Agriculturez-vous
Innovations agricoles et viticoles : C’est quoi l’innovation agricole ?

Cédric MICHELIN
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« Une tradition est une innovation qui s’est imposée ». Telle pourrait être la devise reflétant l’histoire de l’agriculture. Voici quelques exemples, issus du deuxième plateau TV Agriculturez-vous du 16 juillet à Charolles - avec ce qui se fait de mieux en Saône-et-Loire, côté viticulture, élevage ou maraîchage.

Innovations agricoles et viticoles : C’est quoi l’innovation agricole ?

La viticulture est particulièrement innovante. De la viticulture aux vins en passant par l’œnologie, le matériel végétal ou encore le machinisme. Pour bien appréhender toutes ces facettes, il est notamment possible de se former au pôle de Mâcon-Davayé sur l’Agro Bio Campus Davayé, comprenant un lycée, une exploitation viticole pédagogique, un CFPPA (Viticap Formation) pour les adultes, une plateforme Viticonduite pour apprendre à conduire des enjambeurs notamment et enfin plusieurs organisations professionnelles au sein du Vinipôle sud Bourgogne. Viticultrice à Saint-Maurice-de-Satonnay et coopératrice à la cave d’Azé, Céline Poulin est justement élue Chambre et responsable du Vinipôle. Ce dernier travaille notamment sur l’adaptation de la vigne face au changement climatique, que ce soit sur les techniques, sur l’agronomie… mais aussi pour intégrer de nouveaux outils : robotiques ou numériques « pour des outils et un appui technique encore plus précis ». C’est la partie du Vitilab, un laboratoire d’idées et d’essais, pour start-up et vignerons. « On va lancer de nouveaux prototypes, on va faire des essais sur des exosquelettes, sur de nouveaux logiciels… il reste tellement de choses à découvrir pour avancer technologiquement et aider la viticulture », pour accompagner un changement des pratiques en lien avec les savoir-faire traditionnels.

40 recettes de viandes à façon 

Fablab avant l’heure, l’Institut du Charolais –installé dans les locaux de la Maison du Charolais à Charolles– existe depuis maintenant 25 ans et « regroupe l’ensemble de la filière », tient à préciser d’emblée son directeur, Frédéric Paperin. De l’éleveur jusqu’au boucher, l’Institut travaille sur la communication autour des viandes et sur la valorisation des produits. « La dernière innovation en matière de viandes date de 60 ans, avec la viande hachée ». 60 % des volumes sont ainsi consommés. La plateforme d’innovation de l’Institut a toute une partie mise au point de nouveaux produits à base de viande avec « un leitmotiv pour créer de la valeur ajoutée à partir des quartiers de viande justement destiné aux steaks hachés », et pas forcément facile à valoriser par un éleveur. L’Institut s’ouvre maintenant à l’ensemble des produits du terroir comme pour les légumes, avec de nouvelles recettes de soupes, des carpaccios de légumes, des tartinades, du ketchup goût foin… « L’innovation ne vaut que si on la vulgarise et qu’on la rend accessible à un maximum de personne », a coutume de dire Frédéric Paperin qui s’emploie à joindre la parole aux actes et encore plus depuis 2016 avec son atelier qui « travaille à façon », côté transformation avec une quarantaine de recette de produits, pour un éleveur voulant augmenter sa gamme de produits disponible à la ferme. 110 agriculteurs font appel à ce service.

