Ferme connectée
Sécurité et bien-être pour animaux et éleveurs

Marie Vannier
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Julien Bény a fait le choix, il y a maintenant quatre ans, de passer en mode « connecté » sur son exploitation. Une balise posée sur ses bâtiments fait le relais entre ses vaches et son téléphone. 

Sécurité et bien-être pour animaux et éleveurs
Julien Bény est un éleveur connecté. Objectif : gagner en temps et en confort de travail.

Julien Beny a repris l’exploitation familiale, à Saint-Rémy-en-Rollat, dans l’Allier, en 2015 succédant ainsi à son père et à son grand-père. La ferme compte alors 214 hectares, 80 labourés et cultivés en blé, orge, colza, maïs, luzerne et ray-grass, une production de mâles et femelles en broutards, une trentaine de femelles en engraissement et une dizaine de génisses.

Gagner en temps et en confort

À la reprise, le nouvel installé décide d’agrandir en rachetant des terres voisines suite à des départs en retraite. Le travail est conséquent, Julien cherche donc des solutions pour l’aider à optimiser son travail et à gagner en confort et en sécurité. Son principal sujet de réflexion se porte sur l’insémination : pour limiter son temps de travail, il place un taureau par case, mais il lui en faut un nombre trop important, et surtout, une fois le temps nécessaire passé et les vaches pleines, les taureaux deviennent une charge. Julien souhaite donc passer à l’insémination, mais là encore, il se rend compte qu’il n’a pas assez de temps à passer dans les stabulations pour détecter correctement les chaleurs. Parfois, les échographies lui font même découvrir que certaines vaches ont été saillies sans qu’il ne le sache. Deux constats s’imposent : il lui faut trouver une solution à la détection des chaleurs pour pouvoir inséminer ses vaches. L’éleveur opte alors pour les colliers connectés et « connecte » ses vaches et son bâtiment.

Un système précis

Le matériel et la mise en service sont simples : il suffit de poser un collier au cou de chaque vache que l’on souhaite surveiller et de poser un boitier avec une antenne sur le ou les bâtiments. Internet fait le relais, l’agriculteur n’a plus qu’à installer une application sur son téléphone et sa tablette, à configurer ses vaches, et à suivre leur santé, leur alimentation, leur activité, et donc leurs chaleurs et lorsqu’elles sont pleines, les alertes de vélages. Le système est extrêmement précis : l’éleveur peut voir en temps réel la position de sa vache dans la stabulation ou au pré, son temps de rumination, d’ingestion, sa position couchée ou debout, mais surtout, le bon moment pour l’insémination : les pics de chaleurs sont signalés, avec les plages horaires idéales pour l’insémination. Là aussi, Julien Beny s’est équipé de matériel : un pistolet équipé d’une caméra lui permet d’avoir le geste précis et efficace.

Par ailleurs, ses bâtiments sont équipés de caméras lui permettant de garder un œil sur son troupeau. Quand une vache, âgée de 11 ans, ayant vêlé il y a dizaine de jours, l’inquiète, il se saisit de son téléphone et surveille les chiffres. Ces derniers, sont mauvais : elle ne s’alimente plus depuis vingt-quatre heures, elle se tient couchée et à l’écart des autres. Il sait que les prochaines heures vont être délicates. Son système lui a permis de sauver ou de prendre à temps certaines autres de ses bêtes.

Julien Beny a de nombreux autres projets, mais il prend son temps, mesurant l’investissement dédié à chaque nouvelle installation : mais pour lui cela en vaut la peine. Il sait que son but de départ est atteint. Non seulement il a gagné en temps de travail et en sécurité, et il a pu augmenter son activité, mais aussi et surtout, il est serein. Il se sent en sécurité, même s’il a bien conscience que les machines ne peuvent ni ne pourront jamais remplacer l’humain.

Les vaches ne sont pas les seules à être connectées

Les tracteurs de l’exploitation de Julien Bény sont également équipés de GPS et sont auto-guidés. Et l’exploitant ne se passerait plus de cette technologie. Là aussi, il gagne en temps et en confort de travail. Il apprécie le travail de précision, à dix centimètres près. L’union des coopératives agricoles de l’Allier, avec qui il travaille, lui permet en ce moment de tester une petite balise qu’il pose sur ses outils et qui enregistre tous ses travaux sur ses parcelles. Les données sont stockées sur un logiciel lié à son exploitation. Il connaît donc son stock de produits et lorsqu’il indique la parcelle qu’il va travailler, on lui indique la quantité de produit à mettre, le nombre de litres d’eau à ajouter et à la fin tout est enregistré. Les heures de passage, le temps passé, le produit utilisé, toutes ces précieuses données sont consignées, un enregistrement qui lui fait ensuite gagner du temps.