le comptage – larves et adultes – des cicadelles, vecteurs de la maladie. « En viticulture conventionnelle, aucune commune sur 48 suivies n’a eu à déclencher le troisième traitement dans le cadre du dispositif 3-1 traitements », se félicitait Charles Chambin. La Fredon Bourgogne, avec les chambres d’agriculture et les instituts techniques, constatent également que « cinq communes ont déclenché le traitement bio sur 18 suivies. Preuve que le Pyrevert® arrive bien à abaisser les populations (de cicadelles, NDLR) au fil des années ».
Du BIVB, Jean-Philippe Gervais évoquait justement les recherches menées pour renforcer l’efficacité des traitements et leurs positionnements. Aucune résistance aux familles chimiques n’est à signaler, ni ici, ni dans le Languedoc depuis 15 ans. L’utilisation de drones pour prospecter ne sera pas utilisable avant au moins « trois ans ». Mais « la flavescence est remontée dans les priorités en matière d’effort de recherche » nationale. Enfin, serait-on tenté de dire alors que la moitié du vignoble français est concerné par la maladie et que la Champagne vient de découvrir des scaphoideus titanus, vecteurs potentiels de la flavescence dorée.
Friches : les ODG se mobilisent
Les vignes en "friches" - non cultivées – sont susceptibles de contenir des souches atteintes par la flavescence dorée, de devenir ainsi un réservoir au phytoplasme et constituer des zones refuges pour les cicadelles, qui pourraient alors contaminer les parcelles voisines traitées. En conséquence, l’arrachage de la « friche » peut être rendu obligatoire si un risque de contamination est mis en évidence par la Draaf. Les ODG sont invités à recenser et remonter ces parcelles aux services de l’Etat. En 2014, des demandes d’arrachage de friches ont été portées par les ODG de Mercurey et de Mâcon. Mais, la procédure est « lourde ». Il faut réussir à identifier les propriétaires. Le Sral a envoyé soixante courriers en recommandés et dix sont revenus « n’habitent pas à l’adresse ». Ensuite, il faut réunir sur le terrain les propriétaires avec le maire pour dresser un procès verbal pour déclencher l’envoi d’un courrier informant de l’obligation d’arracher. Des contrôles sont effectués au mois d’avril suivant et si la friche n’a pas été arrachée, une deuxième « procédure contradictoire » aboutie « dans un délai court » par une demande d’arrachage sur ordonnance du préfet. Si à nouveau rien n’est fait, un prestataire est mandaté pour le faire et la facture est envoyée au(x) propriétaire(s), et majorée en cas de non paiement par la suite.