Côte chalonnaise
La mémoire des cépages

Françoise Thomas
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Rechercher, préserver, conserver, avant qu’il ne soit trop tard. Fort de l’expérience de son conservatoire des cépages à Bouzeron, Pierre de Benoist invite ses confrères des autres appellations de la Côte chalonnaise à entamer une démarche dans le même esprit.

La mémoire des cépages

« Mon idée est de permettre à chaque village de préserver son identité propre, celle d’avant le phylloxera », présente Pierre de Benoist. Le viticulteur de Bouzeron espère bien fédérer ses confrères de l’ensemble des appellations de la Côte chalonnaise sur son idée « de répertorier les plus anciennes parcelles pour aller à la recherche des plus vieux plants présents sur chaque village ».

Et ainsi « remettre au goût du jour » le travail de sélection effectué par les précédentes générations de viticulteurs et qui avait à l’époque permis d’obtenir le cépage le plus adapté aux caractéristiques du terroir. Ce travail de sélection massale a été un peu « oublié au profit de la sélection clonale, moins soumise à la maladie et offrant un rendement plus constant », rappelle le propriétaire du domaine de Villaine.

Pousser aux échanges

Ensuite, une fois ces plants repérés, dénichés, les viticulteurs de chaque village de la Côte chalonnaise pourront les reproduire et créer, aidés de la chambre d’agriculture et de pépiniéristes, une sorte « de conservatoire, de "nurserie", de plantation ».

Ainsi, « nous serons sûrs d’avoir demain à disposition » ce végétal unique-là…

Pour le viticulteur de Bouzeron, l’objectif est double : « cela permet à la fois de préserver l’identité végétale de chaque terroir, mais aussi de relier entre elles les différentes générations de viticulteurs », les vignerons d’aujourd’hui enquêtant auprès des plus anciens sur cette mémoire des vignes…

Prendre le temps

Pierre de Benoist sait parfaitement de quoi il parle puisqu’il a lui-même lancé un conservatoire de cépages pour l’appellation Bouzeron en 2013. Seule appellation communale basée uniquement sur l’aligoté doré, Bouzeron espère bien déterminer d’ici cinq à dix ans, « l’individu qui sera représentatif de l’aligoté de Bouzeron ». Si « c’est un caractère végétal que l’on veut identifier », Pierre de Benoist n’en oublie pas pour autant l’aspect économique : « il devra être résistant à la maladie » bien sûr et répondre à une certaine qualité de raisins et de cycle végétal. Ainsi, des 1.100 pieds contenus au départ sur les 11 ares du conservatoire, il en reste actuellement 800 environ.

Et d’insister sur ce « paramètre temps à prendre en ligne de compte ».

Pour l’instant, Pierre de Benoist va mettre au point un questionnaire à soumettre à tous ses confrères de la Côte chalonnaise concernant leur connaissance de vignes anciennes. « Il faut bien commencer à poser la première pierre »…