Adopte un bœuf.com

Éleveur, David Pierre est le nouveau président de la Société d’agriculture de Charolles qui organise notamment le Festival du Bœuf. Mais avant cela, la Société organise un concours de reproducteurs charolais en novembre. « Des ventes d’animaux qui permettent à la génétique d’évoluer » au sein d’une ferme d’élevage qui en fait l’acquisition. Autant dire qu’avec les progrès génétiques (séquençage, génomique, nutrigénomique…), il est désormais possible de faire évoluer son cheptel dans le sens que l’on souhaite, pas uniquement tourner sur le gain de kg par jour. Si cette évolution est notable côté exploitation, côté ventes aussi, la Société innove « en allant chercher de nouveaux acheteurs ». Car tel le pinot ou le chardonnay, cépages roi en Bourgogne, le bovin charolais a conquis le monde mais s’exprime le mieux dans ses beaux prés et bocages. Avec le Covid-19 en 2020, le concours n’a pu se faire comme d’habitude. « On était prêt donc on a organisé une exposition vente en plein-air et puis derrière avec une présentation d’animaux en ligne, même si rien ne remplacera la main de l’éleveur ». L’innovation est aussi à chercher côté commercialisation et ventes. Lors du Festival du Bœuf, avec la Fédération des Bouchers de Saône-et-Loire, est organisé un concours de vitrines exposant les morceaux de viandes et préparations bouchères. Les meilleures présentations sont récompensées pour avoir mis en avant aussi les Labels et AOP de qualité.

Moins de gâchis, plus de ventes !

Bien que très présents partout dans le département, il y a encore un demi-siècle, les maraîchers et arboriculteurs ont fortement été concurrencés. La tendance s’inverse actuellement avec nettement plus d’installations. La société Janny MT met justement à leur disposition une innovation d’emballage en bac sous atmosphère contrôlée (taux oxygène réduit de façon naturelle avec une membrane) permettant de mieux conserver les fruits et légumes, plus longtemps surtout, permettant aux producteurs d’étaler les ventes de leurs produits périssables. « En ayant plus de temps pour vendre, le producteur peut mieux choisir son segment de marché, mieux valoriser en frais, ou même éviter certaines transformations », en compotes ou jus notamment, insiste Benoit Janny, le dirigeant de la société. Le client s’y retrouve aussi : avec plus de produits locaux disponibles, et ce, plus longtemps, même en fin de campagne « pour avoir plus de variétés de pomme en mars » toujours de façon naturelle. À l’image aussi de fleurs fraîches, des pivoines cueillies en mai-juin et toujours aussi belles pour un mariage en fin d’été. Moins de gâchis donc mieux pour la planète et la société. C’est aussi ça l’innovation !

Exo.expert : L’agriculture de précision sur simple smartphone

Exo.expert : L’agriculture de précision sur simple smartphone

Agronome, Alan Usseglio Viretta, futur président de la société exo.expert, car jusque là “incubée” par Groupama Rhône-Alpes Auvergne, a démontré comment en partant d’une problématique pour une expertise assurance, il a fait évoluer –avec ses trois collègues ingénieurs informaticiens– la solution exo.expert pour en faire un outil au service d’une agriculture de précision. « La modulation d’azote ou la cartographie de pointe de ses champs ne sont pas accessibles à tous les agriculteurs ». Ils ont alors développé un outil « rapide et efficace ». Un drone équipé d’une caméra spécifique survole un champ de blé ou colza. Un logiciel analyse la carte « et la biomasse » qui peuvent alors être chargées sur le smartphone de l’agriculteur. Ainsi, installé dans son tracteur, avec le smartphone géolocalisé par GPS, l’agriculteur peut voir sur la carte quand apporter de l’engrais lorsqu’il en faut. Il améliore ainsi ses rendements sans mettre de l’engrais là où il n’y en a pas besoin pour la plante. « La bonne dose au bon endroit, en faisant voler le drone, le jour où l’agriculteur veut fertiliser donc c’est la réponse pertinente », se réjouit Alan Usseglio et sans avoir à investir dans des technologies plus coûteuses dans un premier temps. Les économies réalisées le permettront peut-être ensuite. « On a aussi des outils pour raisonner intelligemment la fertilisation dans le temps, selon la parcelle, la forme d’engrais apporté… », conclut confiant dans son produit, le fondateur d’exo.expert. Pas étonnant que Groupama les accompagne à se développer.