Paroles aux régions
Christian Bajard : « Le monde agricole n’est pas résigné ! »

Mercredi 17 mars, deuxième jour de congrès de la FNSEA, la parole a été donnée aux représentants des régions. Christian Bajard, représentant de Bourgogne-Franche-Comté, a clamé que « le monde agricole n’est pas résigné » et a appelé le président de la République et le Premier ministre à « construire » la souveraineté alimentaire de la France avec « ambition, force et détermination ».

Christian Bajard : « Le monde agricole n’est pas résigné ! »

Comme le veut la tradition, le 17 mars au matin, au deuxième jour du congrès de la FNSEA à Dunkerque, un temps a été consacré à l’expression des régions et des associations spécialisées. Un temps primordial de remontées de terrain révélatrices d’attentes fortes des agriculteurs qui dénoncent l’inaction de l’État après plusieurs mois de mobilisation. Christian Bajard, représentant de la FRSEA Bourgogne-Franche-Comté (BFC), l’a rappelé : comme « partout en France », la région BFC a connu un mouvement historique. « Le monde agricole n’est pas résigné ! a-t-il clamé haut et fort. Nous croyons tous en ce beau métier qui a pour but de produire pour nourrir. Produire a du sens. C’est un élément à rappeler à nos élites gouvernantes un peu trop souvent hors-sol ! »

« Est-ce suffisant ? »

En ce sens, le représentant régional s’est interrogé sur la véritable portée de l’action gouvernementale. « Le retrait du conseil stratégique phytosanitaire (CSP), la simplification du curage des fossés, les reports de date pour l’entretien des haies, les zones de non-traitement… Est-ce suffisant pour desserrer l’étau ? Dans ce contexte de réglementations et de normes qui s’empilent, la charge mentale des agriculteurs devient insupportable ! » Face à cette situation, Christian Bajard a souhaité la mise en place d’un « véritable droit à l’erreur […] pour limiter la pression sur les agriculteurs et assurer des transitions plus sereines ». Quant aux contrôles, il a demandé la révision des lettres de missions en intégrant le facteur humain et la connaissance du métier d’agriculteur.

Sécuriser le revenu

Desserrer l’étau impose également la sécurisation du revenu de tous les agriculteurs. « Un impératif, selon Christian Bajard, pour maintenir notre agriculture sur tous les territoires ». Cette sécurisation passera notamment par l’application et le renforcement de la loi Égalim. « Pour nous, le prix plancher, c’est le coût de production », a harangué le représentant bourguignon qui a demandé que la restauration hors foyer applique aussi la loi. Quant au Feader, il a lancé : « En BFC, nous vivons un sinistre agricole majeur depuis dix-huit mois avec la gestion calamiteuse du deuxième pilier confiée à notre Région. Ne faudrait-il pas mettre notre Région sous tutelle de l’État ? »

Pour un plan élevage ambitieux

Représentant une région d’élevage, Christian Bajard a interpellé l’assistance demandant où en était le plan élevage alors que BFC « perd des vaches » et que « tout le monde s’accorde à dire que le maintien des prairies et des haies est important face au changement climatique. » L’éleveur de Saône-et-Loire a alors clamé haut et fort : « Redonnons de la dignité et une vision claire et d’avenir aux éleveurs top souvent attaqués ». Pour y parvenir, il faut selon lui un plan d’élevage « ambitieux, avec des objectifs chiffrés, un soutien à l’investissement, des leviers fiscaux, une sécurisation de l’assurance pairies… ». Concernant la prédation, il a appelé à « une politique beaucoup plus offensive » sur la gestion du loup. Pour le représentant régional, c’est certain : « Assurer la souveraineté alimentaire d’un pays, ça ne se décrète pas ! Ça se construit avec ambition, force et détermination ! »

M.-C. S.-B.