Beaujolais
Le VCI dans la poche beaujolaise

Voilà plusieurs mois que les responsables des ODG du Beaujolais parlaient avec insistance du volume complémentaire individuel (VCI). C’était notamment le cas quand les présidents de la précédente mandature - Daniel Bulliat et Audrey Charton - devaient expliquer le retour des rendements au cahier des charges pour l’ensemble des appellations du Beaujolais au moment de la récolte 2018. Ce qui était un objectif fait maintenant office de réalité puisque le comité régional de l’INAO d’abord, puis le comité national, ont successivement donné mi-juin leur feu vert aux ODG du Beaujolais pour utiliser cet outil "Assurance qualité et récolte" et ce dès la prochaine récolte.

Le VCI dans la poche beaujolaise

Le VCI peut permettre aux vignerons de pouvoir conserver les bonnes années jusqu’à 5 hl/ha et les réutiliser l’année suivante. « Il se situe ainsi au-dessus du rendement autorisé mais en dessous du rendement butoir qui est conservé pour combler un futur déficit », a rappelé Pascal Aufranc, élu à l’ODG des crus, lors de l’assemblée générale du cru juliénas. En somme, cet outil joue à la fois le rôle d’assurance qualité et d’assurance récolte, prévenant ainsi de possibles déséquilibres entre l’offre et la demande. « Et avec les aléas climatiques subis ces dernières années, les irrégularités des rendements dans le Beaujolais sont prouvées », ajoute Daniel Bulliat. En 2018, 54 % des surfaces avaient atteint le rendement, 23 % l’année suivante.

Quel fonctionnement ?

C’est l’ODG d’une appellation qui propose annuellement la constitution et le niveau de VCI en fonction du potentiel qualitatif et quantitatif du millésime. L’interprofession devra alors rendre un avis mais c’est le comité national de l’INAO qui tranchera, sachant que le VCI ne peut dépasser le rendement butoir et un pourcentage du rendement du cahier des charges. Aussi l’ODG assure le suivi global des revendications des unités de vinification (caves particulières, coopératives et négociants vinificateurs) et, avec l’organisme d’inspection, le contrôle documentaire et la présence physique des volumes dans les caves.
« Ce qu’il faut souligner, c’est que le VCI n’est pas obligatoire pour les exploitants. S’ils en ont besoin, ils peuvent l’utiliser », a précisé Pascal Aufranc. Comme l’explique clairement CERFrance Rhône sur son site Internet, « si un récoltant décide de constituer un VCI, il doit respecter les conditions de production de l’AOC, suivre les volumes sur un registre spécifique (traçabilité), accepter les contrôles documentaires et les contrôles dans le chai ».

La Bourgogne en renfort

L’obtention de ce VCI pour le Beaujolais est aussi un soulagement pour les responsables qui ont porté le projet. Et comme souvent lorsqu’un dossier passe au comité régional puis au comité national de l’INAO, la Bourgogne a pesé de son poids, comme l’explique Jean-Marc Lafont, président de l’ODG des crus du Beaujolais lors de l’AG du cru juliénas. « Les organismes bourguignons étaient contre ce VCI pour les rouges (si pas possibilité de les conserver en bouteilles, NDLR) car il est uniquement utilisé pour les blancs. Mais l’épisode de gel a changé la donne et les a incités à le demander pour les rouges également. Nous sommes en quelque sorte passés pour des précurseurs. Nous avons ainsi mené un gros travail préparatoire avec l’ODG bourgogne et la CAVB. Cela nous a permis de renouer le dialogue et d’avancer sur un sujet de fond ».

David Duvernay