Sélection et amélioration génétique
Quand la sélection animale inspire la sélection des plantes

La connaissance du génome bouleverse les méthodes de sélection tant des espèces animales que végétales. Sans parler des microorganismes présents chez l’animal comme chez la plante qui conditionnent l’expression d’un certain nombre de caractères. 

Quand la sélection animale inspire la sélection des plantes

« Pendant très longtemps, on sélectionnait les taureaux sur leur descendance. Il fallait trois à cinq ans pour connaître leur valeur. Maintenant on peut prédire leur valeur, dès leur naissance et même avant », a indiqué Christophe Audebert, en charge de la recherche et de la sélection chez Gènes Diffusion. Le décryptage du génome a bouleversé les méthodes de sélection. Exit la sélection généalogique à partir de laquelle on testait les animaux depuis la fin du XIXe siècle, place désormais à la sélection génomique prédictive qui permet d’accélérer le progrès génétique dans le temps. Avant d’en arriver là, il y a eu l’intermède les années 1980-90 avec la phase de la sélection assistée par marqueur sur les gènes. « Si elle se révèle efficace pour des caractères simples, comme le rendement laitier ou le rendement en sucre de la betterave, elle trouve rapidement ses limites sur les caractères complexes », indique pour sa part Bruno Desprez, PDG de Florimond Desprez, un spécialiste de la sélection betteravière. Bref, un nouveau saut technologique a été réalisé au tournant des années 2000 avec la sélection génomique prédictive. Les premiers taureaux ainsi décryptés sur leur génome l’ont été chez les bovins laitiers en 2008. Chez les plantes, il a fallu attendre quelques années de plus. Les premières variétés issues de la sélection génomique l’ont été sur le maïs en 2014, puis sur la betterave en 2018/2019, selon Bruno Desprez.

L’importance du microbiote 

Aujourd’hui, un nouveau chantier de la sélection s’ouvre tant dans le domaine animal que dans le domaine végétal, c’est celui de l’interaction entre le fonds génétique et le microbiote que l’on désignait autrefois par la flore intestinale chez les animaux. Ainsi, selon Christophe Audebert, on peut améliorer les performances en intervenant sur les microorganismes du tube digestif. « Les microorganismes sont héritables à 0,3 et en jouant sur le microbiote, on peut améliorer le rendement laitier », par exemple, observe-t-il. La flore méthanogène (celle qui est à l’origine des émissions de méthane, un gaz à effet de serre (GES), NDLR), est également héritable, précise-t-il. Ce qui ouvre un certain nombre de pistes pour réduire des GES émis par les animaux. Chez eux également, le microbiote intestinal aurait « un rôle non négligeable sur la santé », souligne-t-il. Chez la plante, l’influence du microbiote tellurique (du sol, NDLR), « n’est pas négligeable », non plus, estime Bruno Desprez. Il serait un bon indicateur de l’environnement. Ainsi, cela expliquerait que des champs contigus et semblables du point de vue de la nature du sol et soumis aux mêmes méthodes culturales et ensemencés avec des variétés identiques, ne produisent pas les mêmes rendements. Et à l’inverse, le végétal fait aussi bouger le microbiote environnant du sol. Cet ensemble composé par un organisme animal ou végétal et les microorganismes qu’il héberge s’appelle l’holobionte. La connaissance plus précise de l’holobionte ouvre aussi de nouvelles perspectives à l’amélioration génétique des plantes comme des animaux.