Séparateur de phase
Le séparateur de phase pour valoriser ses effluents d’élevage en litière
Pierre Barret est éleveur laitier à Peyzieux-sur-Saône (Ain). En 2023, lui et ses associés ont choisi d’investir dans un séparateur de phase pour remplacer la paille en logettes. Il nous livre ses impressions.
Installé entre le Beaujolais et le Val de Saône, le Gaec Barret élève 200 montbéliardes et quelques prim’holsteins sous 3.000 m2 de bâtiment : le premier a été construit en 2016, le second, attenant, a été monté en 2023 par le constructeur Roiné. Sur leurs 130 ha de SAU, dont 40 sont en prairie, les trois associés de l’exploitation cultivent luzerne, blé, orge et maïs, et livrent leur lait à la coopérative Bressor de Grièges.
Une affaire qui roule, mais malgré un outil flambant neuf les éleveurs manquent de place pour stocker leur paille. En 2016, ils décident donc d’investir dans un séparateur de phase pour valoriser les effluents d’élevage en litière. Les séparateurs de phase permettent de séparer la matière sèche de la matière liquide du lisier. Parmi tous les modèles existants, le Gaec Barret a préféré le système à vis compacteuse (dit « vis sans fin ») de la marque APM aux systèmes à disques elliptiques et à tamis vibrant. L’exploitation s’est fournie auprès de Bresse Jura Agri à Jayat.
« Les laitières y sont très bien »
En pratique, le lisier, récupéré grâce à des racleurs, tombe dans une pré-fosse de 100 m3 équipée d’un brasseur. Une pompe conduit ensuite les effluents jusqu’au séparateur avec une légère pression, puis la vis vient finement séparer les matières. La matière liquide est transférée dans une poche de 1.000 m3 située à l’extérieur du bâtiment et utilisée en fertilisant. La matière solide tombe directement au sol à l’intérieur du bâtiment puis est répartie une fois par semaine dans les logettes à l’aide d’un godet. « Les laitières y sont très bien. Le séparateur créé une espèce de poudre qui épouse la forme de la vache », se réjouit Pierre Barret. Un véritable matelas mémoire de forme. L’excédent, environ huit tonnes par semaine, tombe dans une benne puis est stocké avant d’être lui aussi valorisé en fertilisant.
Une économie complète de paille
Quant à l’objectif premier d’économiser de la paille, il est plus qu’atteint et l’exploitation n’en utilise plus un seul kilo. Autre avantage selon l’éleveur, les génisses se sont très facilement adaptées à leur nouvelle litière et les y habituer ne requiert pas d’effort supplémentaire. Pierre Barret attire toutefois l’attention sur l’assèchement du lisier en période estivale. L’an dernier, avec la hausse des températures et malgré une bonne exposition, le Gaec a installé des ventilateurs dans son bâtiment. Problème, la matière, devenue trop sèche, embourrait la pré-fosse. Pierre Barret a dû faire preuve d’ingéniosité : il a intégré une vanne dans le réseau de distribution du séparateur pour réinjecter une partie de la matière liquide dans la pré-fosse et ainsi humidifier le lisier. Une astuce qu’il n’applique qu’en été, le lisier étant suffisamment liquide l’hiver. « Cela a été révolutionnaire, concède l’éleveur. Nous n’aurions pas pu continuer comme cela avec les ventilateurs ».
Chez Pierre Barret, le séparateur est en fonctionnement douze heures par semaine et ne génère ni bruit ni odeur. Côté maintenance, l’éleveur souligne l’importance de graisser trois points stratégiques du séparateur tous les sept jours. Alors que les semis de fourrages et de blé sont compliqués certaines années, le séparateur de phase pourrait devenir une alternative intéressante pour pallier les pénuries de paille.
