Agriculture biologique
Une alliance inédite pour sauver la filière bio

L’ensemble des membres de la filière bio étaient réunis pour porter un Plan d’aide auprès du ministère de l’Agriculture. Ce dernier ne prévoirait pas, pour l’heure, de débloquer des aides d’urgence. 

Une alliance inédite pour sauver la filière bio
L'ensemble des membres de la filière bio française ont présenté un Plan de sauvegarde pour l'agriculture biologique.

Alors que le chiffre d’affaires des rayons bio aurait reculé de 5 à 10 % sur un an selon les circuits, « à ce stade, le ministère n’a pas encore mesuré l’ampleur de la crise », regrette Étienne Gangneron, vice-président de la FNSEA en charge du bio. Sa déception est partagée par tous les acteurs qui ont assisté à la réunion du 21 février, laquelle a rassemblé syndicats, chambres d’agriculture, interprofessions et les transformateurs autour du cabinet du ministre.

Alliance inédite, ces acteurs portaient une demande commune pour créer un Plan de sauvegarde pour l’agriculture biologique. L’ensemble du secteur bio s’accordait sur le fond. « Si l’argent n’arrive pas rapidement, des agriculteurs vont mettre la clé sous la porte », résume Yves Sauvaget, président de la commission bio de l’interprofession laitière.

Face à ces demandes, le cabinet du ministre n’a pas évoqué d’aide directe aux filières touchées, préférant miser sur un soutien accru à la promotion et sur une application plus stricte des objectifs de la loi Égalim dans les cantines. « La bio fait un AVC et on lui propose un doliprane », s’émeut une source de la Fnab suivant de près ces discussions. Étienne Gangneron le regrette de son côté : « L’attaque de certains acteurs du bio sur la HVE ne met pas le ministère dans les meilleures dispositions ». Une porte semble cependant s’ouvrir. À l'occasion d'un point avec la presse le 26 février, les services de Matignon ont glissé qu'il était « possible » que la Première ministre Élisabeth Borne annonce le lancement d'un « fonds d'urgence » en faveur des exploitations agricoles touchées par la crise du bio. Elle devrait également évoquer des « pistes » pour atteindre les objectifs Égalim en matière d'approvisionnement des cantines publiques ; cette réflexion s'étendrait à la restauration hors domicile privée.

Mobiliser les outils de gestion de crise

Les mesures proposées semblent pourtant insuffisantes à la plupart des acteurs. « Les cantines scolaires ne seront pas en mesure d’absorber tout notre excédent », illustre Yves Sauvaget. De même, si tous s’accordent sur l’intérêt d’une nouvelle campagne de promotion grand public, « ses effets ne seront pas immédiats sur la consommation », alerte Yves Sauvaget. L’étude sur la crise pilotée par l’Agence bio avec le soutien financier du ministère a d’ailleurs bien identifié les besoins de réponses à court comme à long termes. Dévoilée lors de la même réunion du 21 février, l’étude invite notamment à « mobiliser les outils de gestion de crise » pour financer « du déclassement, du stockage ou de la baisse volontaire de production ». En matière de politiques agricoles, le bureau d’études recommande également de « rouvrir l’aide au maintien », grâce aux aides à la conversion non utilisée. Et à un horizon plus lointain, il invite à valoriser les services environnementaux de l’agriculture biologique, à travers, par exemple, d’un système de bonus/malus sur les productions agricoles.

I. L.

Pour une aide conjoncturelle

« Pour nos organisations, la priorité réside dans la mise en place d'une aide conjoncturelle qui viendrait soutenir les producteurs », indiquent la FNSEA, JA, Chambres d’agriculture France et La Coopération agricole dans un communiqué commun du 23 février. Les quatre organisations agricoles demandent au ministère de la Transition écologique de prendre « ses responsabilités » et que « l'objectif de développement de la bio à 18 % de la SAU en 2027 soit revu à la lumière de la situation économique actuelle ».

Actuagri