Tourisme
Site de Solutré : ne passez pas à côté sans y monter !

Florence Bouville
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Si vous êtes de passage dans le Mâconnais (Saône-et-Loire), il vous faut absolument visiter le site de Solutré-Pouilly-Vergisson. Reconnu Grand Site de France depuis 2013, rare label attribué par le ministère de l’Environnement, ce lieu préhistorique vaut réellement la peine d’être préservé.

Site de Solutré : ne passez pas à côté sans y monter !
A droite la roche de Solutré, entourée de vignes, à gauche la roche de Vergisson.

Impressionnant belvédère culminant à 495 mètres d’altitude, la Roche de Solutré offre une vue spectaculaire sur les contreforts granitiques du Beaujolais et sur la plaine de la Saône. Née du soulèvement alpin de l’ère tertiaire, cette butte-témoin résiste, depuis des millénaires, à l’érosion. Visible depuis Mâcon, elle tranche ainsi, de manière remarquable, avec les paysages viticoles et bocagers environnants. Espace très riche en biodiversité, la Roche recèle de moult habitats naturels d’intérêt européen tels que les falaises, les corniches et les pelouses calcaires. Les passages de l’homme à Solutré en ont également fait un lieu aux multiples facettes : site de chasse préhistorique, place forte moyenâgeuse, territoire de vigne... et même destination présidentielle. Avant 1981 et le pèlerinage annuel de François Mitterrand, Alphonse de Lamartine écrivait déjà qu’il s’agissait d’un « navire pétrifié surplombant une mer de vignes ». Aucun doute à avoir sur la valeur patrimoniale exceptionnelle du site.

Pour monter jusqu’au sommet, comptez une bonne trentaine de minutes. Le sentier est facilement praticable, ce qui rend tout à fait possible l’ascension en famille. Au fil de la marche, les paysages alternent et mêlent ceps alignés du cru Pouilly-Fuissé, clochers typiques des villages mâconnais, hectares de forêt… En haut de la Roche, des couples admirent ensemble la vue fabuleuse, de courageux vététistes prennent une pause bien méritée et la Roche de Vergisson, voisine plus sauvage, devient la star du panorama. Par temps clair, il est même possible d’apercevoir les massifs des Alpes et du Jura. L’image de l’homme, perché, à quelques mètres du précipice, surplombant les plaines, rappelle instantanément la figure romantique. Le Voyageur contemplant une mer de nuages, peint par Caspar David Friedrich deux siècles auparavant, est après cela, encore plus inspirant.

"Chasse à l'abîme" : la vérité dévoilée

Aménagé sur le gisement archéologique, le musée de Préhistoire de Solutré, immanquable du site, accueille les visiteurs tout au long de l’année. Préparez-vous à replonger au temps du paléolithique. Munissez-vous d’un audioguide et soyez témoin des 50.000 ans de présence humaine (anciens outils, objets de décorations…). La pièce la plus spectaculaire est l’échantillon du magma d’os de chevaux, datant de -28.000 à -22.000 ans, découvert en contrebas de la Roche. Cette couche de magma, formée de restes de chevaux chassés, de lames de silex et de sédiments, s’étend sur plus d’un hectare. À la fin du parcours, la vérité est rétablie : la "chasse à l’abîme" est bien un mythe. Longtemps tenue pour un fait historique, l’image des chevaux précipités dans le vide du haut de la roche de Solutré par les chasseurs préhistoriques, est née en 1870. Cette vision de massacre organisé apparaît donc, pour la première fois, dans L’Homme primitif, de Louis Figuier. Adrien Arcelin, l’un des fouilleurs du site, la reprend dans son roman, Solutré ou les chasseurs de rennes de la France centrale, paru en 1872. Or, aucune trace de fracture, caractéristique d’une chute, n’a été observée sur les ossements. Deux scenarii sont aujourd’hui avancés : une chasse à l’affût des chevaux sur leur trajet de migration, ou une interception plus bas, dans le vallon, et une poursuite jusqu’au pied de la falaise.