Cave de Bissey-sous-Cruchaud
Un nouveau bâtiment solaire et rayonnant

Cédric Michelin
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Le 25 janvier, la cave de Bissey-sous-Cruchaud tenait sa première assemblée générale dans sa toute nouvelle salle à l’étage au-dessus du caveau. Une inauguration à l’image du nouveau bâtiment, d’un jaune rayonnant et attrayant, couplé à une toiture photovoltaïque qui inscrit comme un symbole la cave dans une transition en douceur vers plus de respect de l’environnement, au sens large de la RSE, englobant le bien-être des vignerons, des salariés et du territoire. Et ça marche jusqu’à l’export.

Un nouveau bâtiment solaire et rayonnant

Dommage que la cave ne soit pas plus visible depuis la route de Saint-Désert/Givry, sinon, Bissey-sous-Cruchaud pourrait presque rivaliser avec le surnom de Côte-d’Or, tant les investissements solaires se multiplient sur ce vignoble de la Côte Chalonnaise baigné de soleil. Alors que le caveau représente près de 60 % des ventes, ce nouvel écrin commercial – avec le plein de modernité (baies vitrées, salon avec TV, accès handicapé…) va sans nul doute permettre de conforter les exercices à venir et la valorisation des prix bouteilles.

Vigneron et membre du bureau, Jean-Michel Néau revenait sur l’exercice clos. Avec donc une grosse partie des investissements consacrée à la rénovation totale de l’ancien bâtiment et l’agrandissement du site (668 k€) qui est ré-ouvert officiellement depuis ce mois de janvier. Côté vigne, la coopérative pouvait compter sur 40 ha en appellations blanches de la Côte Chalonnaise et pour 35 ha en AOC blanches, sans oublier 16 ha revendiqués en crémants de Bourgogne. La production a atteint 4.760 hl pour la récolte 2022. L’activité vinification avec les moûts atteint même au final 5.809 hl pour un rendement moyen par hectare de 64,4 hl/ha. De quoi retrouver le sourire et reconstituer des stocks, après le millésime 2021 gélif (3.295 hl et 54,6 hl/ha) et la demande soutenue des ventes, avaient réduit ces derniers à peau de chagrin, avec un « déstockage important de 5.673 hl » sur l’exercice clos. À noter, qu’une aide « gel » de FranceAgriMer a été obtenue et reversé aux coopérateurs touchés.

De quoi être aussi confiant dans l’avenir pour amortir les charges de fonctionnement, même si quelques hectares de plus pourraient être vinifiés et élevés avec les nouveaux équipements (achats de cuves, fûts, système froid, divers travaux dans la cuverie…).

Au final, le résultat net de la cave est positif (105 k€) preuve de la bonne gestion de celle-ci, qui d’ailleurs a passé haut la main l’audit Coopertise, réalisé par la coopération.

Montée en gamme et baisse des volumes vrac

Mais pour l’heure, la cave de Bissey continue sa montée en gamme et va bientôt proposer une gamme de vins bio, puisque trois coopérateurs et la cave ont créé la SCEV Domaine Terrae, dont les vignes sont dans leur deuxième année de conversion AB.

Une façon d’encore mieux valoriser, car avec le retour de volumes plus importants sur les marchés vracs, le négoce fait pression à la baisse sur les cours, sans réussir beaucoup de ventes pour l’instant. Mais bien que l’activité négoce soit en baisse sur la cave de Bissey (-21 %), « l’effet prix négatif compense par l’effet volume positif d’ampleur presque inversement proportionnel », expliquait le cabinet comptable Fogex. Résultat, ce mix-produit – auquel il faut rajouter les ventes CHR et export – a permis d’arriver à un chiffre d’affaires de 3,869 millions d’€, avec « un poids des ventes au caveau qui a augmenté en part dans ce CA ».

Plein de nouveautés et même des whiskys

Après avoir voté les résolutions, le président Jean-Philippe Prétet clôturait l’AG sans oublier de passer quelques messages à la trentaine de vignerons présents, les incitant à « privilégier les plantations de chardonnay » dans le futur, en AOC bourgogne ou crémant « pour ne pas risquer de ruptures au magasin ».

Il laissait ensuite la parole à son directeur, Julien Guillaumé qui parlait de l’activité de « l’année civile ». Les apports de raisins sont choyés avec désormais la possibilité d’un élevage en amphore en terre cuite ou en jarres en grès. Plus étonnant, toujours dans un souci de diversification de gamme, la cave va faire vieillir des whiskys dans des fûts de vins de Bourgogne. De nouvelles étiquettes, de nouveaux BIB, de nouveaux coffrets cadeau en bois… le marketing des cuvées est à l’image du caveau, en cours de renouvellement. Il en va de même avec les partenariats avec le club pro de basket l’Élan Chalon ou Élixir d’Or (chasse au trésor). La cave créée également ses propres événements et a organisé sa première marche gourmande qui alterne une année sur deux avec un concert. Enfin, divers ateliers dégustation (bulles…) sont mis en avant avec les offices de tourisme locaux.

Mais la grosse satisfaction est d’avoir retrouvé des volumes pour commercialiser sur tous les circuits et notamment côté exportations, grossistes et CHR (13 % du CA). La première, l’export est une piste à l’heure des difficultés de pouvoir d’achat en France. « La vente directe au magasin fait 1 % de croissance malgré des hausses de prix de 2 à 3 %. Donc le tableau est mitigé avec des signes de fléchissement, ralentissement qui montrent qu’il nous faut faire attention. Le prix et le panier moyen ont augmenté, mais le nombre de bouteilles et la fréquentation ont baissé », mettait en garde Julien Guillaumé qui, comme les membres du bureau ne savent pas si cela est dû « aux nombreuses ruptures de produits » après la petite récolte 2021 ou en raison des travaux du caveau sur 2023, puisque l’accès du parking a été rendu « compliqué » avec la grue des travaux sur le deuxième semestre.

L’export n’est pas non plus sans risque en cette année 2024 où la géopolitique rend illisible les nouveaux marchés (Russie, Israël…) même si de belles perspectives se dessinent en Europe (Norvège, Pays-Bas…) ou Asie (Hong-Kong, Japon…). Des demandes sont aussi enregistrées au Canada, Belgique, Allemagne…

Tout ceci permet d’envisager au final des « modifications du système de rémunération des nouveaux coopérateurs, plus adapté », aux jeunes s’installant. « Avec une rémunération à part du Bio », concluait confiant Jean-Philippe Prétet. Tout est bien en place donc.