Commercialisation
Viande bovine : bientôt un observatoire de la contractualisation

Dans les prochaines semaines, l'interprofession bétail et viandes devrait disposer d'un observatoire de la contractualisation, qui ne sera pas rendu public. Pour la plupart des animaux, les contrats sont obligatoires entre les éleveurs et leurs premiers acheteurs depuis un an.

Viande bovine : bientôt un observatoire de la contractualisation
Dans les prochaines semaines, l'interprofession bétail et viandes devrait disposer d'un observatoire de la contractualisation, qui ne sera pas rendu public. ©PDL

« Les abatteurs se sont engagés à fournir des données pour alimenter un observatoire interprofessionnel de la contractualisation », a annoncé le président de la section bovine d'Interbev, Emmanuel Bernard, le 25 janvier. Objectif : apporter « une visibilité individuelle et collective pour donner des éléments de confiance », a précisé celui qui est aussi vice-président de la FNB (éleveurs de bovins viande, FNSEA), lors d'une conférence de presse du syndicat. Contacté par Agra Presse, le directeur de Culture Viande, Paul Rouche, indique que cet observatoire permettra de suivre le taux de production sous contrat selon le type racial (viande, lait, mixte) et la catégorie d'animaux (jeune bovin, génisse ou vache). Selon lui, la remontée des informations par les abattoirs sera « facultative », et les données seront « anonymisées ». De son côté, l'interprofession bétail et viandes précise qu'une première consolidation est envisagée « au cours du premier semestre » à partir de données « remontées au fil de l'eau ». Toutefois, « cet observatoire n'a pas vocation à être diffusé ». Instauré dans le cadre des Assises du boeuf 2030 d'Interbev, l'observatoire « sert uniquement pour suivre l'application des engagements des fédérations de l'interprofession bovine visant à ralentir la décapitalisation », selon l'interprofession.

Des contrats obligatoires depuis Égalim 2

« Ce qui nous interpelle, c'est que la contractualisation a été rendue obligatoire par la loi », pointe le président de la FNB, Bruno Dufayet. Et cet éleveur cantalou de qualifier d'« assez surprenante » la création d'un observatoire, proposée selon lui par l'aval. C'est la loi Égalim 2 qui a rendu la contractualisation obligatoire en bovins viande entre les éleveurs et leurs premiers acheteurs. Ces derniers sont des abattoirs pour environ 15 % de la production, la majorité étant écoulée via un négociant (deux tiers des cas). Cette obligation est entrée en vigueur au 1er juillet 2022 pour les broutards, et au 1er janvier 2022 pour les autres catégories de bovins allaitants (jeunes bovins, génisses, vaches). L'année passée a été marquée par des prix de la viande bovine historiquement hauts, ce qui n'a pas incité pas les éleveurs à signer des contrats. Mais 2022 a aussi vu la décapitalisation s'aggraver, avec -3 % de vaches en un an. Le cheptel bovin s'érodait déjà depuis 2016. Comme le rappelle Bruno Dufayet, « au début personne ne s'en rendait compte en aval, car en décapitalisant, les éleveurs envoient davantage de vaches à l'abattoir, ce qui génère plus de volumes ».

Développement des contrats en JB

Désormais, « tout le monde sur le terrain nous parle de contrats », assure le vice-président de la FNB. « C'est la sécurité de l'approvisionnement de chaque entreprise qui est en jeu », poursuit cet éleveur nivernais, estimant « inéluctable » le développement de la contractualisation. Signe d'un changement de posture : à l'automne 2022, le syndicat de l'abattage-découpe Culture Viande s'est clairement positionné en faveur des contrats. Historiquement cantonnée au Label rouge, la contractualisation s'est notamment développée en jeunes bovins (JB) ces derniers mois. Une production à cycle court, pour laquelle « il est plus facile de mettre en place et de commercialiser », explique Paul Rouche. Qui plus est, les JB « correspondent à un marché spécifique », celui de la viande hachée pour la restauration, en développement. Selon le responsable de Culture Viande, « pour les autres types d'animaux, ce sera plus long, car la production est plus hétérogène ».

Y. G.