FRSEA Bourgogne Franche-Comté
La FNSEA en tournée dans le Jura

Le 26 janvier dans le Jura, Patrick Benezit et Joël Limouzin, respectivement secrétaire général adjoint et vice-président de la FNSEA, n’étaient pas trop de deux pour entendre les revendications des responsables syndicaux de la région.

La FNSEA en tournée dans le Jura

Pour l’occasion, la FRSEA a proposé au département du Jura d’organiser la rencontre sur ses terres. C’est donc dans le Val d’Amour, sur l’exploitation d’Anthony Villet à Bans, qu’une délégation régionale a accueilli les deux responsables nationaux mardi dernier. Malgré la frustration de ne pas pouvoir ouvrir les échanges aux agriculteurs locaux à cause des restrictions sanitaires, les administrateurs nationaux ont souhaité prendre le pouls des paysans de la région directement sur une exploitation de polycultures-élevage. « Le Jura est souvent associé à la montbéliarde et au comté, mais il n’y a pas que cela avec comme ici des charolaises et des cultures diversifiées sur des zones intermédiaires avec des potentiels limités qu’il ne faut pas oublier » introduisait le président de la FDSEA du Jura, Christophe Buchet.


Couper les pattes des têtes de bassin

Rapidement, il enchaînait en présentant la situation de la région concernant l’extension des zones vulnérables. « La Bourgogne Franche-Comté est la région la plus touchée de France par cette nouvelle révision avec plus de 900 communes qui s’ajouteraient au zonage existant. Notre région a la particularité d’être tête de trois bassins différents. Nous avons syndicalement mis en avant, en lien avec nos chambres, l’effet sécheresse sur ces résultats. La Dreal (direction régionale de l’environnement) nous répond : oui il y a un impact climatique dans la minéralisation des nitrates mais on ne peut pas le prouver donc on classe quand même. Ils sont incapables de nous écouter » récuse-t-il. Pour la Côte d’Or, son nouveau président Fabrice Genin insistait : « nous sommes face à une incohérence totale puisque si les nitrates se concentrent, c’est simplement parce qu’il n’y a pas d’eau ». Même son de cloche en Saône-et-Loire où le secteur du charolais, 100% en herbe avec une baisse du chargement en animaux, voit 250 communes entrer dans le zonage alors que les pratiques agricoles ne peuvent pas être la cause de ces points de concentration, expliquait Luc Jeannin (lire également en page 3). « C’est l’effet chasse d’eau avec une minéralisation et au final c’est la double peine » résumait le président de la chambre du Jura, François Lavrut. Enfin, Damien Brayotel terminait ce tour de table sur le sujet en exprimant sa crainte de voir l’élevage disparaître dans les zones de l’Yonne où il sera néanmoins possible de produire des céréales. Ce qui n’est pas le cas partout. En conclusion, le Président de la FRSEA, Christophe Chambon demandait aux responsables nationaux de la FNSEA, d’être très attentifs à toutes ces remarques et réclamait un soutien pour infléchir les positions de la Dreal. Une demande entendue par Patrick Benezit et Joël Limouzin. Pour ce dernier, l’argument du changement climatique est fondamental et la méthode actuelle de classement en zones vulnérables n’est pas tenable au risque de voir comme dans l’Ouest de la France il y a 25 ans, le classement de la totalité des têtes de bassins, avec des contraintes supplémentaires dont les plans d’actions ne cesseront de se renforcer.


L’eau devient un enjeu primordial

Le sujet de l’eau et de sa pénurie revient comme une problématique préoccupante dans notre région depuis cinq ans alors qu’elle était plutôt préservée d’aléas récurrents par le passé. Pire, la profession se bat contre la volonté de la Dreal d’imposer un projet d’harmonisation de la gestion de la ressource en eau à travers un arrêté cadre interdépartemental impactant l’irrigation de manière conséquente. Emmanuel Schouwey, qui suit le dossier irrigation depuis longtemps dans le Jura témoigne de la situation. « Leur objectif est de baisser les volumes, quels que soient les niveaux de nappes sans distinction selon les territoires de la région qui sont pourtant bien différents. On doit remettre du scientifique dans tout cela. L’irrigation va dans le sens de l’environnement » concluait le vice-président de la coopérative Interval.Patrick Benezit constate à travers ces différents propos un décalage entre les ouvertures affichées au niveau national par le ministère de l’Agriculture et l’administration qui gère le sujet au niveau régional. La FNSEA devra sur ce sujet être un porte-voix puissant pour que les discours du ministre de l’Agriculture portent jusque dans les administrations relevant du ministère de la transition écologique.

BFC défend sa vision de la Pac


Enfin, pour terminer cette tournée régionale, les arbitrages sur la Pac ont fait l’objet de longs échanges durant l’après-midi. La semaine passée, la FNSEA a pris des positions sur la répartition des aides pour la future Pac qui entrera en vigueur en 2022 ou 2023. Dans ce premier acte, notre région a porté une proposition équilibrée permettant de maintenir les ICHN, d’accompagner les zones intermédiaires, de maintenir des aides couplées animales, de valoriser l’existant dans les echo-schemes (ou éco-régimes) et d’être prudent sur les programmes opérationnels. Une proposition qualifiée de grande qualité et équilibrée par Patrick Benezit qui vient d’une terre d’élevage, le Cantal. Le président de la FDSEA du Doubs, Philippe Monnet, prenait même de la hauteur au débat en insistant sur la nécessité d’orienter les aides Pac pour créer des filières organisées et sur du long terme ramener de la rémunération sur toutes les productions. Les programmes opérationnels peuvent être un moyen d’y parvenir à condition de disposer d’un arsenal juridique suffisant sur la répartition de la valeur. 

Au moment de conclure la journée, Christophe Chambon, le président de la FRSEA, concluait avec l’esprit combatif qu’on lui connaît : « je retiens que notre proposition sur la Pac était la plus équilibrée puisque personne ne peut être contre, il n’est pas trop tard pour la valider ». À bon entendeur.
Pierre-Etienne Brunet