Mise à l’herbe
Un pâturage compliqué par la météo...

Marc Labille
-

Le retour des gelées matinales, les fréquents passages pluvieux et les giboulées de cette fin avril compliquent la gestion du pâturage pour les éleveurs, avec des problèmes de portance, et de pousse de l'herbe par à-coups...

Un pâturage compliqué par la météo...
La portance est souvent limitante ce printemps.

Après le surprenant pic de chaleur du premier week-end d’avril, le retour du froid est ressenti d’autant plus durement. Si les agriculteurs craignent pour leurs cultures, la gestion des troupeaux au pâturage n'est pas simple non plus. La pousse de l’herbe, surveillée par le réseau herbe régional, est globalement dans la normale pour cette période printanière, mais les nombreux passages pluvieux pénalisent la portance. Le pâturage reste limité et les fenêtres météo n’ont pas toujours été suffisantes pour faucher dans de bonnes conditions. Avril a été surtout marqué par des alternances de périodes fraîches et de périodes plus douces. Il est globalement, plus chaud, mais aussi plus arrosé que la moyenne des dix dernières années. Les précipitations ont été excédentaires de 10 % à 100 %.

Problèmes de portance

Les précipitations régulières ont pénalisé la portance des sols et certains secteurs n’ont encore pas pu mettre les animaux à l’herbe. Avec une pousse de l'herbe ralentie et la vague de froid actuelle, certains éleveurs font marche arrière et ont décidé de rentrer les animaux. Dans ce cas, certaines adaptations sont à prévoir (notamment sur les stocks de fourrage).

Les fenêtres météo très étroites ont aussi limité les chantiers de récolte mais les rendements et la qualité estimés sont corrects. Les semis de maïs sont en retard dans certains secteurs à cause des conditions météo limitantes.  En zone de plaine et premiers plateaux, quelques surfaces ont en effet pu être récoltées en ensilage à la faveur de la courte fenêtre métérologique qui a précédé le retour du froid. 

Avec la chute des températures, les animaux sont davantage exposés au risque de tétanie d'herbage, une maladie métabolique dûe à un déficit en magnésium, consécutive à un transit alimentaire trop rapide. D'autres signes peuvent se déclarer, comme les diarrhées chez les veaux, par exemple chez les jeunes veaux des races à viande...

Redistribuer une ration à l'auge

S'il ne s'agit que d'un retour ponctuel (la nuit par exemple), il convient de ne pas rebasculer complètement sur une ration hivernale. Si le troupeau est censé être 100 % à l'herbe et n'a plus de ration à l'auge, l'idéal est de distribuer un complément de foin ou d'enrubannage pour rester sur le même régime alimentaire, sans perturber tout le microbisme ruminal. 

Alexandre Coronel

Un observatoire national de la pousse pour des mesures plus fiables

Un observatoire national de la pousse pour des mesures plus fiables

L'évaluation des pertes de récoltes dans le cadre de l'assurance prairies nécessite des références fiables : c’est désormais la mission de l'observatoire national de la pousse de l'herbe, inauguré officiellement le 17 avril dernier.

Sous l'égide du ministère de l'Agriculture, l'observatoire national de la pousse de l'herbe (ONPH) est co-piloté par les Chambres d'agriculture France et l'Institut de l'élevage. Cette initiative s'inscrit dans le cadre de la réforme de l'assurance récolte, entrée en vigueur le 1er janvier 2023, visant à perfectionner l'évaluation des pertes dans le domaine des prairies.

Jusqu'alors, ces pertes sont évaluées à l'aide d'un indice satellitaire agréé par le ministère de l'Agriculture. Les données générées par cet indice sont ensuite examinées par le comité des Indices, chargé d'évaluer la solidité méthodologique et technique de l'indice, ainsi que la corrélation entre les pertes estimées et celles de référence.

L'ONPH a été mis en place pour répondre aux préoccupations exprimées par les acteurs du secteur agricole, dans le but de renforcer la fiabilité des évaluations. Ce nouveau dispositif déploiera des mesures de la pousse de l'herbe dans 350 exploitations de référence, réparties dans 70 régions fourragères, selon un protocole scientifique rigoureux et uniforme à l'échelle nationale.

Ces mesures seront réalisées par des agents formés des Chambres d'agriculture et de leurs partenaires, sur des prairies pâturées, à l'aide d'un herbomomètre connecté, et seront effectuées tous les 10 jours. Enfin, la conformité à ce protocole sera certifiée par un organisme indépendant. Il est prévu que ce réseau s'étende bientôt aux zones non couvertes.