Témoignages
Les atouts du bois dans la construction agricole

Marion Ghibaudo
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La fromagerie de Hyelzas et la bergerie Almir (Lozère) partagent toutes deux un point commun : leur ossature est en bois, dont une partie est sourcée dans le Massif central.

Les atouts du bois dans la construction agricole
La bergerie Almir s’étend sur une surface de 2.000 mètres carrés.

Matériau léger et facile à travailler, le bois est très apprécié pour son potentiel de transformation et sa simplicité de mise en œuvre. Utilisé aussi bien en structure, en bardage ou dans l’aménagement intérieur, c’est un matériau polyvalent et valorisable en fin de vie du bâtiment. Issu d’une gestion durable des forêts, c’est une ressource renouvelable, qui répond aux critères environnementaux de plus en plus exigeants. Il améliore l’intégration des bâtiments aux paysages et le confort des animaux. En effet, dans les bâtiments agricoles en bois, l’aération est souvent meilleure, la condensation réduite et les bruits sont souvent mieux absorbés. Autant de paramètres qui améliorent la qualité sanitaire du cheptel et facilitent le travail de l’éleveur.

Des charpentes en bois pour le confort et l’esthétique

Pour la fromagerie du Fédou, la charpente a même été un cran plus loin que juste du bois : cette charpente en bois lamellé-collé (un processus de fabrication qui offre une résistance et une stabilité structurelle remarquable, et est notamment utilisé dans la construction de maisons, de bâtiments commerciaux et industriels, apportant une esthétique naturelle et chaleureuse) a été réalisée en pin de Lozère, un bois produit localement et labellisé bois de France*. Un projet qui a posé de nombreux défis aux différents entrepreneurs intervenant sur le chantier, et notamment sur l’utilisation du pin dans une charpente, ce qui est plutôt rare. Le pin est rarement valorisé à ce niveau, car il n’est pas considéré comme « noble ». Il est plus souvent utilisé en bois d’œuvre pour de la palette ou de l’emballage. « Ce type de chantier permet de prouver que, même dans le pin, on a du bois qui peut prétendre à être utilisé en construction, même si cela demande des aménagements, eu égard à la composition du bois, qui a notamment des couronnes de nœud plus importantes ». En plus de la charpente, est prévu un bardage bois sur la partie maçonnée. C’est l’entreprise Batut charpente qui s’est chargée du chantier, en lien avec la scierie mendoise Neofor, et le chantier a été suivi par l’architecte Adrien Pratlong.

De plus, utiliser une charpente en bois sur des bâtiments industriels n’est pas non plus très courant, « ce qui a fait faire des circonvolutions », selon la directrice de la fromagerie, Florence Pratlong. « L’agrandissement était dans nos têtes depuis quelques années, la fromagerie existe depuis 1990, donc on a agrandi déjà plusieurs fois, et au départ, le bâtiment était un bâtiment de type industriel. On avait aussi besoin d’agrandir pour un meilleur confort de travail. Et quand on a commencé à réfléchir à ce projet, on s’est posé la question de la manière de construire », a expliqué la directrice de la fromagerie. « Nous voulions un beau bâtiment, qui soit aussi fonctionnel et aux normes. Le bois s’est imposé très vite, et notre exigence a été d’avoir du bois de Lozère ». Une manière d’être cohérents par rapport à l’impact carbone, notamment.

La surface du chantier de la fromagerie est de 1.025 mètres carrés, pour un coût total d’environ 250.000 euros.

Une bergerie 100 % bois

Quant à la bergerie Almir, dont le chantier s’étend sur une surface de 2.000 mètres carrés, le chantier a lui aussi été conduit par Batut charpente. Cette nouvelle bergerie, à un jet de pierre de la fromagerie du Fédou, et qui d’ici à 2024 devrait accueillir près de 300 brebis laitières, fournira du lait pour la fromagerie. Un bel exemple de circuit court, dans lequel ce chantier s’inscrit absolument selon ses concepteurs. Le coût du chantier s’élève à près de 450.000 euros. « On a essayé de construire un projet qui s’insère dans une optique durable », ont expliqué les concepteurs lors de la visite de chantier. Une bergerie qui, outre sa charpente bois, réfléchit aussi à la récupération d’eau pour l’abreuvement des animaux, l’énergie solaire pour l’alimentation des instruments et l’installation, en 2024, d’un jeune agriculteur au sein du Gaec.

« Pour nous, construire en bois était plutôt une évidence », ont expliqué les agriculteurs, dont l’un en est à la construction de son troisième bâtiment. De plus, l’exploitation ayant aussi une vocation sylvopastorale, construire en bois paraissait une évidence. Et après de nombreuses visites dans les exploitations voisines et amies, les agriculteurs se sont décidés à se lancer dans ce projet, « accompagnés par des gens compétents ». « Le choix d’avoir fait ce bâtiment en bois, on espère que cela va faire des petits », a complété Adrien Pratlong, l’architecte du projet. Sur la bergerie, près de 60 mètres cubes de bois ont été utilisés, dont une partie a été sourcée en France (20 %), le reste étant complété par du bois d’export, notamment de l’épicéa. Un choix qui s’explique aussi par le prix des essences utilisées.

 

* Le label bois de France a été créé par les professionnels du bois, pour les professionnels. Il garantit l’origine et le lieu de transformation du bois. C’est un gage de reconnaissance du travail de la filière forêt bois française.