Importation
Opération coup de poing des éleveurs

Ariane Tilve
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Alors que les importations de viandes étrangères étaient de l’ordre des 20 % lors de la crise sanitaire, elles s’élèvent en 2022 à 30 %. D’abord parce que l’on produit moins, mais aussi et surtout parce que certains acteurs de la distribution et de la restauration ne jouent pas le jeu, alors même qu’ils communiquent sur le ”manger français”. 

Opération coup de poing des éleveurs de Saône-et-Loire.
Opération coup de poing des éleveurs de Saône-et-Loire.

Les éleveurs mobilisés pour obtenir les bons de livraison de Burger King, à Montceau-les-Mines.

Pour en avoir le cœur net, la section bovine de Saône-et-Loire, son président Guillaume Gauthier en tête, a mené une opération coup de poing à Montceau-les-Mines et Chalon-sur-Saône jeudi 23 février.

McDonald’s France affirme par exemple importer 50 % de sa viande de bœuf d’Irlande, voire des Pays-Bas. En effet, la marque travaille depuis peu avec une usine de steaks hachés basée à Orléans qui s’approvisionne, justement, auprès de fournisseurs néerlandais. Seules les gammes Royal (trois burgers) et Signature sont composées de viande française, sachant qu’il s’agit également des gammes les plus chères de la chaîne de restauration rapide. Malgré les chiffres affichés par le service marketing, lors d’une opération des éleveurs réalisée dans les Pays de la Loire et en Vendée, les bons de livraison ont révélé un ratio de 70 kg de produits français pour 260 kg d’irlandais. Idem dans le Puy-de-Dôme. Lors de l’opération des éleveurs de la FDSEA 71 à Montceau-les-Mines, le restaurant a accepté de montrer ses bons de livraison qui respectait le 50/50. À Chalon-sur-Saône, en revanche, sur les trois jours précédant l’opération, c’est 2/3 de viande irlandaise qui a été commandée. Quelle que soit la ration de commandes françaises, McDonald’s a au moins le mérite d’avoir coopéré avec les éleveurs, ce qui n’a pas été le cas de Burger King. Ici, les franchisés brandissent fièrement la transparence de la firme, mais ils restent muselés par une hiérarchie qui refuse de plier lorsqu’il s’agit de prouver que les arguments affichés par leur service de communication sont basés sur une réalité. Ici la viande est d’origine française, allemande et autrichienne, même si cette dernière provenance n’est pas affichée au comptoir. Sur son site web, la firme indique avec un certain flou : « notre viande de bœuf est 100 % d’origine européenne ; majoritairement française ou provenant de nos voisins allemands, autrichiens, irlandais ou italiens. 100 % de nos nuggets sont issus […] des poulets nés et élevés en France ». Elle promet en outre qu’en 2024 « 60 % de notre approvisionnement total en bœuf et poulet sera Français, en 2026 100 % de notre poulet sera français ». Espérons surtout que, d’ici là, il sera possible de vérifier les dire de Burger King.

Le rayon UE du Métro de Chalon-sur-Saône.


La plupart des GMS font des efforts

Contrairement aux idées reçues, les GMS ne sont pas de grandes importatrices. Maxime Bonnot, responsable installation des JA, se félicite des progrès de Lidl qui propose une très large gamme de viande non transformée française, y compris la bavette. Sachant que lorsque la bavette – morceau le plus rare et le plus recherché - est française, il y a de fortes chances pour que tous les autres morceaux ne soient pas importés. Dans le porc, c’est la même chose avec le filet mignon. Lidl, qui s’est récemment entretenu avec Marine Seckler, la présidente des JA, travaille actuellement à un rémunerascore. Similaire au nutriscore, ce système de point(s) permettrait de noter le produit en fonction dont il rémunère son producteur. Un bon point, donc, pour la chaîne qui ne cesse de s’étendre pour ouvrir de nouveaux magasins, notamment à Louhans. Les éleveurs se sont rendus dans plusieurs magasins, dont l’Intermarché de Montceau-les-Mines où l’on trouve de la viande provenant du Royaume-Uni, qui ne fait même plus partie de l’Union européenne. Au Carrefour de Chalon-sur-Saône, les rayons semblent relativement mal organisés, mais les chiffres sont plutôt encourageants.

L’enseigne qui est sans aucun doute la plus grande importatrice reste Métro. Dédiée aux professionnels de la restauration, on trouve dans le magasin de Chalon-sur-Saône de la viande de Pologne, d’Irlande, de Belgique, des Pays-Bas et bien d’autres origines. Dans un coin, on trouve néanmoins un petit rayon dédié aux produits de Bourgogne et notamment au bœuf charolais. Cet étalage de viandes étrangères n’est pas une surprise pour les éleveurs qui avaient relevé un taux d’importation similaire chez un autre marchand de gros : ATS cash. Ces opérations, qui se sont déroulées dans le calme et sous surveillance rapprochée de la police à Montceau-les-Mines, mettent une nouvelle fois en lumière les dérives de certaines enseignes qui affichent un discours très loin de la réalité de leurs bons de livraison.

 

La FDSEA 71 lors de son opération à Chalon-sur-Saône.

Elections de la section bovine

Le 22 février s'est tenu l’Assemblée générale de la section bovine de la FDSEA 71. Le président sortant, Guillaume Gauthier, a été réélu et de nouveaux membres ont rejoint la section : Florent Chaux, Stéphane Rethy et Fabrice Porcheron.